Coupe de France : Qui est Anny Courtade, « l’exigeante » présidente de l’AS Cannes ?
FOOTBALL•L’ancienne patronne du RC Cannes a repris les rênes du club de la Croisette pour lequel elle affiche, à 82 ans, de grandes ambitionsFabien Binacchi
L'essentiel
- L’AS Cannes (N3) accueille Dijon (L2) ce samedi soir pour les 32e de finale de la Coupe de France.
- A 82 ans, la présidente du club de la Croisette affiche pour lui de grandes ambitions.
«Quand elle arrive quelque part, elle n’est pas là juste pour participer. Elle veut gagner. » Jean-Noël Cabezas, l’entraîneur de l’AS Cannes, le sait : Anny Courtade n’est pas du genre à lâcher le morceau. Alors à 82 ans, l’infatigable présidente du club centenaire, formateur des Zidane, Vieira, Escudé, ne comptera que sur un nouveau succès ce samedi soir sur la pelouse du stade Pierre-de-Coubertin. En 32e de finale de la Coupe de France, face à Dijon (L2), le onze de la Croisette (N3) affiche de grandes ambitions depuis que « l’exigeante » femme d’affaires a accepté d’en reprendre les rênes. A force de persuasion de la ville de Cannes et de son maire David Lisnard.
D’abord dans le comité directeur du club, elle a finalement dit « oui » en 2019, en remplacement de Johan Micoud, démissionnaire. Avec des objectifs plein la tête. Cette saison, ce serait la montée en Nationale 2. « On la voulait vraiment », témoigne Nicolas Gorjux, premier adjoint et récemment nommé président du conseil de surveillance de l’AS Cannes. « On a parié sur sa soif de challenges, sur son esprit de compétitrice et aussi ses succès avec le Racing club de Cannes et toutes ses entreprises », poursuit-il.
A la tête du RC Cannes, le club le plus titré de France
Figure de la cité des festivals, Anny Courtade avait déjà mené le club de volley féminin, qu’elle a présidé de 1993 à 2016, au sommet. Sous sa coupe, la formation en rafle à tour de bras. Elle gagne vingt-fois le championnat de France, dix-neuf fois la Coupe de France et même la Ligue des champions à deux reprises.
Dans le club le plus titré de France, tous sports confondus, on loue aussi son exigence justement et parfois même son intransigeance. « Elle avait son caractère de caca », s’amuse Victoria Ravva, interrogée par BFM TV et RMC Sport. « Elle pouvait nous engueuler comme des enfants de cinq ans » mais elle était aussi « maternelle » et « dès qu’il nous arrivait le moindre problème elle nous aidait », raconte l’illustre joueuse, qui se souvient « qu’elle était impressionnante » malgré « ses 1,63 m ».
Parfois tempétueuse mais toujours proche des équipes dont elle a la charge. « Elle est impliquée à fond, dans tout ce qu’elle fait. Elle est présente. C’est son point fort. Elle est présente sur toutes les photos de toutes les formations du club, des débutants aux séniors, détaille encore Jean-Noël Cabezas. Mais quand elle à quelque chose à dire, elle le dit. » Samedi dernier, à Furiani (2-2) en Corse, « elle est allée s’en prendre au président du club », plaisante le coach de Cannes. « On était resté sur la pelouse pendant la mi-temps et ils avaient allumé l’arrosage automatique. On l’a tous vu partir en trombe. »
Du mécenat, oui, mais pas de politique
C’est sans doute cette force de caractère aussi qui a permis à Anny Courtade de prospérer dans les affaires. En mars dernier, elle rappelait à la CCI Nice Côte d’Azur avoir « présidé trente ans durant la centrale d’achat des centres [E. Leclerc] du Sud-Est, Lecasud, qui regroupe 53 magasins sur onze départements pour un chiffre d’affaires de 1,340 milliard d’euros ». Aujourd’hui, elle dirige toujours le magasin E. Leclerc du Cannet et détient près d’une trentenaire de mandats dans d’autres entreprises.
Egalement présidente l’Orchestre régional de Cannes et membre du conseil d’administration de l’hôpital Simone-Veil, sur les hauteurs de la cité des festivals, « elle s’investit aussi énormément dans des associations caritatives », raconte encore Nicolas Gorjux. « Elle est mécène de pas mal de choses, très généreuse, mais elle ne s’épanche pas là-dessus », poursuit l’élu.
Et la politique ? « Ça lui a été plusieurs fois proposé, mais elle a toujours refusé, explique-t-il. Elle m’avait dit : 'quand je vois vos journées, ça ne fait pas envie' ». Le « frisson du sport », par contre, Anny Courtade l’a définitivement dans la peau. « Il n’y a qu’à la voir dans les tribunes. Elle est toujours à fond », rigole Jean-Noël Cabezas. Et ce samedi soir, face à Dijon, ne devrait pas faire exception.