Marathon de Paris : Nicolas et Carla participent en duo mais s’entraînent à 900 km de distance
DOSSARD N°20•Carla, 14 ans et paraplégique, participera au marathon de Paris accompagnée de son parrain, Nicolas. L’un habitant à Paris et l’autre à Hyères dans le Var, ils se préparent individuellement à affronter les 42,195 km ce dimancheJustine Le Pourhiet
L'essentiel
- Paraplégique depuis 2020, Carla participera au marathon de Paris installée sur un hippocampe (fauteuil roulant pour la course) en compagnie de son parrain, Nicolas.
- Le binôme se prépare au marathon à distance, car elle habite à Hyères et lui à Paris, et s’est entraîné seulement deux fois ensemble.
- Une solidarité s’est créée autour d’eux pour faciliter l’organisation de la course et les soutenir dans ce projet.
Seulement deux entraînements en commun avant le marathon de Paris. Nicolas Gavault, 37 ans, accompagnera sa filleule Carla âgée de 14 ans, lors du marathon de Paris ce dimanche. Il courra sur 42,195 km tout en poussant l’hippocampe, un fauteuil roulant adapté au sport, sur lequel est installée Carla. Devenue paraplégique après un accident de voiture en 2020, la jeune fille revient sur ce jour où son parrain lui a proposé de participer au marathon : « J’ai dit oui mais j’ai été un peu surprise quand j’ai appris la distance à parcourir. » Sa réaction positive n’a pas surpris Nicolas : « Elle a une forme d’insouciance et de naïveté qui lui permet de foncer. »
Ce duo a déjà participé sans préparation à l’Algernon de Marseille en octobre, course entre valide et non-valide. Ils avaient parcouru 10 km sous les yeux admiratifs de la maman et sœur de Nicolas. « Les voir traverser la ligne d’arrivée m’a donné les larmes aux yeux. » Malgré ce succès, le manque d’entraînement s’est fait ressentir : « On n’avait pas le même rythme, explique Carla, je lui demandais souvent de ralentir. » Pendant l’exercice, ils ont donc dû apprendre à communiquer : « Dès qu’il y a une montée je lui dis de me laisser faire ou bien lors d’une descente que j’ai besoin d’elle », explique Nicolas.
Le binôme s’entraîne individuellement
Carla et son parrain ont eu l’occasion une seule fois de se voir à Hyères (Var) pour courir 25 km. « J’avais mal aux épaules, on s’est rendu compte qu’il était possible d’abaisser le guidon pour empêcher cette douleur », raconte Nicolas tout en décrivant avec ses mains le fonctionnement du fauteuil. Il a également adapté sa routine sportive en ajoutant deux séances de renforcement musculaire afin de supporter le poids de l’hippocampe. Pourtant il n’en est pas à son premier marathon et connaît les difficultés de cette course. « Il y aura l’inconnu des 42 km. Ce qui me fait peur, c’est la distance, le fait de ne pas savoir au bout de combien de kilomètres ça va se corser. »
Depuis Hyères, Carla se prépare, elle aussi, à la course mais différemment. Entre les séances de kinésithérapie et ses cours de 3e, la jeune fille suit des activités physiques adaptées, de la natation et s’entraîne avec son fauteuil de course chaque samedi. Cette dernière a toujours été très active, le sport était pour elle son moyen d’expression. « Elle était médaille de bronze de Kin-Ball lorsqu’on habitait à Munich », souligne Audrey, sa maman.
Une solidarité s’est créée autour d’eux
« Plus que la course, Carla retiendra cette dynamique autour d’elle », raconte son parrain. Dès l’annonce du projet, leurs proches et des inconnus se sont mobilisés pour faciliter l’organisation du marathon. Un compte Instagram géré par les infirmières de Carla a été créé mais également une cagnotte qui a permis à la famille de récolter à ce jour 4.865 euros. L’association "Un exploit pour Lila" prête également l’hippocampe à la jeune fille le temps de ses entraînements et de l’évènement. Pour la course de dimanche, Audrey énumère les tâches dont elle se charge pour alléger Nicolas et Carla de la logistique : « Il faut aller chercher l’hippocampe, trouver un TGV, un hôtel et un taxi spécialisé. » La compagne de Nicolas les a aussi soutenus en évoquant leur histoire à la presse et les amis de Carla comptent faire le trajet de Munich pour les encourager le jour-J.
A l’approche du marathon, la collégienne ne réalise toujours pas tandis que Nicolas se projette : « Mon rêve, c’est que cette course marque positivement Carla, qu’on s’en souvienne et qu’elle donne pourquoi pas envie à la maman, touchée elle aussi par l’accident en 2020, d’y participer un jour. »