NATATIONLes sprinters français prêts à se tirer la bourre

Les sprinters français prêts à se tirer la bourre

NATATIONA l'approche des championnats de France, en avril, la tension monte entre les quatre membres du relais...
Romain Scotto

Romain Scotto

Impossible pour lui de masquer son impatience. Sous ses airs faussement décontractés, Alain Bernard commence à trouver le temps long. Trois mois qu’il n’a plus plongé en compétition officielle pour défier la concurrence, chasser les chronos et enfiler les médailles. A l’approche des championnats de France de Montpellier, mi-avril, qualificatifs pour les Mondiaux, le champion olympique du 100m retrouve progressivement ses réflexes de compétiteur. Et son appétit de champion.


Comme Bousquet, Gilot et Leveaux, ses trois compères du relais médaillé d’argent à Pékin, l’Antibois enchaîne depuis quelques semaines les meetings de préparation. Un bon moyen pour mettre en place sa technique et renouer avec les sensations. Mais sûrement pas pour jauger la concurrence. Sans vraiment l’avouer, chacun s’évite soigneusement. Dans ces conditions le duel Bernard-Leveaux du 27 mars à Strasbourg fait presque office d’exception.


L’exil de Bousquet


«Ils ont tous leur propre programme, note Denis Auguin, le coach d’Alain Bernard. Il n’y a pas de stratégie d’évitement. En tout cas pas de notre part.» Car loin de Sarcelles, où le clan des Antibois s’est arrêté samedi et dimanche, d’autres assument pleinement leur mise à l’écart. A Auburn, aux Etats-Unis, Frédérick Bousquet s’entraîne au côté du champion olympique brésilien du 50m, Cesar Cielo, pour échapper à «ce contexte malsain» qu'il ne supportait plus autour des bassins français.


Difficile d’échapper à cette tension dans un pays qui compte quatre des meilleurs sprinters au monde mais qui ne pourra tous les aligner en individuel aux prochains Mondiaux de Rome. Bernard (100m) et Leveaux (50m) sont assurés d’un ticket sur leur distance de prédilection, mais ils ne cracheraient pas sur un deuxième sésame. Quant à Gilot et Bousquet, ils joueront leur place en Italie dans la piscine de Montpellier.

Leveaux serein


«Cette émulation, elle existe depuis quatre ans, analyse Denis Auguin. Ça saute aux yeux du grand public maintenant, mais nous, on y est habitués. La natation française a aujourd’hui une densité unique au monde. Pour le relais, ce sera forcément toujours positif. Si tout le monde est au top de sa forme…» En attendant, l’entraîneur reste attentif aux pointages intermédiaires des quatre poissons-pilotes. Il n'a rien loupé des coups de forces répétés de Bousquet, du retard à l’allumage de Leveaux et du manque de régularité de son nageur.


«De toute façon, tout ce qui se passe avant les compétition, ça ne compte pas, esquive Alain Bernard. On n’est pas dans le même état. Chacun se prépare à sa façon.» Amaury Leveaux acquiesce: «A cette période de l’année, je ne fonctionne pas au temps. Je ne suis pas là pour marquer les esprits.» Comme Bernard, le géant de Mulhouse est plutôt un nageur de grands rendez-vous. Qui n’oublie qu’avant de faire tomber les records du monde à Rijeka, l’année dernière, il n'était pas le premier de la hiérarchie. Sans intox, pression, quête de repères et fuite des tensions, la donne peut très vite évoluer.