Plus besoin de chercher au bord des bassins les vendeurs de combinaisons miracles. Pas plus que la définition du mot polyuréthane dans le dictionnaire. Depuis l’interdiction par la fédération internationale de la Jaked 01, ou la X-Glide d’Arena, ces outils technologiques 100% polyuréthane, la natation a pris un visage un peu plus humain.

Comme à Barcelone la semaine dernière, les nageurs sont privés des combinaisons non homologuées par la Fina à Canet-en-Roussillon, où se tient depuis mardi la deuxième étape du circuit Mare Nostrum. Et bizarrement les chronos s’en ressentent. Avec ses 48’83 sur 100m, le vainqueur de Barcelone, Cesar Cielo, aurait eu du mal à s’inviter en finale des derniers championnats de France de Montpellier. Déjà une autre époque.

Bousquet avec une Mizuno

Amaury Leveaux et Fred Bousquet, eux, ont quitté l’Espagne la tête sous l’eau, minés par leur chrono. «Le bilan de la course en elle-même n'est pas super et celui du week-end pas vraiment positif», avouait le nageur marseillais, auteur sur 50m de sa moins bonne performance de l’année. L’éphémère recordman du monde sur la distance préférait évoquer «des soucis techniques avec (sa) position dans l'eau», plutôt que la mise au placard de sa Jaked, si précieuse ces dernières semaines.

Bousquet a pourtant profité de l’occasion pour tester une autre artillerie. Une combinaison de l’équipementier japonais Mizuno, avec qui il vient de signer un contrat de quatre ans non exclusif. Même réflexe pour tous les autres nageurs, contraints de se limiter à du matériel composé de 50% de tissu imperméable. Et forcément, de laisser filer quelques dixièmes dans l’eau.

«Construire des courses intelligemment»

«Il faut arrêter de dire qu’on nage aussi vite en pyjama. On sait très bien que ces combinaisons ont permis d’abaisser tous les temps», analyse Fabrice Pellerin, l’entraîneur niçois dont les nageurs se contenteront de la dernière étape du Mare Nostrum, à Monaco. Le coach de Camille Muffat, recordwoman d’Europe du 200m quatre nages en Jaked, gère en fin psychologue cette période de transition. «Peut-être qu’on va moins courir après les chronos, poursuit Pellerin. On va essayer de construire des courses intelligemment. Et se concentrer sur l’opposition avec l’adversaire.» Ce sera peut-être l’occasion de parler de sport.