F1 : « Je ne sortais même plus mon drapeau », les Tifosi soulagés du retour en force de Ferrari avant le GP d’Imola, à domicile
FORMULE 1•Après deux saisons cauchemardesques pour tous les fans de la Scuderia Ferrari, la marque italienne renoue enfin avec le succès en ce début de saison de Formule 1, pour le plus grand plaisir des tifosiAdrien Max
L'essentiel
- Le quatrième Grand Prix de la saison a lieu ce dimanche (15h) à Imola, en Italie, à quelques encablures de l’usine Ferrari de Maranello.
- Les tifosi de la Scuderia Ferrari risquent de mettre une ambiance exceptionnelle avec le retour en force de la marque au cheval cabré et les deux victoires de Charles Leclerc en trois Grand Prix.
- Une attente interminable pour tous les amoureux des voitures rouges, après des années de galère.
«On parle souvent du soutien des Hollandais pour Max Verstappen. Mais ce week-end à Imola, on va voir une ferveur inégalable, comme jamais vue depuis très longtemps ». Tous les tifosi de la Scuderia Ferrari n’attendent qu’une chose depuis ce début de saison 2022 de Formule 1 : voir enfin une voiture rouge rouler sur un circuit italien.
Comble de leur bonheur, ce sera ce week-end sur le circuit Enzo et Dino Ferrari d’Imola, à quelques encablures de Maranello, là où sont confectionnées les voitures au cheval cabré depuis près de 80 ans. « On parle souvent de Monza, mais le vrai temple de Ferrari c’est Imola. On est seulement à 80 km de Maranello, l’échec est interdit ici », rappelle Charles, tifoso et animateur de la page Scuderia Ferrari F1 France sur Twitter.
L’échec y est interdit, la victoire une tradition. Comme en témoignent les sept succès d’un certain Michael Schumacher, record absolu du circuit. Et la dernière en date au volant d’une Ferrari, en 2006. Mais la Scuderia pourrait bien y renouer cette année à Imola, après un début de saison très convaincant marqué par deux victoires de Charles Leclerc, en trois Grand Prix.
« Pendant des années on a tiré la gueule »
« Une joie immense, indescriptible », pour l’animateur de la page Twitter, quand « tous les collègues, des Tifosi », d’Alain, fondateur du club de passionnés de Ferrari de la Côte d’Azur, Scuderia Azzura, sont « regonflés à bloc » par ce très bon début de saison.
Car avant ces deux succès, la dernière victoire d’une voiture rouge en F1 remontait à 2019, en Belgique, sur le circuit de Spa. Charles y était pour vivre le premier triomphe en carrière de son homonyme : « On a souffert pendant des années. Même quand la voiture était bonne, on n’avait pas de bons résultats. Je me souviens encore du dernier titre de Räikkönen [en 2007], j’avais huit ans. N’ont suivi que des désillusions, à commencer par la perte du titre de Massa dans le dernier virage du GP du Brésil en 2008. »
« « Pendant des années on a tiré la gueule. J’ai monté le club à l’époque de Schumacher et on sortait les voitures à chaque fois qu’il gagnait. Tous les dimanches on était dehors. Ces dernières années, je ne sortais même plus mon drapeau. C’était catastrophique », se souvient Alain. »
Une catastrophe symbolisée par l’échec de la saison 2020, ponctuée par une terrible sixième place au classement constructeur derrière McLaren, Racing Point ou Renault. Inconcevable quand on porte la tunique rouge.
Le renouveau insufflé par Mattia Binotto
Mais une saison qui a permis à l'écurie de bosser dans l'ombre pour être compétitif l'année d'après. « L’année 2020 a aussi servi de laboratoire pour voir tout ce qui n’allait pas. Réorganiser l’écurie sans mettre à la porte. En gardant les mêmes équipes, mais avec une réorganisation interne en mettant tout simplement les gens à la bonne place. En s’améliorant sur certains points comme les arrêts au stand avec l’achat de pistolet plus performant, avec une préparation plus pointilleuse. Ce n’est pas un hasard si Ferrari est l’équipe la plus performante sur cet aspect de la course cette saison », liste Lucas, animateur du compte Ferrari Scuderia Fr.
Un travail mené par Mattia Binotto, nommé team principal en janvier 2019, mais qui a longtemps suscité des doutes chez les tifosi de la scuderia. A l’image d’Alain : « Je ne le sentais pas avec ses airs de gentil garçon et sa belle coupe de cheveux. A l’époque, Jean Todt c’était un général de guerre, il ne faisait pas d’état d’âme ». Malgré une pression immense sur ses épaules, et une certaine défiance, l’ingénieur de formation semble être en passe de réussir son pari.
« « J’avoue qu’au début j’étais très sceptique. Mais quand Ferrari a décidé de le maintenir, je me suis dit que c’était peut-être la meilleure option. Il est arrivé en même temps que Schumacher, il connaît bien la maison, et a su apporter de la stabilité à un moment vraiment pas évident. C’est lui qui a sorti le moteur de 2019, et même s’il n’était pas très légal, il sait faire », considère Charles. »
« Une bonne voiture, un bon management et des bons pilotes »
Effectivement la Ferrari F1-75 va vite cette saison, au point de surpasser ses concurrentes de près de 15 ch. Mais comme le rappelle Alain, une bonne voiture ne suffit plus : « Pour faire une écurie performante, il faut tout. Une bonne voiture, un bon management et des bons pilotes. C’est un ensemble, et il faut reconnaître que ça semble fonctionner cette année ».
Des « bons pilotes » incarnés par le Monégasque Charles Leclerc, qui a enfin la chance de montrer toutes ses capacités dans une voiture performante. Et Carlos Sainz, un peu en dessous en ce début de saison, mais réputé pour son travail acharné. C’est d’ailleurs dans la gestion de ces deux ego, que certaines mauvaises langues voyaient le principal risque d’échec cette saison. Mais Ferrari vient d’annoncer la prolongation de l’Espagnol jusqu’en 2024, exactement comme Charles Leclerc. Histoire d’écarter le moindre doute, comme en avait l’habitude la Scuderia Ferrari dans ses années fastes.