Les Flash de La Courneuve: bien plus qu'un club
REPORTAGE•La plus grande équipe de football américain de l'hexagone est devenue la fierté de la ville…M. Go.
«Let’s Go. Maintenant!!!». Faussement détendu dans son pantalon large, le cahier de jeu à la main, l’entraîneur allemand des Flash, Patrick Esume, donne de la voix pour lancer les combinaisons à ses gars: «New York New York Bleu Bleu 7». Les lignes s’activent. Fauché par les linebacker, le running back s’écroule après une course de 30 mètres. Un à un, pendant les 3 heures de l’entraînement, les retardataires qui rentrent du boulot pénètrent au pas de course sur la pelouse du stade Géo André. Chez les Flash, pas de pros, mais beaucoup de trophées. L’équipe de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), 7 fois championne de France, va tenter samedi à 18 heures de remporter un 5eme titre d’affilée face aux Black Panthers de Thonon-les-Bains. Un apéritif avant la finale de l’Eurobowl, la Champion’s league des clubs de foot américain, à Innsbruck le 11 juillet.
1.500 licenciés pour 40.000 habitants
Sur les côtés de la pelouse, les cadets du club se régalent des one to one. «Je croyais qu’il n’y avait pas droit aux casques à visières», lance Aldiouma. «En fait, il faut juste qu’elles soient transparentes pour qu’on puisse voir les yeux», explique Bryan. Malgré le peu d’exposition médiatique de leur sport, les Flashs ne sont pas une obscure équipe anonyme. A chaque match, des centaines de supporters viennent les encourager.
Créé en 1984, le club de foot américain est devenu la principale institution sportive de cette ville de la proche banlieue parisienne. Un motif de fierté. Dans cette ville de 38 000 habitants, les Flash ont réussi à licencier 1.500 personnes dont 1.000 dans les écoles des environs. «Au fil des années, les Flash sont devenus une référence partout en France. Certains clubs qui se montent nous demandent des conseils», explique François Leroy, l’un des fondateurs, aujourd’hui à la tête de la Fédération française de football américain qui compte environ 16.000 licenciés. «Ils sont venus me chercher dans mon quartier à un âge où j’aurais pu partir en vrille. Ici tu t’ouvres à des cultures différentes. On s’invite aux mariages, aux baptêmes…», explique Abdellah Lafdil, ancien joueur devenu supporter numéro 1.
Conquérir le continent
Véritable ambassadrice du club, l’équipe élite est la terreur du Casque de diamant, la finale du championnat de France qui se dispute à 10 clubs. Cette saison, elle n’a perdu qu’une fois. A chaque déplacement, les 70 membres de la délégation, de Philippe Gardent, ancien semi-pro de la NFL Europe venu jouer avec des vieux copains, à tous les jeunes de La Courneuve, tout le monde prend le car. Aucun salaire. Aucune prime. Chacun paye sa licence. Un esprit de corps qui permet de dépasser le syndrome Olympique lyonnais qui veut que partout en France, le champion soit l’équipe à abattre. «C’est sûr qu’on n’est pas aimés, en France. Tous les autres clubs veulent nous taper. Mais ne t’inquiète pas, quand on va jouer la finale de l’Eurobowl, ils vont tous être derrière nous», prédit Patrice Byogo, defensive end, qui ne peut pas s’empêcher de penser aux deux finales de l’Eurobowl qui leur ont déjà échappé. Avant ce possible sacre européen, il faudra d’abord gagner samedi. Vers 22h30, dans la nuit, le responsable des lignes défensives Charles Morgan Jones Junior, motive ses gaillards en anglais, avant de prévenir: «Je vous envoie toutes les combinaisons que l’on va jouer par mail. Retenez-les.» Définitivement plus que des amateurs.