A quoi doit s'attendre l'OM dans l'enfer de Toumba du PAOK ?

PAOK - OM : A quelle réception doivent s'attendre les Marseillais dans l'enfer de Toumba ?

FOOTBALLL'Olympique de Marseille se déplace au PAOK en quart de finale retour de la Ligue Europa Conférence, dans une ambiance qui s'annonce incendescente
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • L'Olympique de Marseille retrouve le PAOK ce jeudi soir en quart de finale retour de la Ligue Europa Conférence.
  • A l'aller, les Marseillais s'étaient imposés 2 buts à 1, dans un contexte explosif marqué par des incidents entre supporters de l'OM et du PAOK, et des supporters grecs avec les forces de l'ordre.
  • Le club du PAOK est de plus en plus sulfureux, à travers son président Ivan Savvidis, et ses supporters de la Gate 4.

Ils ont promis une soirée à trember des mollets aux Marseillais. Le club du PAOK, à Thessalonique, ville située au nord de la Grèce, accueille ce jeudi soir l'Olympique de Marseille en quart de finale retour de la Ligue Europa Conférence (21h), dans son stade Toumba.

Leur entraîneur, Razvan Lusescu, les a prévenus à l’issue du match aller, remporté 2-1 par l'OM : « C’est sûr que Marseille est favori, mais ce ne sera pas facile pour eux de jouer chez nous. J’espère que Marseille sera accueillie de la manière dont on a été reçu ici, je suis vraiment déçu de ce que j’ai vu aujourd’hui. Pour le foot ce n’est pas acceptable », avait-il accusé, alors que des incidents avaient éclaté depuis la veille dans Marseille, entre supporters grecs et marseillais, et entre supporters grecs et forces de l’ordre. Ce mercredi, il en a remis une couche, en assurant « ne pas regretter » ces propos.

« Pas mal de symboles bizarres dans leur tribune »

Une communication surprenante, mais pas si étonnante quand on connaît un peu le PAOK, et son bouillant président Ivan Savvidis. Il s’était fait connaître en entrant armé sur le terrain en 2018, mécontent d’une décision arbitrale face à l’AEK Athènes. Ce qui lui avait valu trois ans d’interdiction de stade en Grèce. Ce proche de Vladimir Poutine - il est député de son parti - a également été condamné à vingt-cinq mois de prison avec sursis en février, avant de faire appel de cette décision.

Le match aller à Marseille a aussi rappelé le caractère volcanique des supporters du PAOK, et notamment de la Gate 4 du stade Toumba, réputée pour son courant nationaliste. « Il y a pas mal de symboles bizarres dans leur tribune. Je pensais, au départ, qu’ils étaient affiliés au Partizan Belgrade pour leurs couleurs, alors qu’il semble plutôt y avoir une idéologie derrière. Mais ça arrive dans pas mal de clubs grecs, qui ont pris la mauvaise direction », explique Ricardo Faty, qui a joué deux ans à l’Aris Salonique, club rival du PAOK, « très de gauche », selon le milieu de terrain.

Le 1er février dernier, les ultras du PAOK ont poignardé a mort un jeune de 19 ans, supporter de l’Aris Salonique. Et des membres du Grobari, principal groupe de supporters du Partizan Belgrade, à l’origine de la mort du supporter toulousain Brice Taton en 2009, étaient présents au stade Vélodrome jeudi dernier, aux côtés des membres de la Gate 4. Tout sauf des enfants de chœurs, donc.

« Des anarchistes et des nationalistes »

Pour Kostas Petrotos, journaliste grec qui suit le PAOK, la Gate 4 qui « regroupe environ 8.000 supporters » est difficilement définissable. « Tu retrouves toutes les couches de la société, des racistes, des nationalistes, mais aussi des gens de gauches. A la fin de la journée, ils ne se définissent que comme des fans du PAOK. Même si certains sont plus anarchistes, et d’autres plus nationalistes », estime-t-il.

Mais les nationalistes semblent prendre une part croissante chez les supporters du PAOK, finalement à l’image de la société grecque. « J’ai quitté la Grèce il y a pratiquement 10 ans donc je ne connais pas trop les dernières tendances, mais le nationalisme a fait une très forte percée. A mon époque les fans du PAOK étaient déjà connus pour ça, et il y avait déjà pas mal de problèmes à l’époque. C’est un peu le mal récurrent du football grec, il y a trop de laisser aller », estime Ricardo Faty.

« Depuis le crash économique en 2010, il y a eu une forte montée du nationalisme à cette époque. Ils ont commencé à devenir très importants. Ils sont rentrés au gouvernement, avant d’assassiner un militant d’extrême gauche et de perdre de la popularité », complète Kostas Petrotos.

Match à guichets fermés

Pour la réception de l’OM, sans ses supporters à la demande des autorités grecques, le stade Toumba sera à guichets fermés avec 30.000 supporters, pour la première fois depuis le choc contre l’Olympiakos, en février 2020, covid oblige. « Le stade sera plein, c’est un match très important pour écrire l’histoire. Il n’y aura pas de fans de Marseille, donc les supporters devraient être calmes », croit savoir le journaliste. Les membres de la Gate 4 ont d’ailleurs publié un communiqué demandant à ce que l’ambiance soit partout la même dans le stade qu’à la Gate 4, tout en appelant à ne rien jeter sur la pelouse.

Pour Ricardo Faty, l’atmosphère du stade Toumba est hostile, mais pas impressionnante. « C’est un stade ouvert, pas comme à Galatasaray où tu as vraiment un effet chaudron. L’atmosphère est impressionnante, il y a une belle ambiance, mais ce n’est pas non plus la plus grosse que j’ai connue. Par contre, quand on a gagné là-bas en 2010, la première victoire depuis 10 ans, on a dû rester 2h dans le vestiaire parce que les supporters ne voulaient pas nous laisser sortir », se remémore le milieu de terrain. Espérons que Dimitri Payet pourra, au moins, tirer les corners.