INTERVIEW« Je vois ma carrière de sportif comme un valide » , lance Florent Marais

Natation : « Je vois ma carrière de sportif comme un valide », lance Florent Marais, médaillé aux Jeux paralympiques de Tokyo

INTERVIEWLe nageur du club d’Antibes se prépare déjà pour Paris 2024
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Florent Marais est arrivé au club d’Antibes en 2018. A 21 ans, le nageur qui souffre d’une agénésie de la jambe droite, une malformation le privant du péroné et d’une partie du mollet, vient de remporter la médaille de bronze aux 100 m dos, aux Jeux paralympiques de Tokyo.
  • Il a répondu aux questions de 20 Minutes avant de reprendre les compétitions.
  • Ce week-end, il participe aux championnats de France de natation handisport mais son objectif est sur l’année 2022, les championnats du monde et surtout… les Jeux de Paris 2024.

Seul athlète représentant les Alpes-Maritimes aux Jeux paralympiques de Tokyo, Florent Marais, 21 ans, est revenu avec une médaille de bronze, remportée lors du 100 m dos. Après « une reprise difficile », il s’apprête à disputer les championnats de France ce week-end à Berre l’Etang, dans les Bouches-du-Rhône. Le nageur qui souffre d’une agénésie de la jambe droite, une malformation le privant du péroné et d’une partie du mollet, revient avec 20 Minutes sur son expérience, « le rêve d’une vie », et sur les prochains défis qu’il veut relever.

Qu’est-ce que ça procure comme sensation d’être médaillé des Jeux paralympiques ?

Participer aux Jeux, c’est déjà le projet d’une vie. Remporter cette médaille, c’est permettre à mon rêve de grandir petit à petit. Depuis que j’ai 14 ans, j’ai décidé de consacrer tout mon temps à la natation. Ça induit beaucoup de sacrifices et énormément d’entraînements. En tout, ça fait dix ans que je prépare les Jeux paralympiques. Maintenant, je ne perds pas mon objectif de gagner une médaille d’or à Paris en 2024.

Comment préparez-vous cet objectif ?

Le retour à l’entraînement après Tokyo a été dur. Mais il est nécessaire. L’année 2022 est une grosse année. Il y a évidemment Paris mais aussi les championnats du monde. Donc, il faut repartir, se concentrer. Pour ça, c’est quand même dix entraînements dans l’eau, l’équivalent de 12 km par jour et 2h30 de musculation tous les deux jours. J’ai la chance d’être au club d’Antibes, qui est une des plus grosses structures pour la natation, avec deux bassins de 50 m, la possibilité d’analyses vidéos, des kinésithérapeutes et un staff technique présent rien que pour moi. On n’y arrive pas tout seul. Mon coach a déjà gagné sept médailles paralympiques et a beaucoup travaillé en haut niveau. J’ai donc une équipe qui sait comment on gagne une médaille.

Remporter une médaille d’or, l’objectif de tout athlète finalement…

En fait, je vois ma carrière exactement de la même manière qu’un sportif valide voit la sienne. La passion est venue petit à petit. A 9 ans, quand j’ai commencé la natation en suivant les conseils d’un médecin après une opération, j’ai compris que ça pouvait être mon truc. J’ai fait cinq ans avec les valides. A 14 ans, j’ai été sélectionné pour les championnats d’Europe handisport. A partir de là, j’ai su qu’il y avait quelque chose à faire et c’est de cette manière que j’ai tourné toute ma vie autour de la natation. C’est mon projet personnel et professionnel. Après, tant mieux si, grâce aux temps qui ont été faits durant les Jeux, les sportifs handisports font avancer les choses. Je suis toujours content de faire rêver les jeunes, de leur montrer que c’est possible et pourquoi pas être une façon de les motiver.

Comment, de votre côté, vous vous motivez ?

Je n’ai jamais vraiment eu de modèle. Je préfère aller voir les personnes à l’entraînement et analyser comment elles progressent. Les performances, tout le monde peut les voir. Moi, je m’inspire de toutes les personnes que je rencontre à l’entraînement ou en compétition. A Tokyo, par exemple, je ne voulais pas passer à côté des choses humaines et je suis persuadé que ça m’a été bénéfique et que c’est aussi grâce à ça que je suis rentré avec une médaille. En général, je vais davantage regarder celui qui est arrivé deuxième, qui n’a pas le « don » du premier, mais qui ne lâche rien et qui travaille à fond. Au final, j’ai ma propre nage et ma propre philosophie.