JO 2021: L’Américaine Sha’Carri Richardson privée du relais pour avoir fumé du cannabis
POLEMIQUE•La sensation du 100m ne sera pas à Tokyo pour avoir consommé du cannabis après avoir appris le décès de sa mère biologiqueP.B. avec AFP
La double peine est confirmée. Déjà écartée du 100 m en individuel, Sha’Carri Richardson ne participera pas non plus au relais olympique : l’Américaine, sensation du sprint mondial cette saison, contrôlée positive au THC après avoir fumé du cannabis, n’a pas été sélectionnée pour le 4x100 m, voyant sa dernière chance d’aller à Tokyo s’envoler, dans une affaire qui déchire le monde du sport – et au-delà – aux Etats-Unis.
La jeune sportive de 21 ans avait reconnu vendredi avoir été contrôlée positive à la marijuana à l’occasion des sélections américaines fin juin. Suspendue un mois du 28 juin par l’Agence américaine antidopage (Usada), ses résultats à compter du 19 juin ont été annulés, y compris sa qualification pour le 100 m olympique, obtenue sur le tartan d’Eugene (Oregon).
Sa suspension prenant fin le 28 juillet, cela lui laissait théoriquement la possibilité participer au relais olympique du 4x100 m – les séries du relais débutant le 5 août – si elle était sélectionnée par la fédération américaine d’athlétisme (USATF) et que ce choix était approuvé ensuite par le comité olympique américain. Mais l’USATF en a décidé autrement. Le nom de Richardson ne figure pas dans la liste des participantes au relais olympique 4x100 m dévoilé mardi soir, la fédération expliquant qu’elle avait la responsabilité de « maintenir l’équité » pour tous les athlètes.
Débat sur le cannabis
« D’abord et avant tout, nous comprenons parfaitement les circonstances atténuantes de Sha’Carri Richardson et nous applaudissons fortement la responsabilité dont elle a fait preuve, et nous lui offrirons notre soutien continu sur et en dehors de la piste », a déclaré l’USATF. « Bien que l’USATF convienne que le bien-fondé des règles de l’Agence mondiale antidopage relatives au THC [cannabis] devrait être réévalué, il serait préjudiciable à l’intégrité des essais de l’équipe olympique américaine d’athlétisme si l’USATF modifiait sa politique concernant la compétition, quelques semaines seulement avant les Jeux olympiques », a-t-elle ajouté.
« Tous les athlètes de l’USATF sont également conscients du code antidopage actuel et doivent y adhérer, et notre crédibilité en tant qu’organe directeur national serait perdue si les règles n’étaient appliquées que dans certaines circonstances », a conclu la fédération.
Même si le cannabis est légal en Oregon, la substance est sur la liste des produits interdits 24 heures avant une compétition, car elle peut réduire le stress. Mais de nombreux athlètes, notamment Patrick Mahomes et Megan Rapinoe, se sont indignés. L’acteur Seth Rogen a ironisé : « Si la marijuana vous rendait rapide, je serais Florence Griffith Joyner », détentrice du record du monde depuis 1988.
« Les règles sont les règles »
Richardson, 21 ans, avait fait sensation en avril dernier en devenant la sixième femme la plus rapide de l’histoire sur la distance, en 10'72'' lors d’un meeting en Floride. La coureuse de poche (1,55 m) se positionnait alors de manière foudroyante comme la principale rivale des deux flèches venues de Jamaïque, les championnes olympiques Elaine Thompson (2016) et Shelly-Ann Fraser-Pryce (2008, 2012).
« Je voudrais dire à mes fans, ma famille et mes sponsors que je m’excuse. Je savais que ce n’était pas autorisé, mais je l’ai quand même fait », s’était défendue Richardson après son contrôle positif au cannabis. « A vous tous, je présente mes excuses pour ne pas avoir su comment contrôler mes émotions pendant cette période », a-t-elle ajouté. La jeune femme a évoqué « un état émotionnel douloureux » après avoir appris la mort de sa mère biologique en pleine interview, pour justifier la prise de stupéfiants. Interrogé à ce sujet, Joe Biden a exprimé sa sympathie pour la jeune athlète mais l’a rappelé : « Les règles sont les règles. »