Sur les routes des rois du chrono
CYCLISME•Comment l'équipe Garmin se prépare à prendre le maillot jaune dès le début du Tour...Romain Scotto, à Gérone
«Ici, c'est le rêve pour s'entraîner. On a tous les types de parcours, un temps magnifique et on est tranquille. Sauf depuis quelques semaines! le Tour approche.» Jonathan Vaughters, le directeur sportif américain de l'équipe Garmin a toujours fonctionné suivant un principe de base: la transparence. «Chez nous, tout est open.» Même les portes du camp de base de Gérone, dans la touffeur du nord-est de la Catalogne. Quelques coups de pédale dans une zone commerciale et voilà les coureurs dans la campagne, prêts pour la «sortie des derniers réglages», annonce Shannon Sovndal, le physiologiste.
Avec Millar, Zabriskie, Wiggins ou Hesjedal dans ses rangs, Garmin nourrit forcément quelques attentes lors des chronos. A commencer par le prologue de Monaco et le contre-la-montre par équipe de Montpellier. «Si tout se passe bien, on pourrait avoir le maillot (jaune) dès la première semaine, annonce David Millar. Ce serait super d'arriver avec ici, à Gérone (la 6e étape rallie Gérone à Barcelone).» En attendant, c'est David Zabriskie qui teste les vélos de chrono, révisés juste après le passage d'un commissaire de l'UCI. «Guidons pas aux normes.»
Test de boissons
Couché sur sa machine fuselée, les deux mains l'une sur l'autre pour une pénétration dans l'air idéale, le rouleur américain enchaîne les efforts solitaires. Un faux plat descendant en guise de rampe de lancement et le cuissard à damiers enclenche son plus gros braquet. Il avale alors les portions de route ensoleillées sans broncher à plus de 55km/h. Vent dans le dos, on n'est pas dupe. Derrière lui, Ryder Hesjedal se plie au même exercice, un peu plus poussif.
Pas le temps de poser son regard sur les champs de blé ou les vergers, sauf lors d'un arrêt forcé. Tout près du village de Caldes de Malavella, les deux commis se plient à un test d'urine. Depuis le début de la séance, ils s'abreuvent d'un carburant spécial, une eau renforcée en sels. Il faut donc en vérifier les bienfaits, le Tour de France se joue aussi dans les bidons.
«Ce sont des geeks»
«On doit tout prévoir, note Vaughters. Pour l'épreuve par équipe, on a fait passer tout le monde en soufflerie. C'est comme cela qu'on détermine le bon placement, la meilleure position.» Mais le travail préparatoire va plus loin. Pendant les reconnaissances des étapes, «on enregistre aussi toutes les informations biologiques des coureurs pour savoir exactement où ils en sont pendant la course», enchaîne le physiologiste. Les quatre Américains de l'équipe sont les plus mordus de stats. «Ce sont de vrais geeks.» Ou simplement des coureurs mettant toutes les chances de leur côté pour porter le maillot jaune.