France - Espagne : Un peu pour Théo, pas trop pour les Bleus, Milan peu enthousiaste avant la finale de la Ligue des Nations
FOOTBALL•Tous les billets pour la finale France-Espagne à San Siro ont quand même été vendusWilliam Pereira
De notre envoyé spécial à Milan,
Bonne nouvelle pour l’UEFA et pour le spectacle. Toutes les places pour la finale entre la France et l’Espagne à San Siro ont été vendues. Ne vous attendez cependant pas à voir un stade plein à la télé, une jauge à 50 % est en vigueur et il n’y aura donc que 37.000 spectateurs – dont 4.000 Français, pas beaucoup plus d’Espagnols – pour assister à l’avènement du deuxième lauréat de la Ligue des Nations. C’est plus que les 18.500 spectateurs – dont 15.000 ont acheté leur billet après la défaite de l’Italie – qui verront la petite finale à Turin. Ce qui prouve quand même une chose : des Milanais s’intéressent un peu à cette compétition et, plus encore, aux deux équipes qui fermeront boutique dimanche soir.
Une attention pas forcément visible à l’œil nu. De nos balades dans les rues de Turin et Milan, on retiendra la douceur du soleil automnal et la quasi-absence d’enthousiasme ambiant et de signes d’existence de la compétition en ville. Comme à Lisbonne en 2019, à l’époque pour le Final 8 de la Ligue des champions, il faut s’aventurer dans les lieux à fort potentiel touristique pour trouver un semblant d’animation estampillé UEFA. Dans le quartier du Dôme, une vingtaine de pèlerins font la queue pour se prendre en photo avec une réplique de la majestueuse (bof) Nations League pendant que d’autres s’adonnent à de curieux un contre un dans des cages minimalistes relevant plus de la fête foraine que du football, à l’image de Chiara et Elisa, à la limite du fou rire après s’être adonnées à un concours de pointards à bout portant.
« « On a vu ça en sortant du Mcdo, donc on s’est dit pourquoi pas, se marre la première. La finale ? J’ai vu que l’Italie n’y est pas, donc ça m’étonnerait que je regarde. C’est bizarre de faire ça en octobre sur quelques jours, c’est trop rapide pour pouvoir attirer l’attention. » »
« On va suivre ça en mode Rital connexion »
Le tir à la carabine sur boîte de conserve n’ayant à notre connaissance jamais éveillé de passion subite pour le biathlon, il n’y avait aucune raison pour que les Milanais s’éprennent pour la Ligue des Nations après une tranche de rigolade balle au pied. Une belle affiche a en revanche plus de chances de faire son effet. Alors, Milan va-t-elle vibrer pour voir « l’attaque que le monde nous envie » à l’œuvre ? « Tu n’envies pas ce trio quand tu as Bernardeschi-Immobile-Berardi potentiellement alignables dans ta sélection, ironise Nicolas, franco-italien. Non, sérieusement, ça sera surtout focus sur le match de la Squadra. »
C’est l’impression qu’on a eue en passant devant un kiosque milanais : la presse attend une réaction des champions d’Europe après la déconvenue du début de semaine, et s’intéressera peut-être, après, à cette finale. « On va quand même regarder la finale, nous rassure un supporter milanais. Ça se joue chez nous donc on est quand même concernés. » Chauvinisme toujours, avec Nicolas : « On va un peu suivre ça en mode Rital connexion avec Deschamps, Pogba, Theo ».
All eyes on Theo
Si les deux premiers, et surtout Didier Deschamps, ont eu droit à leur petit moment de nostalgie à Turin – l’occasion pour le sélectionneur de rappeler que la Juve est « sa deuxième maison » et qu’il a gardé contact avec des « gens qui y sont toujours » – c’est principalement vers le jeune Hernandez que les regards milanais sont braqués. Car avant d’être l’homme de la remontada contre la Belgique, Theo est une idole en voie de développement du côté de San Siro, qu’il a rejoint en 2019 et appelle désormais « ma maison » en conférence de presse. « On joue chez moi, ça va être une journée incroyable. Et si on gagne ça le sera encore plus, de gagner à la maison. »
Rien de surjoué, le crush est réel. En clamant son amour pour le Milan AC et son idole d’enfance Paolo Maldini, Theo a gagné le cœur des tifosi rossoneri pour ne plus en sortir. Ses 16 buts et 17 passes décisives en à peine deux ans ainsi que son désir affiché de prolonger à San Siro en dépit de l’intérêt du PSG, qui le suit toujours malgré Nuno Mendes, sont autant de facteurs qui en font un personnage apprécié au club. On surveillera l’applaudimètre dimanche soir au stade, mais nul doute qu’il bénéficiera d’un traitement de faveur de la part du public milanais. Idée pour encore grimper dans les sondages : marquer une nouvelle fois le but de la victoire contre l’Espagne, tombeuse de la Nazionale en demi-finale. Avec un peu de chance, les Italiens s’intéresseront un peu plus à nous.