RUGBY« Les mots de M. Macron m’ont donné énormément de force », assure Guirado

Castres-Montpellier : « Les mots de M. Macron m’ont donné énormément de force », assure Guilhem Guirado, jeune retraité

RUGBYL’ancien capitaine du XV de France a terminé sa belle carrière en apothéose ce samedi, lors de la victoire de Montpellier sur Castres en finale du Top 14 (29-10)
Nicolas Stival

Propos recueillis par Nicolas Stival

L'essentiel

  • Guilhem Guirado a terminé sa carrière sur un deuxième titre de champion de France, à l’issue de la victoire de Montpellier sur Castres, samedi à Saint-Denis (29-10).
  • Le match du talonneur de 36 ans s’est terminé dès la 27e minute sur un protocole commotion, même s’il a tout tenté pour revenir sur le terrain.
  • Au moment de faire le bilan de 16 ans de carrière professionnelle, Guilhem Guirado en profite pour saluer les mots du président de la République lors de la présentation des équipes. Emmanuel Macron a notamment « remercié tout particulièrement » l’ancien capitaine du XV de France pour les « combats » menés lors des « années difficiles » des Bleus.

Au Stade de France,

Il est largement plus de minuit, dans les entrailles de l'enceinte dyonisienne. Bien après la fin de cette finale de Top 14 remportée par Montpellier (29-10), vainqueurs héraultais et vaincus castrais débarquent, souvent une bière à la main, en zone mixte. Guilhem Guirado, lui, se trimballe carrément avec un magnum de champagne. Un luxe mérité. A 36 ans, le talonneur héraultais a terminé sa carrière en apothéose, avec un deuxième titre de champion de France après celui glané avec le club de sa Catalogne natale, Perpignan, en 2009. Le premier de l’histoire du MHR, aussi.

Même sa sortie précoce sur protocole commotion dès la 27e minute, après un plaquage dangereux du capitaine du CO Mathieu Babillot, ne ternit pas son bonheur. L’ancien capitaine du XV de France époque déprime (2016-2019) affiche cette fois la mine d’un homme réjoui. Et il en profite pour tordre le cou à une légende urbaine : non, il n’a jamais parlé de « défaite encourageante » lorsqu’il devait commenter une énième déculottée des Bleus.

Déjà, comment allez-vous après cette sortie sur protocole commotion ?

Très, très bien. Malheureusement, d’après le médecin, je n’ai pas répondu au test favorablement. Lors d’un protocole commotion, vous avez 10 mots à retenir et à répéter. Je n’ai réussi à en retenir que six. Vous vous doutez bien qu’avec l’enjeu du match, la pression, je n’étais pas très concentré sur ça. Les images ont montré que sur la percussion, mon bras part et divague. Aucun risque n’a été pris. En fait, je me suis surtout plaint de la gorge, même si je pense que ce n’était pas volontaire.

Le plus important, ce sont ces 10 ou 15 minutes de folie alors que certains soi-disant spécialistes disaient qu’on ne savait pas jouer au rugby, que la finale ne serait pas alléchante. On a marqué trois essais en 10 minutes, je ne sais même pas si c’est déjà arrivé en finale de Top 14.

Comme l’ont aussi laissé entendre d’autres Montpelliérains, le leitmotiv avant cette finale était donc « nous contre le monde entier ». C’est vieux comme le monde ce levier de motivation, non ?

Ce n’est pas du tout ça. On était décriés et pas favoris sur les deux matchs (la demie et la finale). Mais je connaissais la force du groupe et savais de quoi on était capables. Je n’ai rien contre la presse, pas du tout. Mais certains n’ont peut-être pas cru en nous car ils ont mal regardé le groupe et les joueurs qui le composent. Ce que j’ai aimé, c’est que les leaders ont pris les choses en main et que le staff a fait du très bon boulot lors des trois semaines que l’on vient de passer. Pour « Fufu » (Fulgence Ouedraogo, hors groupe pour ces phases finales) et moi, qui arrêtons notre carrière, encore plus que pour les autres, c’est assez exceptionnel.

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Finir sur ce titre, avec Philippe Saint-André pour vous diriger, après les difficultés que vous avez pu connaître tous les deux en équipe de France, c’est aussi un beau symbole…

Oui, mais on n’est pas revanchards. On n’est plus en équipe de France, l’histoire est différente. On a connu les années difficiles mais ça nous a servi à nous remettre en question. Quand je suis revenu en novembre pour voir le match des Bleus contre la Nouvelle-Zélande (40-25), j’ai senti que ce serait fabuleux de finir ma carrière ici. Je n’ai pas voulu le dire trop haut et fort car je suis trop prudent, je n’ai pas voulu m’emballer. Aujourd’hui, c’était très fort. Ma famille et mes amis sont venus me soutenir. Mon fils n’avait jamais eu la chance de me voir jouer au Stade de France, à la différence de ma fille. Il gardera un beau souvenir.

En vous retournant, quel regard portez-vous sur votre longue carrière ?

Que je me fais vieux, qu’il faut laisser la place. Non, je suis fier. Le seul regret peut-être, c’est d’avoir perdu deux finales de championnat avec Toulon (en 2016 et 2017), mais cela m’a rendu plus fort pour revenir. Je ne peux pas en vouloir au RCT car il m’a offert la Coupe d’Europe (en 2015). J’ai été surtout très ému et très touché par les mots de M. Macron avant le match. Ils ont été forts et m’ont donné énormément de force. D’autant plus que derrière, il y avait le président de la Fédération et mon ancien entraîneur à Toulon (Bernard Laporte). Cela m’a touché et m’a donné encore plus envie de rentrer dans cette finale. C’est l’apothéose, c’est énorme.

Guilhem Guirado et Fulgence Ouedraogo finissent leur carrière sur un Bouclier de Brennus avec le Montpellier de Mohed Altrad (à gauche).
Guilhem Guirado et Fulgence Ouedraogo finissent leur carrière sur un Bouclier de Brennus avec le Montpellier de Mohed Altrad (à gauche). - Franck Fife / AFP

Le message du président de la République était-il très personnel ?

C’était ciblé. Je ne sais pas ce qu’il a dit aux autres joueurs, mais je l’ai senti sincère. Je l’ai revu à la fin du match et je l’ai remercié (Emmanuel Macron a « remercié tout particulièrement » Guirado pour les « combats » menés lors des « années difficiles » du XV de France).

C’est aussi le premier titre de Mohed Altrad, qui dirige le MHR depuis 2011. Quel président est-il ?

Il est assez discret, on le voit surtout lors des matchs. Il a beaucoup de choses à gérer. Il vit à travers nous quelque chose qu’il a très peu connu en entreprise. Il s’est cassé les dents pas mal d’années et triompher ce soir, c’est quelque chose de fort pour lui et sa famille. On pense aussi à tous les anciens qui ont créé ce club et ont tout donné pour pouvoir le remonter en 2003 dans l’élite. Mais aussi les bénévoles, les dirigeants et les Montpelliérains qui vont nous attendre ce dimanche, je l’espère.

Quel est votre programme maintenant ?

Deux mois de fête ! Je n’ai pas de reprise en août, vous vous doutez bien que ça va être un bel été.

Et après ?

Je me reconvertis dans le monde de l’assurance, avec AXA à Perpignan. C’est l’heure de laisser quelque chose de beau aux jeunes de Montpellier pour qu’ils gardent le club tout en haut.

Allez-vous couper avec le rugby ?

Il vaut mieux. L’entraînement, on verra plus tard. Peut-être diriger des jeunes… Ça fait 20 ans que j’ai la tête dans le rugby, tous les week-ends. Partir en week-end en famille, ça peut être pas mal et ça va surtout être quelque chose de nouveau.