NATATIONComment ne pas perdre un titre pour 8 centièmes?

Comment ne pas perdre un titre pour 8 centièmes?

NATATIONDimanche, à Rome, le relais français ne compte pas vivre la même désillusion qu'à Pékin...
Romain Scotto

Romain Scotto

De notre envoyé spécial à Rome,


Les membres du relais français se satisfont peut-être aujourd'hui de leur statut de vice-champions olympiques. Pour une médaille d'argent à Pékin, «on aurait signé tout de suite», entend-on dans la bouche de Fred Bousquet ou Fabien Gilot. Pourtant, ni l'un ni l'autre n'ont réellement digéré la perte d'un titre qui leur semblait promis. La folle remontée du dernier relayeur américain, Jason Lezak, dans le sillage d'Alain Bernard, avait laissé les Bleus à 8 centièmes de la médaille d'or. Autant dire moins de deux phalanges. Un an plus tard, ils débarquent à Rome avec une seule intention: prouver qu'ils ont retenu la leçon.


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Une approche stratégique révisée: Quels nageurs et dans quel ordre? Voilà l'équation à deux inconnues proposée à Denis Auguin, le nouveau responsable du relais. L'année passée, les Bleus avaient exprimé leur mécontentement après la finale perdue. Cette fois, plus question de les contrarier. L'entraîneur d'Alain Bernard est un adepte de la collégialité. Il se présente comme un «coordinateur» et ne veut surtout pas prononcer le mot «revanche» face aux Américains. Avant les séries de dimanche, les Bleus se sont testés à deux reprises en compétition (à l'Open de Paris, puis aux Jeux Méditerranéens) dans deux configurations différentes. Le stage de Castres leur a permis de peaufiner les prises de relais. Mais jusqu'à présent, la composition finale reste un secret bien gardé. Une condition nécessaire pour protéger les nageurs et ne pas donner d'indications aux adversaires.


Un nouvel invité: Excepté Boris Steimetz, le groupe pékinois (quatre titulaires et deux remplaçants) est le même qu'aux derniers JO. William Meynard, un nageur «génération Jaked», l'a remplacé après son éclosion aux championnats de France. L'élève de Romain Barnier avait pris la 3e place sur 100m et pourrait prétendre à une place dans les quatre. D'après Bousquet, il n'est pas du tout intimidé. «Je suis sûr qu'il sera à la hauteur, même s'il découvre la compétition de haut niveau.» Si une place de titulaire semble promise au trio Bernard - Bousquet - Leveaux, la dernière place pourrait se jouer entre lui et Gilot. Grégory Mallet ayant un peu plus de mal à confirmer ses bons résultats de l'année passée.


Un statut de favori à assumer: Au bilan mondial, le relais bleu occupe la première place depuis son chrono de Pescara. Mais plus que cette sortie de référence, ce sont leurs performances individuelles qui les placent dans un rôle de favori. La densité du sprint français effraye le monde entier. Cinq des sélectionnés sont classés parmi les huit meilleurs nageurs en 2009. Tous leur temps ayant été réalisés lors de la finale de Montpellier, marquée par le record non homologué de Bernard. «On est tous aussi motivés, frémit l'Antibois. Cette équipe est performante par la réalisation du travail de chacun. On doit avoir notre part d'égoïsme pour la réussite. C'est assez paradoxal. C'est comme ça qu'on y arrivera.»


Des adversaires diminués: Tous les Etats-Unis pleurent leur héros des Jeux. Jason Lezak n'a aucune chance de sauver son pays une deuxième fois puisqu'il n'est pas là. L'Américain a préféré s'aligner aux Maccabiah Games. Une compétition réunissant exclusivement les athlètes juifs. Ils pourront néanmoins compter sur le reste des troupes, à commencer par un Michael Phelps requinqué. Sans Eamon Sullivan, l'Australie, 3e à Pékin, semble aussi légèrement diminuée. Les Français garderont un oeil attentif sur les Russes, emmenés par l'une des révélations de la saison, Andreï Grechin, mais aussi l'Italie de Filippo Magnini, normalement encouragée par 13.000 tifosi.