Garmin: les anti-Armstrong à l'assaut des Astana
TOUR DE FRANCE•Avec deux coureurs dans le top 10, l'équipe de Jonathan Vaughters veut titiller celle du Texan...De notre envoyé spécial à Limoges, Mathieu Goar
«Ah non, vous n’allez pas me demander ce que je pense d’Armstrong!…» Au repos dans un hôtel modeste de la banlieue de Limoges, Bradley Wiggins en a marre que le peloton radote. Il faut dire que dans son équipe, certains ont déjà beaucoup donné. Pas moins de deux de ses coéquipiers (le leader Christian Vande Velde et le rouleur David Zabriskie), son manager (Jonathan Vaughters) et l’un de ses directeurs sportifs (Matthew White) ont appartenu à des équipes formées autour de Lance Armstrong.
Pas vraiment un désavantage pour une équipe comme la Garmin qui a placé deux de ses coureurs dans les huit premiers (Wiggins, 5e, à 46 sec. et Vende Velde à 1’24) et qui se doit de tenter de bousculer la suprématie des Astana. «Je ne vais pas vous mentir. Bien sûr que c’est un plus, lance Matthew White, le directeur sportif de l’équipe, qui a couru avec Armstrong au sein de l’US Postal entre 2001 et 2003. Mais le problème avec Armstrong, c’est que tout le monde le connaît. Vous pensez que Bjarne Riis (le directeur sportif de la Saxo bank) ne sait pas comment court Lance…»
Une équipe née après la déglaciation
Pas faux. Intimidation au sein du peloton, écrémage au pied des cols, prise du pouvoir à mi-hauteur… De 1999 à 2005, la philosophie de course d’Armstrong a marqué au fer rouge tous les acteurs du Tour. Née il y a deux ans, au moment de la déglaciation post-lance, la Garmin a tourné le dos à ces méthodes. A sa tête Jonathan Vaughters, un ancien de l’US Postal qui a quitté la formation américaine au bout d’une saison (1998-1999). Victime d’une piqure d'’insecte en 2000 alors qu’il dispute le Tour pour l’équipe du Crédit Agricole, Vaughters refuse une injection de cortisone, un produit interdit par les instances anti-dopage, et abandonne le Tour. Dans son dernier livre «Le Sale Tour», Pierre Ballester raconte comment une «célébrité du peloton» rigole et lance au coureur américain: «Chez nous, on te l’aurait fait la piqure!». La rumeur a évoqué le nom d’Armstrong. Vaughters n'’a jamais confirmé. Il ne parle presque plus jamais du coureur texan mais ouvre grand les portes de son équipe avec un credo: la lutte anti-dopage.
Wiggins trop heureux d'être là
Ironie de l'histoire, pour son deuxième Tour et grâce à un très bon contre-la-montre par équipes, l'équipe de Vaughters se retrouve avec deux coureurs en position de titiller la suprématie des Astana. «Ce sera comme avec l’US Postal. Il faudra que ce soit le chaos pour les déstabiliser. Et nous allons tout tenter pour que ce soit le cas dès le week-end prochain», avance Matthew White. Nous avons la chance d’avoir deux cartes très différentes entre les mains. On aurait tort de ne pas les jouer.»
Wiggins le rouleur et Vande Velde, le leader, pourraient-ils faire dérailler le train Astana? «Attendez, moi je ne vais pas démarrer sur Contador et Armstrong!», refroidit Bradley Wiggins. Le grand échalas britannique, médaille d’or sur piste en 2008, est déjà heureux de s’être accroché au groupe des favoris pendant la première semaine. Reste l’'énigme Vande Velde. «A cause de sa chute dans Giro, nous ne savions pas trop comment sera Christian. Je le trouve très bien et je pense qu’il monte en puissance au fil des jours», explique Lionel Marie. Vande Velde, totalement invisible sur le Tour 2008, avait terminé, à la régularité, cinquième (4e après le déclassement de Kohl). A part avoir porté une fois le maillot rose du Tour d'Italie, on ne lui connaît quasiment aucun fait d'arme. Pas de quoi faire frémir les Astana...