JO 2022 - Ski de bosses : Déchue et déçue par sa 4e place en finale, Perrine Laffont a « besoin d'un bon break »
JO 2022•Championne olympique en 2018, Perrine Laffont a cette fois échoué hors du podium lors de la finale, en ski de bossesAymeric Le Gall
Elle a tout de suite compris… Sans même attendre que s’affiche sur le tableau des scores le résultat de l’Australienne Jakara Anthony, dernière à s’élancer dimanche soir en finale du ski de bosses féminin et future médaille d’or, Perrine Laffont, l’œil hagard, se dirige tout droit vers son clan. Il faut alors qu’une officielle ne la rattrape par le bras pour lui rappeler que, même si c’est dur, il lui faut d’abord passer devant les journalistes, dans la zone mixte de Zangjiakou. Il est 21 heure tout pile en Chine et la championne olympique en titre vient de céder sa couronne. Le coup est d’autant plus rude que l’Ariégeoise n’est même pas sur le podium. Ça s’est joué à une poussière de centièmes de points : 77.36 contre 77.72 pour la Russe Anastasiia Smirnova. Dur…
Immense espoir de médailles tricolore de ces JO d’hiver, « Pépette » vient de tomber de haut, de très haut. Et avec elle une bonne partie de la délégation française massée au pied de la piste depuis deux bonnes heures, parmi lesquels figurent Martin Fourcade et Guy Drut (sans bonnet, gros respect). C’est donc contrainte et forcée que la médaillée d’or à Pyeongchang fait demi-tour et se dirige vers la zone média, pour y subir l’affront final de se manger la bascule de France TV en plein visage. La gamine ne moufte pas, ce qui en soit suffirait à lui remettre la médaille du stoïcisme.
La concurrence était un (bon) cran au-dessus
Au fond, elle sait qu’elle n’a pas sorti le run qu’il fallait au moment où elle aurait dû. « Ce n’est pas le résultat que l’on voulait et c’est dur », lâche-t-elle en zone mixte. Je n’ai pas réussi à skier comme je l’ai fait lors de la qualification, à me relâcher. Ça reste des Jeux olympiques, ce sont des courses d’un jour et ça arrive. Je ne sais pas ce qui s’est passé tout au long de la soirée, alors que les entraînements s’étaient bien déroulés ». Rien à voir avec la frustration – d’aucuns diront le dégoût – ressenti la veille avec la quatrième place de Benjamin Cavet, pas loin d’être volée par les juges au profit du Japonais Ikuma Horishima. C’était en tout cas le sentiment qui se dégageait de l’équipe de France de ski de bosses dimanche matin.
Non, pour la championne déchue, il n’y a pas grand-chose à regretter finalement, la concurrence était simplement plus forte qu’il y a quatre ans en Corée de Sud et ses adversaires étaient au-dessus cette année. C’est le sport, elle l’accepte. Pourtant, la Française avait l’habitude de nous prendre à revers et de claquer des troisièmes runs de derrière les flocons que personne n’avait vu venir. On a même voulu y croire en la voyant taper énergiquement dans les mains de son coach, juste avant de s’élancer, comme on déboule sur un parquet avant le match 7 d’une finale de NBA. En fond, la musique de Scarface « Listen to the limit » se prêtait plutôt bien à la situation. Dommage.
« Je vais avoir besoin d’un bon break ! »
Il y a quatre ans, juste après Pyeongchang, « Pépette » avait eu beaucoup de mal à digérer cette notoriété devenue un poids trop lourd à porter. Elle a même songé un temps à tout plaquer et passer à autre chose. Finalement, en se refocalisant uniquement sur la notion de plaisir, comme elle le racontera plus tard dans un documentaire (disponible sur YouTube), la bosseuse avait su retrouver la gnac pour préparer ces JO 2022. Aujourd’hui, cette expérience va l’aider à passer ce moment douloureux.
« Quand j’ai voulu tout arrêter en 2019, je me suis promis de ne plus me rendre malade avec le sport. J’ai compris qu’il y avait plus important, tout l’amour que j’ai autour de moi », confie-t-elle avant, justement, de retrouver le clan tricolore et de se faire ensevelir sous les câlins bleus qui réconfortent. Mais avant de s’éloigner, dans un sourire retrouvé, elle l’admet : « Je pense que je vais avoir besoin d’un bon break ! ». Prends tout ton temps, Perrine, Milan ce n’est que dans quatre ans.