Basket : Avec Monaco et l'Asvel, et si c'était la bonne année pour les clubs français en Euroligue ?
EUROLIGUE•Les clubs français peuvent viser haut dans la plus grande Coupe d'Europe
Antoine Huot de Saint Albin
L'essentiel
- L'Asvel et Monaco sont les deux représentants français en Euroligue.
- Après des années de vache maigre, les deux clubs, auteurs d'un gros recrutement, peuvent espérer bien figurer.
- De là à viser le Final 4 ?
Si on vous dit une première pour un club français, les larmes de son joueur phare, les supporteurs en extase, club italien en face, 1993… Je suis, je suis, je suis ? L'Olympique de Marseille, évidemment. Patatras, pris au piège. C’était le CSP Limoges. Comment oublier Richard Dacoury et les siens soulever la Coupe d’Europe des clubs champions après avoir battu le Benetton Trévise (59-55). Ah, les frissons, le bon temps, la France qui gagne. Sauf que, depuis cette sainte année, comme pour le foot, c’est le trou noir pour nos clubs tricolores dans la plus prestigieuse compétition du Vieux Continent. Bis repetita cette saison ? Et bien non !
Bon, allez, on vit peut-être dans le monde des Bisounours, mais avec Villeurbanne et Monaco présents en Euroligue cette année, la France a de nouveau une chance d’aller loin en Europe. Les quarts de finale ? Le Final 4 ? Le titre ? « Le Final 4, c’est très ambitieux, mais possible, ne mettons pas de barrière, il faudra que toutes les conditions soient réunies, espère Angelo Tsagarakis, ancien joueur passé notamment par Paris-Levallois ou Bourg-en-Bresse. On a deux effectifs très bien fournis. Le top 8 devrait être un objectif réalisable, surtout pour Monaco. »
Monaco doit absolument se qualifier pour le top 8
Oui, car le club de la principauté s’est construit un effectif XXL, et on ne parle pas que de la taille des joueurs, pour sa première participation à l’Euroligue, acquise grâce à une victoire en Eurocoupe la saison passée. « Ils sont rookie dans la compétition, sans un effectif de rookie, avec des joueurs rompus aux matchs d’Euroligue, et même plus, comme l’Américain Mike James [top 3 des scoreurs de l’Euroligue depuis trois ans, passé par les Brooklyn Nets l’année dernière], reprend Tsagarakis. Il y a de la jeunesse, des internationaux, de l’excitation, de la barbac dans la raquette, des joueurs de collectif comme Motum ou Diallo, ça peut le faire. »
Surtout, à la différence de l’Asvel, qui est membre permanent, Monaco doit obligatoirement finir dans le top 8 pour pérenniser sa place en Euroligue. De quoi vous mettre une bonne pression avant le début de la saison. Croisé lors de la présentation de la Betclic Elite, mi-septembre, Yakuba Ouattara, l’arrière de la Roca Team, avait plutôt l’air trèèèès détaché : « On a aucun objectif de défini. L’objectif est de gagner le plus de matchs possible. » On ne s’est évidemment pas arrêté à cette réponse digne des plus belles prises de position de Raphaël Varane. Allez, Yakuba, vraiment ?
« Aaaaaaaaaah. On est des compétiteurs donc ce qu’on veut, c’est de rester en Euroligue. Au vu des ambitions du club, des noms sur le papier et de la compétitivité des joueurs, c’est sûr qu’on veut aller le plus loin possible. » »
« Mitrovic leur mettra des claques »
Ça a en tout cas bien commencé. Comme Villeurbanne, Monaco a remporté son premier match contre le Panathinaïkos (75-63), sans trembler. « Mais il faut rester mesuré, ce n’est plus le grand Pana, tempère Angelo Tsagarakis. Contre une vraie forte équipe [match face au Real le 13 octobre], ça sera plus révélateur. » Révélateur aussi de l’état d’esprit de l’équipe face à l’adversité. Parce que, avec les James, Motiejunas, Ouattara, Westermann, Hall and co, ça peut batailler au niveau de l’ego quand il faudra prendre les tirs décisifs.
« Chaque match, le héros peut-être différent, Il faudra bien que tout le monde reste aligné sur le collectif, reprend le Franco-Grec. Mais je ne m’en fais pas, car Zvezdan Mitrovic [l’entraîneur] leur mettra des claques sinon. Monaco a quand même des garanties, moins d’interrogations que l’Asvel, par exemple, qui a fait beaucoup de paris. »
Car après les départs de quatre joueurs majeurs (Heurtel, Yabusele, Cole, Fall), le club de la banlieue lyonnaise, fidèle à son crédo de développer les meilleurs espoirs tricolores, a recruté de très bons joueurs (Okobo, Antetokounmpo, Gist, Wembanyama…), mais qui n’ont pas forcément les références de leurs prédécesseurs. « On n’est pas prêt à affronter les meilleures équipes de l’Euroligue dans des matchs importants, reconnaissait la jeune promesse française juste avant le début de la saison. Mais cette équipe est prometteuse. On verra une montée en puissance durant l’année. Il y a du potentiel. »
Faire mieux que les saisons passées
« L’Asvel est dans une évolution positive, note Angelo Tsagarakis. Un truc s’est créé, même s’il y a eu un gros turnover à l’intersaison. Il y a des joueurs cadres comme Lighty, Diot ou Lacombe qui sont restés et sont garants du projet Asvel. TJ Parker, lui aussi est garant de cet esprit et démontre qu’il n’est pas seulement là parce qu’il est le frère du boss. » Quinzième au classement en 2019-2020, au moment de l’interruption causée par la pandémie de coronavirus, l’équipe rhodanienne a progressé d’un rang la saison passée. Encore loin des places pour les play-offs.
« En Euroligue, c’est toujours compliqué, reconnaît l’expérimenté Mike James. Même quand vous êtes considéré comme une grosse équipe, des clubs vous surprennent et s’accrochent jusqu’aux plays-off. J’espère qu’on sera cette équipe. » Parmi les 18 teams évoluant en Euroligue, on voit quand même mal une place parmi les 8 échapper au Real, au Barça, au CSKA, à l’Anadolu Efes Spor Kulübü ou au Milan. Il reste donc trois places. Dont deux pour les clubs français. Allez, on tient le pari.