Ballon d'or : « Le meilleur du monde en ce moment », Karim Benzema, cette année, c'est pour toi ?
FOOTBALL•Karim Benzema a été prépondérant dans la conquête de la Ligue des nations avec les BleusAntoine Huot de Saint Albin
L'essentiel
- Karim Benzema a remporté la Ligue des nations avec l’équipe de France, dimanche soir face à l’Espagne.
- Que ça soit en sélection ou avec le Real, l’attaquant est toujours décisif.
- Il n’y a pas un candidat qui semble se détacher pour le Ballon d'or.
Ils n’ont même pas attendu que l’enterrement de la Roja soit terminé pour sortir les cotillons et le champomy. Huit minutes après avoir félicité l’Espagne pour son « extraordinaire tournoi et pour avoir atteint la finale » de la Ligue des nations, dimanche, le Real Madrid est reparti en croisade sur les réseaux sociaux dans son « opération Karim ». Un petit coup de propagande comme le régime nord-coréen sait si bien le faire pour mettre en valeur le dernier des Mohicans, KB9 : « Félicitations à notre extraordinaire joueur, Karim Benzema, Ballon d’or. » Voilà, c’est dit, Ballon d’or.
On n’est pas dupes, hein, le Real Madrid sait bien vendre ses joueurs dans la course au Graal, surtout quand l’évidence ne saute pas aux yeux. Rappelez-vous de Luka Modric en 2018, qui avait bénéficié d’une campagne cinq étoiles de la Maison blanche, sans même faire appel à Bygmalion, pour sauter Antoine Griezmann à quelques mètres de l’arrivée. Bref, le Real et le Ballon d’or, surtout après le règne de Cristiano Ronaldo, c’est une histoire d’amour (neuf joueurs primés au total). Alors, si on peut perpétuer la tradition avec Benzema, ne nous gênons pas.
Des stats énormes en club et en sélection
D’autant que le club de la capitale espagnole peut s’appuyer sur quelque chose de solide pour promouvoir le dossier de son joueur : un attaquant qui porte une équipe pâlotte à bout de bras, des golazos en veux-tu en voilà, un brassard de capitaine quand Marcelo ne joue pas (c’est-à-dire tout le temps) et, maintenant, un retour en équipe de France totalement réussi après cinq ans d’absence. « Franchement, c’est un truc de ouf, reconnaît, admiratif, Steve Savidan, l’ancien joueur de Valenciennes. Il a eu une forte capacité d’adaptation, d’intégration, de remise en question. J’espérais qu’il performe, mais je ne m’attendais pas à ce que ce retour en bleu soit aussi bon. »
Suffisant pour en faire le Ballon d’or 2021 ? « Je ne le vois pas hors du top 3, reprend Savidan. Ce trophée, pour moi, va pour celui qui a le plus d’impact sur son équipe. Et Karim, il porte le Real Madrid tout seul depuis plusieurs années. Il est un aimant à ballon, à pression, à polémiques… Cela décharge les autres joueurs d’un énorme poids. Il est tellement décisif [9 buts en 8 matchs cette saison, 23 en 34 l’an passé]. Même en sélection, il a des stats énormes. » Effectivement, l’équipe de France n’a ainsi jamais perdu lorsque l’ancien Lyonnais marque : 26 matchs avec un but de Benzema, 24 victoires et 2 nuls. Allez, emballez, c’est pesé.
Il n’a rien gagné avec le Real cette année
« Il est tout simplement le meilleur attaquant du monde en ce moment, résume Amara Simba, l’ancien attaquant du PSG. Il a un mental d’acier, car il en faut pour intégrer et réussir dans un groupe qui a été champion du monde. Quand on voit sa condition physique, on se dit bien qu’il a mis le foot en premier dans sa vie et que, maintenant, il veut enchaîner les trophées. » Dont le Ballon d’or, comme le Nueve le disait dans le journal espagnol As, il y a quelques jours :
« « Je vais faire tout mon possible et je vais travailler au maximum pour avoir ce grand trophée, afin, je l’espère, de le remporter un jour et réaliser ce rêve que j’ai depuis que je suis enfant » »
« Le seul bémol, peut-être, dans la candidature de Benzema, c’est qu’il n’a rien gagné cette saison, hormis la Ligue des nations, qui n’est quand même pas un titre majeur, admet Amara Simba. S’il avait remporté la Ligue des champions ou même fait une finale avec Madrid et un meilleur parcours à l’Euro, la question ne se poserait même pas. » Malheureusement pour lui, Benzema doit faire chaque week-end avec Nacho, Lucas Vazquez et le terriblement inconstant Vinicius. Pas les meilleurs partenaires pour rêver plus grand. Même pour affronter les terribles Moldaves du Sheriff Tiraspol.
Une surprise de dernière minute ?
Et puis, il y a aussi les adversaires. Avec les deux habitués des lieux, Leo Messi et Cristiano Ronaldo. « Des deux, c’est plus CR7 qui sera en mesure de concurrencer Benzema, assure l’ancien international français. Il est incontournable. Il arrive à Manchester United, il marque. Au Portugal, il est décisif et marque toujours [record de buts en sélection d’Ali Daei battu, avec 111 réalisations]. Messi est inexistant depuis son arrivée à Paris, hormis son but face à Manchester. Après, avec la Copa América remportée avec l’Argentine… »
Et puis, on n’est pas à l’abri d’une surprise : Un Kylian Mbappé qui surgit de nulle part, « même s’il n’a rien gagné en club non plus », dixit M. Bicylette du Parc des Princes, un Robert Lewandowski qui coiffe tout le monde au poteau, « même s’il est moins bankable que tous les autres », affirme Savigoal, ou un Ngolo Kanté qui récupère un nouveau ballon, même « si son absence avec les Bleus lors de la Ligue des nations peut lui être préjudiciable », ajoute l’ex-Valenciennois. « De toute façon, le vote se fait souvent plus sur le nom que sur les perfs », conclut Savidan. Du coup, nous, on a décidé de ne faire confiance qu’au juré de République centrafricaine. Oui, juste parce qu’il avait voté Karim Benzema pour le Ballon d’or 2018. El tiempo te dará la razón.