On vous fait découvrir le hockey subaquatique, entre gestion des apnées et adresse avec sa crosse
HORS-TERRAIN•Le club de Pessac, près de Bordeaux, propose des initiations pour découvrir le hockey subaquatique, un sport méconnu du grand public. Il participe également, les 12 et 13 mars, au championnat de France féminin élite au Puy-en-Velay (Haute-Loire)Clément Carpentier
L'essentiel
- Chaque jeudi, dans sa rubrique « hors-terrain », 20 Minutes explore de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
- Sport de niche en France, le hockey subaquatique essaie de se faire sa place dans les bassins. A Pessac (Gironde), l’un des plus gros clubs de l’Hexagone, on y propose des initiations tout au long de l’année.
- Une pratique bien plus physique qu’on ne le pense. On vous explique les caractéristiques et les difficultés qui accompagnent ce sport atypique.
Vous avez déjà vu un banc de piranhas se jeter sur une proie au fond de l’eau ? Eh bien, le hockey subaquatique, c’est pareil ! Sauf que la prise est un palet. Un palet de 1,3 kg, bien plus lourd que celui qui fuse sur la glace des patinoires. En effet, comme l’indique le nom de ce sport, on se trouve ici sous l’eau, à environ 2 m ou 2,50 m de profondeur. Forcément, ça avance beaucoup moins vite mais ce n’est pas pour autant moins physique que sur les patins. Pour ceux qui en doutent, le club de Pessac, près de Bordeaux, propose régulièrement des initiations et prête même tout le matériel d’un bon joueur de hockey subaquatique (masque, tuba, protège-bouche, casque, gant, crosse et palme).
« C’est un sport qui est né au sud de l’Angleterre dans les années 1950, explique Lionel Dumeaux, le manager des équipes de France. Les plongeurs s’ennuyaient en hiver et c’est comme ça qu’ils ont commencé à jouer dans les piscines. Pour la petite histoire, ils jouaient avec la bouteille d’oxygène sur le dos et des crosses en bois. » En France, ce sport débarque une quinzaine d’années plus tard et le premier championnat de France remonte à 1982. Aujourd’hui, le hockey subaquatique compte une centaine de clubs dans l’Hexagone pour 1.500 pratiquants, dont 25 à 30 % de jeunes de moins de 18 ans. Solène Burel, joueuse et présidente du club de Pessac :
« Les gens qui s’y mettent viennent souvent de la plongée, de la natation synchronisée, du water-polo, de la chasse sous-marine… Les enfants, eux, peuvent essayer cette activité dès l’âge de 8 ans dans le petit bassin. » »
Une piscine bien particulière et pas de gardien
« Ma famille y joue depuis plusieurs générations », sourit à ses côtés Ludivine. Ce jeudi, les licenciés du club girondin vont se retrouver au stade nautique de Pessac pour un entraînement. Les compétitions ont lieu deux ou trois fois dans l’année sur un week-end. Solène et Ludivine sont ainsi attendues au Puy-en-Velay (Haute-Loire) les 12 et 13 mars pour la deuxième manche du championnat d’élite féminin, qui regroupe les dix meilleures équipes françaises. C’est l’une des difficultés du hockey subaquatique : on ne joue pas quand on veut, où on veut. Il faut déjà une infrastructure précise, c’est-à-dire une piscine assez grande (le terrain fait 12 mètres sur 15) et surtout en carrelage ou inox.
La deuxième difficulté, la plus importante, « c’est de trouver des créneaux pour jouer », rappelle Solène Burel. A Pessac, tout le monde met en place le terrain en quelques minutes. Certains installent les lignes lestées au fond de la piscine pendant que d’autres descendent les buts en métal. Des buts de trois mètres de large, bien particuliers, puisque si on joue à 6 contre 6 comme sur la glace, il n’y a pas de gardien au hockey subaquatique. Il faut tirer vers ce but au sol assez fort pour qu’il frappe le fond de la cage ou tombe dans la petite rigole de celle-ci (il y a en moyenne quatre buts par match). Autre différence de taille, il n’y a pas de contact physique. Le but est de se faufiler entre les adversaires avec sa crosse d’une vingtaine de centimètres, en essayant de garder le palet au fond de la piscine.
Faire exploser son cardio
Alors, quelles sont les qualités d’un bon joueur ? La parole à François : « Bien sûr, il faut savoir nager. Mais tout le reste s’apprend. Ce que j’aime, c’est le mélange entre la dimension assez physique et l’amusement qu’on trouve dans ce sport. Il faut aussi trouver des moyens de communication car on ne peut évidemment pas se parler sous l’eau. » Solène Burel enchaîne :
« Il faut surtout être assez endurant car c’est cardio. Le but, ce n’est pas de rester sous l’eau le plus longtemps possible mais de multiplier les apnées. Descendre, remonter, se replacer, descendre… C’est pour ça qu’on fait aussi pas mal de natation classique et d’apnée. En fait, c’est un sport assez complet. » »
Pour souffler, chaque équipe peut compter sur quatre remplaçants. Et franchement, ça n’a pas l’air de trop du bord de la piscine.
Il faut dire qu’à chaque arrêt de jeu des arbitres (deux dans l’eau, un en dehors), il faut repartir au niveau de son but avant de sprinter au coup de sifflet vers le centre de la piscine et plonger pour récupérer le palet. Il faut répéter cet exercice plusieurs fois lors des deux périodes de 12 minutes, avec en bonus des pénalités allant d’une à cinq minutes qui peuvent tomber à tout instant, souvent pour sanctionner un geste dangereux. Alors, ça peut être violent sous l’eau ? « Non, non, rassure François. Ça dépend des équipes mais plus le niveau est élevé, moins il y a de coups. » Un peu comme dans tous les sports donc…
Le statut de sportif de haut niveau accessible depuis le 1er janvier
Si la France fait aujourd’hui partie des meilleures nations du monde avec la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre, l’Afrique du Sud ou encore la Turquie, le hockey subaquatique reste chez nous un sport de niche. « Je le répète, ce n’est pas forcément un problème financier mais d’infrastructures, insiste Lionel Dumeaux, également membre de la commission de cette pratique à la Fédération française d’études & de sports sous-marins (FFESSM). Globalement, il y a un vrai déficit de piscine en France et en plus, on construit avant tout des espaces ludiques. Ce n’est pas une critique mais ça ne nous aide pas », Malgré tout, il y a des avancées puisque certains joueurs ont la possibilité, depuis le 1er janvier, d’obtenir le statut de sportif de haut niveau, même si la pratique reste aujourd’hui à 100 % amateur.
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Les clubs essaient également d’obtenir plus de visibilité. Depuis quelque temps, ils peuvent s’appuyer sur la plateforme More Sport, une jeune start-up qui cherche à mettre en avant des sports méconnus. Elle sponsorise les équipes de France et couvre les plus grands événements. « C’est toujours mieux que rien », conclut Solène, avant de disparaître à nouveau sous l’eau. Il va falloir effectuer encore quelques milliers d’apnées pour attirer sponsors et médiatisation au fond de la piscine…