Entre vie professionnelle carbonée et engagement climatique, Justine Dupont ou le paradoxe des surfeurs
HORS-TERRAIN•La surfeuse Justine Dupont évoque pour « 20 Minutes » son engagement pour l'environnement et pointe du doigt le paradoxe des surfeurs, entre amour de leur élément et empreinte carbone élevéeWilliam Pereira
L'essentiel
- Chaque jeudi, dans sa rubrique « hors-terrain », 20 Minutes explore de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
- Cette semaine, nous nous consacrons à la surfeuse Justine Dupont, qui met toute une série de mesures au quotidien pour compenser la lourde empreinte carbone inhérente à son métier de surfeuse professionnelle.
- Depuis 2020, en partenariat avec la MAIF, elle reverse notamment un chèque à des associations engagées dans la protection de l’environnement.
Erreur de débutant de notre boss au moment d’accueillir le mois dernier la surfeuse Justine Dupont dans le studio de nos locaux, où la température avoisine les 30 degrés : croyant bien faire, il lui tend une bouteille d’eau en plastique fraîchement sortie du distributeur. Sacrilège ! Justine, adepte des gourdes, les porte en horreur. Du plastique, les surfeurs en voient suffisamment en mer.
« Sur la côte européenne essentiellement, tu vois les déchets en plastique qui sont sur les plages, explique la Bordelaise de 30 ans. Avant on voyait des gros bouts de bouteilles en plastique, maintenant on en voit des petits, des microplastiques. » Pas un hasard, donc, si la meilleure surfeuse de grosses vagues au monde a banni le plastique à usage unique de son quotidien, tout en excluant la viande de son assiette. « C’est un engagement que j’ai depuis toujours mais que j’essaie d’affiner en avançant », poursuit-elle.
Des planches de surf avec des matériaux non recyclables
Notamment parce que le surf n’est foncièrement pas écologique. Des Landes où elle est basée à Nazaré (Portugal), le désormais meilleur spot au monde, en passant surtout par les incontournables Tahiti ou Hawaï, il y a un ou plusieurs mondes qu’on peut difficilement relier autrement que par avion. Pas hyper écolo, donc.
C’est d’ailleurs le paradoxe du surf. Sa communauté se veut extrêmement consciente et respectueuse de son élément, qu’elle voit souffrir – « on constate que les coraux changent de couleur et meurent » – mais elle doit progresser sur certains aspects matériels. C’est le cas des planches de surf, encore constituées de matériaux non recyclables. Alors, Justine Dupont compense économiquement.
8.000 euros versés en calculant son empreinte carbone
« Chaque année, je calcule cette empreinte carbone et ça me permet de reverser un chèque à une association, confie-t-elle. C’est un projet que j’ai avec la MAIF, qui verse 50 %, et je verse l’autre moitié. En 2021, c’était 8.000 euros, et ça sera à la même hauteur cette année. » La surfeuse française a cette fois choisi d’accompagner Coco an Dlo, association née de la volonté de Coralie Balmy à vouloir sensibiliser les jeunes générations à l’environnement, à travers l’apprentissage de la natation.
Notre dossier Hors-terrain
En plus de compenser cette empreinte carbone qu’elle juge « élevée », Justine Dupont tâche d’optimiser ses déplacements, en évitant les allers-retours et en privilégiant les longs séjours sur place, à Nazaré comme à Tahiti, qui présentent l’avantage de se familiariser avec la géographie et la nature locale. Un compromis entre idéal écologique et vie professionnelle coûteuse pour l’environnement.