Un retournement de situation en l’espace d’une dizaine de matchs. Très critiqué à son arrivée cet été à l'Olympique de Marseille, le gardien de but Pau Lopez, est en train de mettre pratiquement tout le monde dans sa poche. « Je suis absolument ravi de m’être trompé sur Pau Lopez. J’étais le premier à être septique et je l’assume, mais franchement faut savoir le dire, il nous fait gagner des points et brille depuis plusieurs matchs. Ses prises de risque au pied sont dingues et ses arrêts déterminants », reconnaît un supporter de l’OM sur Twitter. Depuis sa première titularisation contre Monaco (2-0), le 11 septembre, Pau Lopez a joué onze matchs, pour huit buts encaissés, dont trois contre Lens (défaite 3-2), et six « clean shits ».

C’était pourtant loin d’être gagné pour l’Espagnol. Arrivé blessé en provenance de l’AS Rome, « ma priorité a été de me remettre le plus vite possible de ma blessure à l’épaule », confiait Pau Lopez avant le match contre Lorient (4-1), le portier a surtout pris la place du monument de l’OM, Steve Mandanda. « C’était compliqué pour lui, à un poste où Mandanda avait une sorte d’exclusivité », a rappelé Jorge Sampaoli.

« Steve m’a beaucoup aidé »

Conscient de ce poids, Pau Lopez n’avait pas hésité à tresser des louanges à son homologue, comme pour s’excuser d’avoir pris sa place : « J’ai une très bonne relation avec Steve. J’en profite pour le remercier parce qu’il m’a beaucoup aidé. Ça en dit très long sur lui. Pas seulement comme joueur, mais aussi comme homme et capitaine de ce club. »

Après sa première titularisation contre Monaco (victoire 2-0), et malgré quelques approximations depuis, Pau Lopez reste sur quatre très bons matchs contre la Lazio Rome, le PSG, Nice et Lorient, donc. Avec quelques jolis arrêts, et surtout des sorties loin de ses buts bien senties. Comme contre le PSG, ou la Lazio. « Ça rejoint les consignes du coach. Quand on va presser, on joue plus haut et les défenseurs aussi. On doit être regroupés. Donc le gardien doit aussi jouer un cran plus haut si on va les chercher », a expliqué le milieu de terrain Pape Gueye.

« Psychologiquement, il a été très affecté »

Un gardien blessé à son arrivée, loin de convaincre les supporteurs, et surtout indésirable dans son dernier club après deux années en dent de scie. « Il a été acheté 23 millions au Bétis, ce qui fait de lui le gardien le plus cher de l’histoire du club, rappelle Rabal, l’un des animateurs de la page francophone de l'AS Roma​ sur les réseaux sociaux. Il enchaîne les bonnes performances jusqu’au derby contre la Lazio. Mais il fait une énorme boulette, ce qui coûte la victoire à son club alors qu’ils faisaient l’un de leurs meilleurs matchs de la saison ».

Un cafouillage incompréhensible de Pau Lopez qui va lui coûter sa place de titulaire, au profit de Mirante, discret gardien de 36 ans promis au rôle de doublure. « Psychologiquement, il a été très affecté et a plongé progressivement », poursuit Rabal.

« Son jeu au pied est vraiment catastrophique »

Il faudra attendre une blessure du gardien italien la saison suivante pour revoir Pau Lopez. Jusqu’à cette blessure à l’épaule au printemps 2021, contre Manchester United en Ligue Europa. Cet été, c’est finalement le nouvel entraîneur de la Roma, José Mourinho qui ne souhaite pas le conserver. Pas plus que les supporteurs, pour la plupart soulagés de le voir partir à Marseille.

Jorge Sampaoli, arrivé en mars 2021, cherche une doublure à Steve Mandanda, capable de jouer au pied. Ce qui n’est pas le fort d’El Phenomeno. Mais pas celui de Pau Lopez non plus, selon l’observateur de la Roma : « Les supporteurs de la Roma étaient contents de le voir partir parce que son jeu au pied est vraiment catastrophique. Ses relances sont très dangereuses, on dirait qu’il attend que l’adversaire vienne le frôler pour dégager. Et ça finit souvent en touche ». A l’OM, ce défaut ne semble pas avoir changé. « Tu peux être sûr qu’il va te dégager directement en touche au moins trois fois par match », s’étonne Yann, abonné du virage sud. Dingue, lorsque l’on sait que c’était l’argument de Sampaoli pour le recruter.

Force de caractère suffisante ?

Sur le reste, il faut clairement le taf et n’a encaissé que trois buts depuis la dernière trêve internationale. Au point que le débat de la concurrence avec Steve Mandanda s’estompe progressivement. Sauf pour Pascal Olmeta, l’ancien gardien de l’OM ne porte toujours pas l’Espagnol en estime. « J’étais au stade contre Paris, et non, non, non, il ne m’a pas convaincu. Il n’y a pas besoin de sortir vite pour rassurer ta défense. Il suffit d’être bon, d’être rassurant et la défense jouera naturellement plus haut », estime Pascal Olmeta.

Attention à la moindre bourde donc, puisque les supporteurs de l’OM ne sont pas réputés pour être plus tendres que ceux de la Roma, et surtout l’ombre de Mandanda continue de planer. « Pau Lopez est un mec très discret, très réservé. Est-ce qu’il aura la force de caractère pour faire face aux critiques des supporteurs en cas d’erreur ? Est-ce qu’il saura faire face au retour de Steve Mandanda, qui n’hésitera pas à reprendre sa place ? », s’interroge Rabal.

Environnement propice

Mais son environnement de travail à Marseille est plus propice au gardien de 26 ans, que celui de Rome. « Il semble bien armé, il a un bon capital confiance de la part de Sampaoli. Il retrouve l’entraîneur des gardiens qu’il avait au Bétis, Jon Pascua. Et il n’est pas tout seul, ça parle beaucoup espagnol dans le vestiaire », liste-t-il.

« Pau Lopez est très bien aujourd’hui, Steve Mandanda aussi, cela donne une concurrence saine. Quand on retrouvera le vrai Steve Mandanda, il redeviendra un pilier de cette équipe. Et quand les deux seront à leur meilleur niveau, ce sera à moi de prendre la bonne décision », s’est félicité Jorge Sampaoli. Sauf qu’on ne voit pas un retour de Steve Mandanda sans une blessure, ou une erreur. Et dans ce cas, Jorge Sampoli pourrait voir son gardien, désormais clairement numéro 1, plonger.