Fabrice Santoro: «Quand je suis arrivé, mon jeu était déjà démodé»
TENNIS•Battu par le Belge Christophe Rochus, le Français a disputé son vingtième et dernier Roland-Garros…Propos recueillis par A.P.
Le Français fait le bilan à l'issue de ce dernier rendez-vous avec le tournoi de la Porte d'Auteuil
Content de cette dernière?
Je voulais qu’il y ait de l’émotion, du suspens. Perdre mardi dans le froid et à la tombée de la nuit, ça m’aurait dérangé. Mais aujourd’hui, ce retour sur le Lenglen était parfait, quasi parfait, j’aurais aimé le pousser dans un cinquième set.
Quel est votre sentiment à l’heure de quitter ce tournoi?
J’ai le sentiment qu’une page se tourne, même s’il reste six mois de compétition. C’est difficile d’oublier un tournoi qu’on a disputé 20 ans de suite et pour lequel on s’est préparé afin de jouer des matchs de quatre heures, six heures trente-trois pour mes années les plus folles (référence au match marathon contre Clément en 2004). Je pense que je vais appréhender cette période de Roland-Garros l’année prochaine.
Quel souvenir gardez-vous de ce fameux match contre Clément, le plus de l’histoire de l’ère du tournoi?
Avant ce match je n’aurai jamais crû pouvoir tenir aussi longtemps. Jamais. Je me suis dit que si je pouvais tenir 6h33 à 32 ans, je pourrais faire 5h33 à 33 ans et ainsi de suite.
Est-ce que votre relation avec le public parisien a évolué?
Toutes mes relations ont évolué (rires). Avec le public, avec mon métier, avec les journalistes, tout a évolué. Je résume ça par l’expérience. Mon métier est devenu beaucoup plus facile et mes adversaires plus difficiles à battre. A seize ans quand j’ai commencé, j’étais programmé pour jouer au tennis, pas pour devenir joueur de tennis professionnel. C’est une grosse différence.
Pourquoi Safin détestait jouer contre vous?
Je ne sais pas. Avant même notre premier match à Moscou, il avait dit que c’était le pire tirage possible pour lui. L’histoire avait commencé avant même qu’on s’affronte. Il a toujours dit qu’il ne savait pas comment me prendre, son discours ajouté à mes victoires contre lui me donnait beaucoup de confiance.
Est-ce que le jeu s’est uniformisé ces dernières années? Verra-t-on un jour un autre Santoro?
De toute évidence aucun des meilleurs joueurs aujourd’hui ne présente le même tennis que moi. En même temps, si je pouvais jouer comme Federer, je ne m’en priverais pas. Toute l’évolution du jeu tend à ce que les garçons soient toujours plus puissants, plus forts. A partir du moment où on développe cette puissance, il faut bien s’en servir avec la raquette. Je me sers de ce que j’ai. Mon style était déjà démodé quand je suis arrivé sur le circuit. A la fin des années 80, j’avais un style des années 70. Bref, j’avais déjà 20 ans de retard. Mais c’était tout le challenge de réussir à emmerder ces joueurs plus forts que moi. Il a fallu trouver les solutions. Et il y a toujours une solution.