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« Sensations magiques », ils racontent la saison du dernier titre du FCN

FC Nantes : « Quelle chance d’avoir eu 20 ans en l’an 2001 », ils racontent le dernier titre du FCN

TEMOIGNAGESLe 12 mai 2001, à la Beaujoire, les Canaris deviennent champions de France en battant (1-0) Saint-Etienne
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Le 12 mai 2001, après un succès (1-0) contre Saint-Etienne à la Beaujoire, le FCN (A) était champion de France.
  • Vingt ans après, de nombreux supporteurs/trices n’ont pas oublié cette saison avec un final en apothéose.

Ils se souviennent tous ce qu’ils faisaient, ce qu’ils mangeaient, avec qui et dans quel état ils étaient, ce qu’ils chantaient. Il y a vingt ans, le 12 mai 2001, le FC Nantes s’offrait sa huitième étoile de champion de France après un but de Marama Vahirua et un succès (1-0). L'épilogue d’une saison pas toujours maîtrisée mais victorieuse au soir de la 33e et avant-dernière journée. 20 Minutes a proposé un appel à contributions (quelque 60 témoignages) sur ce dernier trophée remporté par le club nantais. « Quelle chance j’avais d’avoir eu 20 ans en l’an 2001 à Nantes, Pierre Bachelet était encore vivant et le FC Nantes aussi », lance Benoît, dont le meilleur souvenir est le succès en août 2000 des Canaris contre Marseille grâce à un but à la dernière seconde de Viorel Moldovan.

Le 19 août 2000, Viorel Moldovan donne la victoire (3-2) contre Marseille.
Le 19 août 2000, Viorel Moldovan donne la victoire (3-2) contre Marseille. - DENIS CHARLET / AFP

François décrit la soirée : « Grosse chaleur, le kop est bondé et les sandwichs au pâté ont du mal à supporter tout ça. Le jeu est d’ailleurs de s’en débarrasser sur la tête du mec dix rangs plus bas. […] 90e : but de Moldovan, le bonheur à l’état pur. » Les souvenirs de la saison sont intacts. Des tranches de vie indélébiles. Clément, 17 ans à l’époque, avait trouvé un moyen bien spécial de voir les matchs de ses héros. « J’allais dans un supermarché où des abonnements à Canal+ étaient vendus. Pour aguicher les clients, les matchs étaient diffusés dans le magasin. Quand Nantes jouait le samedi après-midi, je suggérais à mes parents d’aller faire les courses hebdomadaires dans cette enseigne, afin de pouvoir suivre les matchs devant les modèles d’expo… Le plus dur était de les faire tenir jusqu’à la fin du match. »

« Des "Raynald Denoueix, démission !!!" en début de saison »

Dans cette saison pas vraiment linéaire au niveau des résultats, beaucoup gardent en tête le triplé de Pauleta avec Bordeaux qui s’impose 5-0 à la Beaujoire, le 6 septembre 2000. « J’étais en 3e dans un collège de Saint-Brieuc, le seul supporteur canari, et les copains m’ont accueilli le lendemain matin en me saluant avec les cinq doigts de la main bien écartés, la manita !, raconte Freddy. Qui nous voyait champion ce soir-là ? » Surtout pas Vincent, en tribune Loire, ce soir de déroute : « Le FCN glissait au classement et on entendait des "Denoueix [entraîneur] démission". » A l’inverse, du titre de 1995, celui de 2001 était « au rabais », selon Anthony (un peu rabat-joie), journaliste à l’époque et toujours fan maintenant. « Aucune équipe n’avait dominé le championnat, aucune ne se détachait vraiment du lot. »

« Nantes était [néanmoins] une véritable équipe avec une volonté de gagner ensemble en intelligence avec des principes de jeu mis de côté depuis, estime, vingt ans après Sylvain. Les crochets de Frédéric Da Rocha, un Eric Carrière monstrueux dans la couverture de balle et l’intelligence de jeu, un Nestor Fabbri dégingandé bluffant… » Sébastien : « Une équipe qui mouillait le maillot. Nous avions des guerriers sur le terrain [Fabbri, Armand, Berson etc.], un vrai 9 avec Moldovan, et quasiment que des joueurs du centre qui représentaient nos valeurs [Savinaud, Landreau, da Rocha etc.] , celle d’un club familial, ancrée dans la culture de la région, qui cherchait constamment à faire du jeu. » Avec une tête pensante sur le banc de touche : Raynald Denoueix. Beaucoup le remercient encore aujourd’hui. « Il y avait le capitaine Landreau et le génie Denoueix », selon Benoît. « La plus belle interview de ma vie après le titre, admet Vincent, supporteur et encore journaliste. Sous un côté un peu austère tout ce qui sort de sa bouche est magique. »

L’envahissement du 12 mai 2001

Magique comme la soirée du 12 mai de Florian, qui se souvient avoir embrassé sur la pelouse après la victoire contre Saint-Etienne, une femme qui est toujours celle de sa vie. « Nous venons de fêter nos 20 ans en couple, nous sommes mariés depuis cinq ans et avons deux magnifiques enfants aujourd’hui. Ce titre a donc une saveur particulière pour nous. » Promesse d’amour pour certains, commencement d’une passion pour d’autres. A 13 ans, Quentin découvre la Beaujoire. « Je suis émerveillé par ce stade, les odeurs, l’ambiance, et les joueurs que je ne voyais jusque-là à la TV seulement. » Presque tous les quinze jours, lors de la saison 2000-2001, il grimpe « dans la 106 pour faire les 80 km reliant Mareuil-sur-Lay en Vendée à Nantes » pour contempler les « Fabbri, Carrière et Moldovan ».

Raynald Denoueix et Eric Carrière, meilleur entraîneur et meilleur joueur de la saison 2000-2001.
Raynald Denoueix et Eric Carrière, meilleur entraîneur et meilleur joueur de la saison 2000-2001. - DENIS CHARLET / AFP

Une grande majorité raconte forcément la soirée du couronnement, le 12 mai. Jérémy, 9 ans en 2001, était avec son père au Palais des sports de Beaulieu, « le match y était retransmis dans la salle ». « Plus le match avançait, plus c’était irrespirable. Le but de Marama [Vahirua], c’était l’explosion de joie. » Une déflagration plus intense évidemment dans l’enceinte même. « Le but de Marama, la pagaie à suivre et les cris de tout un stade », énumère Marina. Brice était à Liverpool quand Nantes est sacré. « J’écoutais RTL, je devais aller travailler mais j’ai écouté le match jusqu’au bout. Je chantais l’hymne à la Beaujoire tout seul. Quand je suis arrivé au travail, je l’ai dit à mon collègue de travail, un nord Irlandais supporteur des Reds, il m’a payé un whisky ! »

A la Beaujoire, tous ont en tête l’envahissement du terrain. « J’ai pu immortaliser ce moment avec une photo que je garde précieusement », indique Vincent, âgé de 18 en 2001. Raphaël avait même récupéré un bout de pelouse : « Un instant magique pour les enfants que nous étions. Une soirée mémorable et des sensations magiques qui perdurent encore, 20 ans après. » Tony lui aussi a gardé un « bout » de cette rencontre : « J’ai ramassé un morceau de pelouse pour le planter devant mon but de gamin chez moi. J’avais 11 ans, des étoiles plein les yeux. »

Puis, derrière, la nuit de folie dans le centre-ville de Nantes. Après avoir écouté Georges Eo, l’adjoint de Raynald Denoueix chanter Allumer le feu, Benjamin rejoint des centaines de Nantais à la fontaine place Royale. « Là, un copain en tong s’ouvre le pied sur un tesson de bouteille, fin de la soirée aux urgences. » « L’ambiance dans le tramway puis dans le centre-ville…. On ne revivra jamais tout ça ! », se désespère Cyrille. « Quel pied, que c’était beau ! », souffle, en conclusion, Nicolas.