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L'exemption vaccinale de Novak Djokovic, une décision contreproductive ?

Open d'Australie : L'exemption vaccinale de Novak Djokovic, une décision contreproductive pour tout le monde ?

TENNISNovak Djokovic va pouvoir jouer l'Open d'Australie sans vaccin. Un scénario jusqu'alors invraisemblable
William Pereira

William Pereira

L'essentiel

  • Novak Djokovic a obtenu une dérogation pour l'Open d'Australie, confirmant indirectement que le Serbe ne s'est pas fait vacciner contre le Covid-19.
  • Longtemps intransigeante, l'Australie a donc fini par céder, l'année où Nole peut entrer dans l'histoire, dans la course au «GOAT».
  • Un passe-droit potentiellement négatif, de par l'influence qu'a Djokovic sur le reste du circuit.

Pas merci Novak. On avait d’autres plans pour ce mardi que de plonger le nez dans le passionnant guide des exemptions médicales liées à la vaccination contre le Covid-19 du département médical du gouvernement australien, mais il a fallu que Djokovic nous y contraigne. Pour ceux qui l’auraient loupé, le numéro un mondial – non vacciné – a annoncé son départ pour l’Australie après avoir bénéficié d’une dérogation, Graal dont l’obtention paraissait jusqu’ici impossible au vu de l’intransigeance des autorités locales.

Fin octobre, Daniel Andrews, Premier ministre de l’État de Victoria dont Melbourne est la capitale sonnait, croyions-nous, le glas des non-vaccinés en excluant « les personnes non vaccinées des pubs, des cafés, des restaurants et du MCG [le grand stade de cricket de la ville] et de toutes sortes d’autres événements. » C’était sans compter sur un virage à 180 digne des plus beaux drifts de Vin Diesel.

Une exemption, mais pourquoi ?

La dérogation permettra au numéro un mondial de participer au tournoi le plus important du siècle : en cas de succès, Nole passerait devant Nadal et Federer au classement des plus grands détenteurs de titres majeurs (20 partout pour le moment). Une bonne nouvelle sur le plan sportif dont on se serait volontiers enthousiasmés si l’humanité ne galérait pas depuis deux ans contre un ennemi encore plus petit que les scrupules du Serbe.

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Comme Nole a le sens du spectacle, c’est sur Insta qu’il a choisi de s’afficher tout sourire, accoudé à ses bagages avec la piste en arrière-plan pour faire son annonce avant de mettre son portable en mode avion, d’attacher sa ceinture et décoller avec la certitude d’avoir foutu le feu à internet. Djokovic entre en zone de turbulences au propre comme au figuré. Pour quel motif a-t-il bien pu obtenir le feu vert des autorités pour mettre un pied en Australie ?

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La Fédération australienne (TA), organisatrice du tournoi, a vaguement expliqué, tapis dans le confort du secret médical que Djokovic avait « demandé une dérogation médicale qui lui a été octroyée après un examen rigoureux (de sa demande) impliquant deux groupes différents et indépendants d’experts médicaux […] Des protocoles justes et indépendants ont été mis en place pour évaluer les demandes d’exemptions médicales afin d’assurer un Open d’Australie 2022 sûr et agréable pour chacun ».

Que dit le guide de l’ATAGI (Australian Technical Advisory Group on Immunisation) et qu’est-ce qui peut mener à une exemption de vaccin contre le Covid-19 ?

Pour les vaccins ARN : une maladie cardiaque dans les trois derniers mois (myocardites, péricardites, etc)

Pour les vaccins non-ARN :

  • Une affection médicale grave qui aurait conduit à une intervention chirurgicale majeure
  • Un test PCR positif, qui peut repousser la vaccination de six mois
  • Tout précédent événement négatif lié à l’injection d’un vaccin contre le Covid sans autre cause identifiée et sans alternative.
  • Il a été déterminé par un immunologue (ou autre expert) qu’une nouvelle dose pourrait conduire à un nouvel épisode de ce type. Sont cités comme événements négatifs les thromboses, les chocs anaphylactiques, le syndrome de Guilain-Barré…
  • Si la personne vaccinée présente un risque pour elle-même ou pour d'autres au cours du processus de vaccination, elle peut justifier une exemption temporaire de vaccination. Cela peut inclure une gamme d'individus avec des troubles du développement ou de la santé mentale sous-jacents.

Une résistance contreproductive ?

Rangeons ici notre blouse blanche, faute de compétences médicales, non sans avoir précisé que Djokovic n'a pas communiqué un quelconque test positif au Covid depuis le mois de juillet, mais autorisons-nous à être un brin moralisateurs. Voir le numéro un mondial trimballer ses bagages où bon lui semble, en arborant fièrement son statut de non-vacciné, pose le problème de l’exemplarité d’un tel joueur sur une question de santé publique mondiale.

Un contresens que soulignait dans nos colonnes le Dr Montalvan, directeur adjoint en charge du médical à la FFT. « Ce que ne comprennent pas les joueurs de tennis c’est que des gens « normaux » qui n’avaient pas forcément envie de se faire vacciner l’ont fait pour en protéger d’autres. Mais ils le font parce qu’on nous l’impose et qu’ils n’ont pas envie de transmettre le virus. Donc ils finissent par faire un acte « citoyen » qu’ils n’avaient pas forcément envie de faire. »

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« A sa place, je n'aurais pas eu d'exemption »

A l’inverse, on peut tout à fait craindre que le manque impuni d’altruisme du meilleur joueur mondial entraîne les indécis du style Tsitsipas, un temps réticent mais finalement vacciné, à revoir leur copie à l’heure de leur Xème dose dans un monde où il faudrait se vacciner tous les six mois. Jamie Murray, grand spécialiste de double et frère de, n'a pas tardé a résumer le sentiment général : « Je pense que si je n’avais pas été vacciné, je n’aurais pas eu d’exemption, mais tant mieux pour lui ». Dans la foulée, le journaliste Ben Rothenberg nous apprenait que le 96e joueur mondial, Tennys Sandgren, deux fois quart de finaliste à Melbourne, avait déclaré forfait pour l’Open d’Australie faute de vaccin à jour, sans toutefois courir après la fameuse exemption, étant donné qu’il ne pensait répondre « à aucun critère »

« Si vous avez le numéro 1, 2 et 3 mondial qui disent « ouais je me fais vacciner c’est vachement bien », ils font tous pareil », caricaturait Montalvan à Bercy. Sinon ? Sinon bienvenue dans un monde où chacun cherche à se soustraire par filouterie administrative (ou non) à l’obligation vaccinale parce que le boss du tennis a eu peur d’une aiguille. Vraiment pas merci, Novak.