FOOTBALLComment Henry est devenu en deux mois le consultant le plus excitant de L1

Ligue 1 : Comment Thierry Henry est devenu en deux mois le consultant le plus excitant de la L1

FOOTBALLEn quelques semaines seulement au micro de Prime Video, Thierry Henry a déjà conquis l'ensemble des suiveurs et suiveuses du foot français
Thierry Henry, (déjà) le GOAT des consultants foot en Ligue 1.
Thierry Henry, (déjà) le GOAT des consultants foot en Ligue 1.  - Valery HACHE / AFP
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Arrivé à la surprise générale sur la plateforme Prime Video cet été, Thierry Henry réalise des débuts remarqués dans son nouveau rôle de consultant pour la Ligue 1.
  • Jugé parfois hautain par une partie du grand public dans le passé, l’ancien buteur d’Arsenal a su s’adoucir et s’ouvrir pour offrir une image de lui un brin différente.
  • Au-delà de son charisme et de l’aura qu’il peut avoir auprès des footballeurs actuels, Henry est surtout loué pour la finesse de ses analyses de match.

«C’est-une-erreur-y’a-pe-nal-ty, gèèèère ton contrôle ». Invité à commenter la faute de main de Botman lors du derby du nord ce week-end, Thierry Henry nous a encore offert un joli moment de télé-pop corn. Une séquence mythique de plus à ajouter à la compile YouTube du nouveau consultant Prime Vidéo, dont la première apparition fin août au stade Auguste-Delaune risque toutefois de rester indétrônable un bon moment.

Ce soir-là, alors que les caméras du monde entier traquent de partout la petite silhouette de Leo Messi pour ses grands débuts en L1, les joueurs, eux, n’ont d’yeux que pour cette grande carcasse, costard taillé à quatre épingles et élégance toute british, sur le bord de la pelouse. En plein échauffement avec le PSG, donc, Kylian Mbappé aperçoit l’ancien Gunner au bord du terrain et stoppe immédiatement son échauffement pour venir le saluer.

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Situé à quelques mètres de là, le nouvel attaché de presse du Stade de Reims se souvient. « Il a tout arrêté d’un coup pour venir le checker ! Et derrière t’as Neymar qui fait pareil. En plus c’était un vrai exercice, genre contrôle-passe, pas un petit footing tranquille, raconte Jérémy Puzos. Et ce n’est pas lui qui se déplace, attention ! Il est sur son pupitre, il ne bouge pas, et ce sont les joueurs qui viennent à lui, c’est assez lunaire. Tous les projecteurs étaient braqués sur lui alors que c’était la première mondiale de Messi au PSG. Moi, perso, je n’avais encore jamais vu ça en France ».

L’homme qui a mis d’accord les Twittos

Cette scène dit tout du phénomène que représente l’arrivée de Thierry Henry en Ligue 1 cette saison. Des joueurs aux entraîneurs en passant par les supporters ou les journalistes, on vous met au défi de trouver une personne qui n’est pas déjà conquise par le nouveau GOAT de la profession. De son côté, s’il a pu nourrir au fil des années un certain ressentiment envers la France, notamment après son contrôle de la main contre l’Irlande qui mena au but de Gallas, en qualif du Mondial 2010, l’ancien buteur semble heureux de retrouver son pays.

C’est ce qu’il l’a raconté lundi à nos confrères du Parisien : « À part mon bref passage comme entraîneur à Monaco, ça fait très longtemps que je suis parti de France, que j’ai perdu cette proximité avec la L1 et le public. Ce rôle de consultant à Amazon me permet de refaire mon parcours et de revivre certaines émotions. » A l’inverse, le public qui a pu le trouver parfois hautain dans sa manière d’être ou de parler, est en train de découvrir une nouvelle facette du personnage. Un ton libre, des punchlines bien senties, un charisme à faire passer Mélenchon pour un vulgaire orateur de salle des fêtes et, surtout, des analyses d’une grande justesse, voilà le Henry 2.0.

Mais si le grand public semble découvrir les talents du Henry consultant, Smaïl Bouabdellah, le présentateur d’Amazon qui côtoie le personnage chaque semaine, n’est pas tombé de sa chaise en le voyant à l’œuvre :

« « Quand tu vois son CV de consultant en Angleterre, tu te dis qu’il a déjà les codes et une sacrée expérience. T’as des joueurs qui ont eu d’immenses carrières mais qui ne sont pas des consultants à la hauteur de celles-ci. Mais avec Thierry, il suffit de 15 secondes pour savoir ce que ça va donner. Quand il reçoit les compos d’avant-match, il va te dire " Non mais le latéral, les deux dernières fois il n’a pas joué pas comme, et puis il a évolué dans tel ou tel domaine par rapport à la saison dernière." Tu te dis " Bon, ok, le mec a bossé ! " » »

Et si en Angleterre certains spécialistes le trouvaient too much dans ses commentaires, notamment vis-à-vis de joueurs plus modestes que lui – et ce fut aussi parfois le cas lors de ses confs quand il entraînait Monaco –, Thierry Henry semble avoir corrigé le tir cette année. « ll s’exprime de manière plus calme désormais. Son expérience de manager l’a peut-être un peu changé, qui sait. C’est un travail très difficile et il a peut-être dû faire face à des gens qui ne voient tout simplement pas ce sport comme lui », disait à ce titre Barney Ronay, journaliste au Guardian, à L'Equipe début septembre.

Un boulimique de foot qui a toujours un coup d’avance

S’il n’est pas (encore ?) au niveau d’un Mathieu Bodmer, autre consultant Amazon qui peut vous réciter de mémoire les compos du match Guingamp-Martigues du 19 juillet 1995, l’ancien Barcelonais, déjà connu pendant sa première carrière pour s’enfiler 50 matchs par semaine à la télé, se défend au Trivial football. « Sur le haut niveau, sur les joueurs des cinq ou six grands championnats européens, il connaît tout le monde ! Après, si avec la Belgique il a joué le Kazakhstan et qu’il a aimé le latéral droit, il va venir te voir et te dire " y’a un latéral kazakh qui joue en D2 roumaine, suis-le, on va entendre parler de lui ". Mais parce qu’il a l’œil », poursuit le présentateur de Prime Video.

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Parmi les joueurs peu connus du grand public qui apparaissent sur sa love-list, l’un d’entre eux à même eu droit aux honneurs du patron après le match Reims-PSG. Une séquence, encore une, qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. On y voit ainsi le jeune Ilan Kebbal, 23 ans, regardant et écoutant avec les yeux de l’amour Henry lui tresser des louanges.

« Ilan, tu sens qu’il est ému, il se demande si ce n’est pas trop de compliments venant d’un tel joueur, mais parce que c’est un gars humble. Je sais que c’est quelque chose qui lui a fait super plaisir, raconte le responsable de la com rémoise. En plus l’histoire est belle car l’année dernière il était en Ligue 2 à Dunkerque, la saison d’avant il était en National. Et là tu te fais complimenter par l’un des plus grands attaquants de l’histoire, lors d’un match face au PSG ! C’est un mec qui vient de loin et je pense que quand Henry lui dit ça, il revoit aussi le chemin qu’il a parcouru pour en arriver là. »

« Thierry c’est Keyser Söze ! »

Des scènes comme celle-là, le compte Twitter de Prime Video en compte déjà des caisses entières. Comme cette interview avec Franck Haise, l’entraîneur du RC Lens, lui aussi avec des étoiles plein les yeux quand Henry déclare sa flamme au jeu des Sang et Or. « On se souvient tous de Mbappé et Neymar qui viennent le checker au bord du terrain, mais en fait ce sont tous les joueurs et les entraîneurs qui regardent le plateau en espérant que Thierry va les appeler pour discuter quelques minutes », se marre Bouabdellah.

« « Ça me fait penser à l’interview de Ganago après Monaco-Lens, embraye-t-il. Il avait marqué, Thierry lui parle un peu, tac, il repart pour faire une interview avec un autre média mais avant de partir, Ganago sort son téléphone et demande au mec de la com’de Lens tu " Tu peux me prendre en photo avec Thierry Henry s’il te plaît ". Je trouve ça génial. » »

Quand on demande à l’ancien présentateur de beIN comment il explique cette aura quasi christique, Bouabdellah évoque, au-delà du palmarès et des pions par centaines, « la passion sans faille de Thierry pour le foot ». Pour les références en revanche, mieux vaut être né au siècle précédent, car Henry fait souvent appel aux joueurs de son époque, comme quand il a comparé le magnifique but du Nantais Kolo Muani contre Angers à ceux que pouvait claquer son ancien coéquipier d’Arsenal Nwanko Kanu.

« C’est vrai que ça bascule vite sur le foot des années 90-2000 !, rigole le journaliste. Si tu lui parles de Nantes, il va vite basculer sur Japhet Ndoram, sur Monaco il va te dire « Victor Ikpeba il contrôlait le ballon de cette manière ». En fait quand tu parles avec lui en privé, tu vas parler du foot des années 90, des films des années 90, des séries des années 90. La dernière fois on a parlé d’Usual Suspects, ben voilà, Thierry c’est Keyser Söze (rires) ! ».