TENNISRobin Soderling: coupeur de têtes et forte tête

Robin Soderling: coupeur de têtes et forte tête

TENNISLe tombeur de Rafael Nadal est loin d'être le joueur le plus apprécié par ses collègues...
A.P.

A.P.

Il paraît que la victoire vous change son homme. En attendant de croiser la mobylette russe Davydenko en quart de finale, Robin Soderling est bien autre homme. On le vend imbuvable, hautain, fâché avec la politesse et en froid avec le monde entier, pourtant c'est un garçon drôle et touchant qui débarque en salle de presse après avoir terrassé Rafael Nadal. A 24 ans, on n'est jamais un cas totalement désespéré.


Sa mauvaise réputation, le Suédois l'assume, même s'il se montre plus coopératif avec les médias qu'à ses débuts. «Si certains ne m'aiment pas, je n'y peux rien. Moi je me concentre sur mon jeu, je suis là pour jouer au tennis et non pour me faire des amis. Je me moque d'être connu», prétendait-il à la veille de réaliser l'impensable. Au lendemain de l'exploit, les rares joueurs présents dans le «players lounge» saluent le tour de force. Le camarade moins. «Soderling? Il est froid. Ce n'est pas le genre à se mélanger aux autres, il vit dans son monde», raconte le Brésilien Marcelo Melo, engagé en double.


«Sa réputation est justifiée»


Pas étonnant alors que les organisateurs rechignent à l'inviter quand son classement lui ferme les portes d'un tournoi (comme c'était le cas l'an dernier après sa blessure au poignet fin 2007). Patron des tournois de Bercy et de Marseille, Jean-François Caujolle garde un souvenir marquant de sa rencontre avec le Suédois: « A Marseille en 2007, je me souviens qu'il m'avait marché sur le pied avant d'entrer sur le court pour sa finale. Il ne s'est jamais excusé».


Même son nouvel entraîneur, Magnus Norman admet les critiques à l'égard de son protégé. «Sa réputation est justifiée. Mais c'est lui qui a été la plus grande victime de son attitude sur le court», déplore dans «L'Equipe» le finaliste de Roland-Garros en 2000. Sur le court, Soderling s'est longtemps traîné une réputation de joueur aussi dangereux que friable mentalement, ce qui explique qu'il n'ait jamais effleuré le Top 10 promis à ses débuts (il était 25e avant le tournoi).


Preuve de sa fragilité, en 2008 le Suédois s'était sabordé sur un court Lenglen acquis à la cause du Français Julien Benneteau. Sorti sous les huées du public, il était loin de s'imaginer qu'un court Chatrier en transe scanderait son prénom un an plus tard. Tout le monde change. Même les foules.