FOOTBALLManchester United peut-il enrayer son déclin durable ?

Manchester United peut-il enrayer son déclin, entre panic buy et changement de propriétaire ?

FOOTBALLLe club mancunien, lanterne rouge de Premier League avant de recevoir Liverpool lundi soir, traverse sa plus grosse crise depuis la fin de l’ère Ferguson
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • Manchester United, lanterne rouge de Premier League, fait feu de tout bois au mercato pour tenter de palier des faiblesses structurelles.
  • Les supporters sont vent debout contre la direction avant la réception de Liverpool lundi à Old Trafford, où un mouvement de protestation est prévu.
  • Le propriétaire de Nice Jim Ratcliffe s'est déclaré candidat au rachat auprès des Glazer, qui pourraient jeter l'éponge dans les semaines à venir.

Ca passe mieux en anglais alors allons-y comme ça : « a fucking miracle ». Lancé comme la Red Bull de Verstappen pour faire exploser le hall of fame des pires panic buys de l’histoire du foot, Manchester United s’en sort bien avec Casemiro, poumon du légendaire milieu madrilène aux quatre Ligue des champions. Merci Véronique pour les travaux - Rabiot réclamait un salaire indécent pour lâcher sa dernière année de contrat à la Juve – et merci le reste de l’Europe pour les vents successifs aux dirigeants mancuniens, qui cherchent par tous les moyens à claquer un pognon obscène avant le 31 août. Prudence tout de même : il reste dix jours et largement le temps de faire une connerie à base de 60 millions sur Icardi, pas de triomphalisme prématuré.

Casemiro, un panic buy presque inespéré

Concernant ce bon Casemiro, dont on se demande bien pourquoi il est allé se fourrer dans ce guêpier, ça fera 80 millions avec les notes de frais. Paraît-il que Manchester le voulait absolument pour le choc de lundi soir contre Liverpool à Old Trafford, qu’il regardera au mieux depuis la tribune. Le fol espoir initial ? Que le Brésilien transmette en deux jours une science de la gagne qui doit se sentir dès l’eau de cologne, à ce niveau de palmarès. Mal barré quand même vu l’état psychologique d’un groupe en pleine dépression nerveuse : deux défaites humiliantes pour commencer la saison, saison qui succède elle-même à une suite de promesses non tenues. Aucun titre depuis 2017, et même la qualif en C1 qui finit par se faire la malle, à force de médiocrité.

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« Le club ne s’est jamais aussi mal porté depuis la retraite d’Alex Ferguson, reconnaît Wayne Barton, écrivain spécialisé sur MU et auteur d’un podcast très écouté par les fans, « Talking Devils ». Il y a un sentiment répandu que l’équipe a besoin d’être renouvelée presque à 100 % en raison de l’âge des joueurs ou de leur manque de qualité avant de pouvoir prétendre à gagner le championnat. Même leurs joueurs ont l’air au fond du trou. La tension est très vive parmi les supporters et ça peut vite devenir critique ».

Notre homme ne fait pourtant pas partie des bolcheviques du moment : ceux, qui encouragés par le hashtag #EmptyOldTrafford sur les réseaux sociaux, ont prévu de venir houspiller une fois de plus les Glazer, proprios honnis du club le plus titré d’Angleterre depuis 2005, accusés en gros de renflouer leur fortune personnelle sur le dos du club. A la tête du soulèvement en coulisse, The 1958, un groupe de supporters qui entend se battre « jusqu’à ce qu’on nous rende notre club. Nous avons déjà connu des moments difficiles depuis dix ans, mais là on touche le fond. Comme on dit, un poisson pourrit toujours par la tête. Le premier responsable du terrible état de Manchester est à chercher du côté de la famille Glazer ».

Un mouvement de protestation important face à Liverpool ?

Rendez-vous a été donné devant la statue de la « holy trinity » réunissant George Best, Dennis Law et Bobby Charlton, et advienne que pourra. Le mouvement peut-il paralyser la rencontre comme au printemps 2021, quand tout le peuple mancunien s’était réuni devant un Old Trafford alors fermé aux supporters, pour dire sa façon de penser à la tentative honteuse des dirigeants de joindre l’éphémère Superligue ? Une poussée de fièvre qui avait eu son utilité. Les hommes, enfin certains, ont changé, parfois en bien.

Le détesté Ed Woodward a été remplacé par un duo non dénué de bonne volonté, selon Wayne Barton : « Il est trop tôt pour juger le travail de John Murtough et Richard Arnold. Ils viennent d’arriver, et mettre la bonne structure en place peut prendre du temps. De ce que je sais, Arnold en particulier semble attaché à ce que la tradition et l’identité du club perdurent, ce qui est un premier pas pour restaurer sa place dans le foot anglais ».

Sur le banc, Ten Hag, un choix pertinent sur le papier après cinq années à permettre à l’Ajax de renouer en partie avec sa grandeur passée. Aura-t-il seulement le temps de faire croire qu’il peut réussir la même à Manchester ? L’entraîneur néerlandais n’a pas desserré la mâchoire avant le crash test contre les Reds, trop occupé à survivre aux crocodiles : « Je ne suis pas ici depuis assez longtemps pour juger du contexte. La seule chose que je peux dire, c’est que la famille Glazer veut gagner. Nous avons besoin que les fans soient derrière l’équipe, on doit se battre ensemble ». Pour l’instant, Ten Hag semble surtout gagné par l’épidémie locale qui transforme chaque nouveau manager de MU en enfant perdu.

« Ce club est devenu un cimetière de joueurs »

Les anciens joueurs, reconvertis en consultants-snipers, en viennent à regretter le bon temps de José Mourinho, dont une déclaration datant de 2019 tourne pas mal ces jours-ci : « Si je vous disais par exemple que ce que je considère comme une des grandes réussites de ma carrière, c’est d’avoir terminé second de la Premier League avec Manchester, vous répondriez " Ce gars est fou ". Mais c’est le cas ». « Cette déclaration a malheureusement très bien vieilli, a réagi Rio Ferdinand. Je pense que je m’excuserais en partie de ce que j’ai pu dire sur son management à l’époque. Il se passe des choses terribles que nous ignorons dans les coulisses, et visiblement, José Mourinho, lui, savait ».

Il n’y a pas que les coachs qui se perdent dans le bazar mancunien. Les joueurs aussi, arrachant ce commentaire sadique +++ à Gary Neville : « Ce club est devenu un cimetière de joueurs. Le club a dépensé 1,25 milliard depuis dix ans, et il y a peut-être deux joueurs qui ont répondu aux attentes : Bruno Fernandes, même s’il a un peu perdu le fil, et Zlatan Ibrahimovic. J’ai été enthousiasmé par beaucoup d’achats, même l’an passé avec Sancho, Ronaldo, Varane, mais Manchester est devenu un spectacle d’horreur du point de vue du recrutement ». C’est un peu sévère concernant CR7, mais le Portugais montre un peu trop qu’il veut s’échapper par tous les moyens d’Alcatraz pour passer entre les gouttes.

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La lumière au bout du tunnel avec Ratcliffe ?

Le club vit bien, donc, et dans cette ambiance délétère, tout est bon à prendre, comme la rumeur d’une vente prochaine des Glazer. La presse anglaise de référence bruisse d’infos sur le dossier, et dans le Times, c’est le patron d’Ineos, Sir Jim Ratcliffe, qui s’est déclaré candidat à un rachat, même partiel. Un bonhomme a priori plus sérieux qu’Elon Musk, que certains supporters les plus désespérés étaient pourtant prêts à suivre sur Mars, tant qu’on y envoyait leur capitaine Maguire d’abord.

« Tout le monde est excité par cette perspective, confirme Wayne Barton. Beaucoup de suiveurs de MU pensent qu’il serait un propriétaire responsable qui comprend les valeurs de ce club. Je pense que personne n’a envie d’être confronté aux dilemmes moraux qu’ont dû affronter les fans de City ou de Newcastle quand ils ont été rachetés, juste pour avoir un peu plus d’argent à dépenser pour les transferts ». D’autant que c’est moins un problème d’argent, que la manière dont il est gaspillé. Combien pour Amine Gouiri le 31 août, à ce propos ? Ratcliffe, Nice, on dit ça comme ça.