SKIGrange, pas loin de perdre la tête

Grange, pas loin de perdre la tête

SKI29e du slalom de Kranjska Gora, loin du vainqueur Julien Lizeroux, le Français voit son globe de cristal de plus en plus menacé...
Le skieur français Jean-Baptiste Grange, lors des Mondiaux de Val d'Isère, le 15 février 2009.
Le skieur français Jean-Baptiste Grange, lors des Mondiaux de Val d'Isère, le 15 février 2009. - F.Coffrini/AFP
Romain Scotto

Romain Scotto

En altitude, en même temps que les températures chutent et que l’air se raréfie, la pression atmosphérique est sensée diminuer. Mais il faut croire que dans la tête de Jean-Baptiste Grange, le phénomène s'inverse. Une fois de plus, pendant que son compère Julien Lizeroux termine son week-end en souriant, le Français rentre lui chargé de doutes, avec un dossard rouge de leader de la coupe du monde de slalom de plus en plus déchiré.

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Cette fois, c’est sur la pente de Kranjska Gora que le skieur de Valloire s’est liquéfié, terminant seulement 29e de l’avant-dernier slalom de la saison. La faute à une grosse erreur à mi-pente dans la seconde manche. En arrivant dans les Alpes slovènes, il avait pourtant la possibilité de décrocher le globe de la spécialité si, par un concours de circonstances, ses poursuivants au classement venaient à vaciller. Au final, l’avance qu’il comptait sur Kostelic (71 points) est désormais réduite à 49 points, juste avant l’ultime épreuve, dans quinze jours à Are, en Suède.

Les blagues de Cuche

Un scénario qui n’a rien de très rassurant. Dans la même situation, le Français avait offert le globe du slalom à Manfred Moelgg, l’année passée, sur la piste maudite de Bormio. Après la semaine vierge de Val-d’Isère, où Grange visait «au moins une médaille devant (son) public», l'inquiétude grandit sur la capacité du Mauriennais à supporter les regards et répondre aux attentes quand l’enjeu grandit. Ces derniers jours, même le Suisse Didier Cuche l'a chambré à ce sujet.

Le clan tricolore refusait jusqu’à présent d’admettre l’idée d’une éventuelle faillite mentale de son leader. Manque d’expérience, surplus de motivation, mais jamais ce syndrome qui ne colle pas à l'image des grands champions: la pression. Au moment de conclure l’année dernière, «il n’était pas assez centré sur sa course», relève le coach des bleus David Chastan. Le DTN, Ives Dimier, se persuade quant à lui que son skieur «n’a jamais craqué lors des Mondiaux», mettant son triple échec le compte d’une prise de risque trop poussée.

Lizeroux, le coup classique

C’est pourtant de cette manière que Julien Lizeroux a décroché dimanche son deuxième succès de la saison, un peu plus d’un mois après Kitzbuhel. Si les courses ne se jouaient qu’en deuxième manche, le Plagnard aurait déjà soulevé ce fameux globe de cristal. Suivant la recette qui lui permis de devenir vice-champion du monde et de décrocher la semaine dernière une nouvelle deuxième place, Lizeroux, 4e en première manche, a skié en funambule, à la limite de la rupture, pour coiffer Razzoli et Neureuther. «Pendant longtemps, c’était Jean-Baptiste qui rentrait avec la médaille dans la chambre et moi qui le regardait», expliquait Lizeroux il y a deux semaines. «Mais en ce moment, c'est l'inverse et c'est à moi de l'aider. On a un globe à aller chercher.» Qui sait si dans une dynamique inversée, les pressions ne peuvent pas s'équilibrer?