Losc : Paulo Fonseca, le nouveau Zorro de la Ligue 1
FOOTBALL•A 49 ans, l’entraîneur portugais Paulo Fonseca vient de s’engager avec le club nordiste. Il prend la suite de Jocelyn Gourvennec, démis de ses fonctions après un an sur le banc lilloisFrançois Launay
L'essentiel
- Paulo Fonseca s’est engagé mercredi pour deux saisons avec le Losc.
- Passé par Porto, Donetsk ou encore l’AS Roma, l’entraîneur portugais va vivre sa première expérience en Ligue 1.
Zorro est arrivé, sans se presser. Après plusieurs jours d’attente, Paulo Fonseca s’est engagé mercredi pour deux saisons en tant qu' entraîneur du Losc. Jusqu’ici, le successeur de Jocelyn Gourvennec a surtout marqué les esprits en arrivant déguisé en Zorro un soir de victoire du Shakhtar Donetsk en Ligue des champions contre Manchester City (2-1 en 2017). Mais résumer le technicien portugais de 49 ans en un simple vengeur masqué serait très réducteur.
« Il peut être capable de dingueries mais c’est quelqu’un à la fois d’intéressant dans son profil humain et dans son profil de technicien. C’est un mec qui aime bien le beau jeu et qui dégage vraiment quelque chose en tant qu’homme à l’image de ce qu’il vient de vivre en Ukraine où il a été très engagé pour venir en aide aux familles là-bas », raconte Nicolas Vilas, journaliste sur RMC Sport et spécialiste du foot portugais.
Réfugié à Lisbonne depuis l’invasion de l’Ukraine
Car Paulo Fonseca a vécu de très près le conflit entre l’Ukraine et la Russie. L’ancien coach du Shakhtar, marié à une Ukrainienne, vivait à Kiev quand l’invasion russe a débuté fin février. Grâce à l’aide de l’ambassade portugaise, il a réussi à fuir le pays après un long périple qu’il avait raconté à Sky Sports.
« Le voyage a duré trente heures. J’ai vu plusieurs fois les troupes ukrainiennes passer sur la route, nous nous sommes arrêtés et avons entendu les alarmes, plusieurs fois. J’ai entendu les avions de chasse passer, mais je n’ai pas vu de tirs ni de combats », racontait à l’époque le nouvel entraîneur du Losc.
Connu depuis ses exploits avec Paços de Ferreira
Réfugié à Lisbonne depuis quatre mois, Fonseca s’apprête donc à reprendre le fil de sa carrière. A Lille, il va entraîner son premier club français après avoir eu des touches avec Monaco et Lyon ces dernières années. Moins connu que Mourinho, Villas-Boas, ou encore Conceiçao, le technicien de 49 ans est pourtant loin d’être un anonyme au Portugal. L’ancien joueur pro à la carrière modeste est entré dans la lumière il y a dix ans aux commandes du modeste club portugais de Paços de Ferreira.
« Il a réussi un truc de fou en qualifiant ce petit club pour le tour préliminaire de la Ligue des champions après une 3e place en championnat. C’était un miracle avec l’effectif qu’il avait. C’est comme ça qu’il est devenu le nouvel entraîneur à la mode comme ça arrive souvent au Portugal », se souvient Marco Martins, journaliste portugais installé en France.
En échec au FC Porto
La hype est telle que Porto, l’un des trois clubs phares du pays, l’embauche la saison suivante. Las, l’idylle ne prend pas et Fonseca ne reste qu’une saison sur les bords du Douro après une décevante 3e place en championnat. « Il a eu du mal à gérer un autre niveau de joueurs. A Porto, les mecs se prennent pour des stars car c’est l’un des plus grands clubs du Portugal », poursuit Martins.
C’est finalement à Braga, avec qui il gagne la coupe du Portugal, que le coach se relance avant de filer au Shakthar avec qui il va remporter le titre trois saisons d’affilée (2016-2019) avec un jeu attrayant juste avant de filer à l’AS Roma.
Adepte du jeu de possession
Fan revendiqué de Guardiola, adepte du jeu de possession, Fonseca manie les schémas de jeu (4-3-3, 4-2-3-1, 3-4-3) en fonction de ce qu’il a sa disposition. « Ce n’est pas un endoctriné, quelqu’un qui a un schéma de jeu auquel il tient. Il fait vraiment avec ce qu’il a. C’est un entraîneur réaliste. Il sait travailler avec les jeunes. Il a vraiment une capacité d’adaptation intéressante à ce niveau-là », estime Nicolas Vilas.
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Pas adepte des coups de sang et pas non plus du genre à taper sur l’arbitrage, Fonseca a surtout une image de type cultivé qui adore parler foot. « Il a un tempérament calme et n’a pas cette culture du conflit. Il est plus dans l’analyse, dans la construction du dialogue. Il ressemble beaucoup à Leonardo Jardim », compare Marco Martins. Reste à voir si son profil collera au Losc. Sans club depuis une expérience mitigée sur le banc de l’AS Roma (2019-2021), Fonseca vient relancer sa carrière dans un club en reconstruction. Un gros pari pour le nouveau Zorro du championnat de France.