FOOTBALLUne défaite, des inquiétudes et une piqûre de rappel

France - Danemark : Une défaite, des inquiétudes et une piqûre de rappel

FOOTBALLL'équipe de France a perdu son premier match depuis l'Euro 2021, vendredi contre le Danemark. Une défaite qui arrive au « meilleur » moment malgré des erreurs à corriger au plus vite
W.P.

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Y a-t-il des défaites salutaires ? Alors que beaucoup d’observateurs, nous les premiers, retombaient dans une forme d’excès de confiance, les Bleus ont « raté une marche » – formule de Guy Stéphan – contre le Danemark en ouverture de la Ligue des nations. La défense du titre est mal embarquée mais on se demande si au fond, cet échec n’est pas la baffe qui a fait défaut aux Bleus avant l’Euro 2021. Celle qui vous dit « oui, vous êtes fort, mais au moindre relâchement, vous pouvez même perdre contre les Suisses ou les Danois ». L’avenir le dira. Hugo Lloris n’est pas hyper fan de la théorie.

« Il n’y a jamais de bon moment pour connaître la défaite, a déclaré le capitaine au micro de M6. Il faut que ça nous serve, on va continuer à travailler, le chemin est encore long avant la Coupe du monde », où les Bleus retrouveront justement le Danemark (qu’ils auront d’ici là rejoué à l’automne). On comprend la frustration du capitaine. Aucune défaite n’a bon goût, mais certaines méritent moins d’attention que d’autres. Perdre un match sur deux erreurs défensives et après avoir concédé pléthore d’occasions dangereuses est différent de perdre sur un accident après avoir été méritant. Non pas que la France ait été catastrophique en tous points vendredi, mais elle a souvent failli. Et là où on la trouvait souveraine pas plus tard que deux mois en arrière, la revoilà perfectible.

Allô la défense ?

Suspects numéro 1 de ce sabordage d’un soir, les défenseurs français n’ont pas fait grand-chose pour être exemptés de reproches, à commencer par ce bon vieux Théo Hernandez. A l’exception d’une poignée de montées de balles intéressantes, le Milanais a couvert deux appels de balle danois en profondeur pour autant de buts adverses. Cornelius le remercie. Pas fichu de marquer plus de deux pions en L1 lors de son passage à Bordeaux, l’attaquant s’est bien rattrapé au Stade de France. Mention honorable pour son pétard angle fermé sur un Hugo Lloris dépité. On se refuse à tomber sur le capitaine. Sans ses arrêts dans le dernier quart d’heure, les Bleus prenaient plein tarif.

« « Il y a eu un petit souci d’alignement, de cadrage du porteur du ballon, et les Danois ont montré qu’ils savaient aussi marquer des buts », a commenté Guy Stéphan après la rencontre. »

Champions du monde grâce à une solidité sans pareille, les Français semblent avoir basculé dans un déséquilibre offensif de circonstance. D’après Lloris, il y a eu un peu trop d’enthousiasme dans l’idée d’aller à tout prix chercher le deuxième but, au point d’en oublier les fondamentaux défensifs. « Quand on ne peut pas gagner, dit Lloris, il faut savoir ne pas perdre. À la fin, on était tellement voués à l’attaque qu’il y avait des risques, ils ont su en profiter ».

Soulignons que les deux buts danois ont été marqués quand Raphaël Varane, sorti sur une blessure musculaire, n’était plus sur le terrain. En l’absence du Mancunien, ni Koundé, ni Saliba, ni Lucas Hernandez n’ont semblé en mesure de le remplacer dans son rôle de meneur de la défense. Et ça devient forcément plus dur de cadrer et d’aligner ses compagnons de défense.

Les jambes en compote

Si Benzema et Lloris sont plutôt de la team « on se cherche pas d’excuses, go retourner au travail », Guy Stéphan et Antoine Griezmann cultivent un discours différent. Le Danemark était le premier adversaire d’une série de matchs qui amèneront les Bleus en Autriche et en Croatie, le tout après une saison interminable. L’adjoint de Didier Deschamps :

« « Je ne vais pas chercher d’excuses mais le constat est réel, on a des joueurs qui ont beaucoup joué durant cette saison, évidemment on a manqué de fraicheur physique par moments. On a une équipe qui peut être pétillante par moments, mais elle a besoin de ressort, de fraicheur, pour être capable d’évoluer à son niveau. Le calendrier est ainsi fait, on a quatre matchs en onze jours, il y en a un autre qui va arriver tout de suite derrière [en Croatie lundi]. » »

Quoi de mieux pour illustrer cette fatigue que les blessures de Kylian Mbappé et Raphaël Varane, quasiment coup sur coup. Le premier s’est plaint du genou, l’autre de la cuisse. Pas très rassurant pour la suite de la Ligue des Nations, de même que les mots de Griezmann, à deux doigts de nous dire qu’il avait hâte de pouvoir faire une pré-saison entière avec Simeone à l’Atlético parce que là, il a un cardio de nourrisson asthmatique.

Griezmann toujours indiscutable ?

Cinq duels perdus sur six, une difficulté à exister derrière deux attaquants dans une position de n°10 qu’il n’est pas et donc, plus du tout de volume de jeu pour compenser. Antoine Griezmann a beau nous dire s’être « bien senti au cœur du jeu », il a laissé transparaître tout l’inverse. Au milieu, Kanté aura été plus dangereux que lui et Tchouaméni a plus souvent pris l’initiative, même si ses frappes étaient moins téléguidées qu’à Louis II. Grizou, lui, s’évertue à courir dans le vide et à être partout sauf là où devrait être un milieu de terrain offensif axial.

Résultat, les solutions venaient exclusivement des côtés et, vu que les centres des Bleus s’écrasaient toujours sur une tête rouge, on ne peut pas dire que ça a été une franche réussite. Faut-il alors bouter Grizou hors du 11 et laisser sa chance à un milieu relayeur de métier pour rendre exploitable ce secteur du jeu des Bleus ? Ou bien attendre, comme d’habitude, que Griezmann revienne en forme sans raison, parce qu’il a une nouvelle coupe de cheveux ou une nouvelle célébration ?

Tous semblent s’accorder sur leur envie d’en découdre avec l’Autriche pour laver l’affront. « On saura lundi prochain si c’est un coup d’arrêt ou pas, termine Stéphan. En tout cas, c’est une défaite qu’il faut digérer et qui doit nous amener à encore mieux préparer les trois matchs qui viennent. »