Disparition de Peng Shuai : Un mail attribué à la joueuse inquiète la WTA
TENNIS•Steve Simon, patron de la WTA, a réagi à l’e-mail prétendument envoyé par Peng ShuaiW.P, avec AFP
Trop gros pour être vrai. Un mail reçu par la WTA et attribué à Peng Shuai, dont le monde du tennis reste sans nouvelles une douzaine de jours après que celle-ci a dénoncé les violences sexuelles d’un ancien dirigeant chinois, suscite l’inquiétude du côté de son patron Steve Simon.
Le patron de la WTA, qui gère le circuit professionnel féminin de tennis, a dit douter des informations officielles provenant de Chine sur la championne. « Le communiqué publié aujourd’hui par les médias officiels chinois concernant Peng Shuai ne fait qu’augmenter mon inquiétude quant à sa sécurité et sa localisation », écrit Steve Simon dans un communiqué publié mercredi soir. « J’ai du mal à croire que Peng Shuai ait effectivement écrit l’e-mail que nous avons reçu et qu’elle puisse penser les mots qui lui sont attribués », ajoute-t-il.
Un mail suspect
La chaîne chinoise CGTN, destinée au public international, a dévoilé mercredi soir sur Twitter la capture d’écran d’un courriel attribué à Peng Shuai, que la joueuse chinoise aurait envoyé à la WTA, sans que l’authenticité du message puisse être confirmée.
Les propos tenus en anglais dans ce message à l’origine suspecte vont à l’encontre des déclarations de Peng Shuai, qui avait accusé un ancien vice-Premier ministre de l’avoir contrainte à un rapport sexuel il y a trois ans.
« Les informations, notamment concernant l’accusation d’agression sexuelle, sont fausses », affirmerait la joueuse dans ce message. « Je ne suis ni disparue ni en danger. J’étais juste au repos chez moi, tout va bien. Merci encore d’avoir pris de mes nouvelles ». Le contenu du message de la Chinoise a soulevé des doutes quant à son authenticité : des utilisateurs de Twitter ont relevé qu’un curseur était visible sur le message diffusé par CGTN, un phénomène étrange pour une capture d’écran.
Aveux forcés
Par le passé, le régime communiste a été accusé de diffuser des aveux forcés de suspects sur les médias publics. La même chaîne CGTN s’est vue retirer sa licence au Royaume-Uni en début d’année pour avoir diffusé des « aveux » attribués à un citoyen britannique arrêté en Chine. « Les dernières déclarations de Peng Shuai, publiées par un média public, ne doivent pas être prises pour argent comptant », a déclaré William Nee, de l’association Défenseurs des droits de l’Homme en Chine.
« Le gouvernement chinois a une longue expérience consistant à détenir arbitrairement des gens impliqués dans des affaires controversées, à les empêcher de parler librement et à les contraindre à des déclarations publiques », a-t-il estimé dans un communiqué.
Peng Shuai impossible à joindre
Le chef de la WTA a quant à lui observé que Peng Shuai avait « fait preuve d’un incroyable courage en décrivant des violences sexuelles dont elle dit avoir été victime de la part d’un ancien haut dirigeant chinois ». Il réclame par ailleurs une « preuve indépendante et vérifiable » que la joueuse est en sécurité.
« J’ai tenté à plusieurs reprises de la joindre par différents moyens de communication, en vain », souligne-t-il, en réclamant que Peng Shuai « soit autorisée à s’exprimer librement, sans coercition ni intimidation d’aucune sorte. »