RUGBY« Nous sommes punis pour notre transition », juge une ex-joueuse transgenre

Rugby à XIII : « Nous sommes punis » d'être ce que nous sommes, juge une ancienne joueuse transgenre

RUGBYLa Fédération internationale de rugby à XIII a interdit aux transgenres de participer aux matchs internationaux féminin, et ça ne passe pas du tout pour Caroline Layt
Q.B. avec AFP

Q.B. avec AFP

«En gros, ce qu’ils disent c’est : "Nous ne voulons pas de vous" » : Caroline Layt, ancienne joueuse transgenre, dénonce avec virulence la décision de la Fédération internationale de rugby à XIII d’interdire aux transgenres de participer à des matchs internationaux, qu’elle voit comme une « punition ».

L’ancienne sportive de 56 ans, aujourd’hui journaliste et militante, craint qu’une telle décision ne conduise à une mise au ban des sportifs transgenres. « Nous sommes punis pour notre transition », a-t-elle estimé dans un entretien à l’AFP.

Layt a joué au rugby en temps qu’homme puis en tant que femme après sa transition, un processus de trois ans impliquant des hormones et finalement une intervention chirurgicale effectuée en 1998, alors qu’elle avait plus de 30 ans.

Elle a ensuite joué à haut-niveau dans des équipes féminines, notamment en représentant la Nouvelle-Galles du Sud, ne révélant son statut de transgenre qu’en 2005. Une décision qui a changé les perceptions à son égard et que certains lui ont fait payer cher.

« Moins que rien »

« Je suis soudain devenue une moins que rien », a-t-elle expliqué. Une discrimination et une hostilité qui sont même allées jusqu’à des violences physiques de la part de coéquipières en 2005, puis l’année suivante sur le terrain par des adversaires. « Certaines se sont depuis excusées auprès de moi, (…) d’autres n’ont pas changé d’avis et d’attitude à mon sujet et ne le feront sans doute jamais. »

Layt a rejeté l’argument selon lequel les transgenres auraient nécessairement un avantage physiologique sur les autres sportives. « Nous ne sommes pas tous de la même taille, du même poids, du même gabarit », a-t-elle argumenté, demandant aux instances sportives de se prononcer au cas par cas.

« Nous sommes des êtres humains, nous avons des sentiments, et nous avons l’impression d’être montrés du doigt », a martelé Layt. Et si des jeunes transgenres venaient lui demander des conseils pour jouer au rugby ? « Je leur dirais de se cacher. Ou d’aller jouer dans un sport qui est inclusif », a-t-elle reconnu.