Lizeroux en a pour son argent
SKI•Le Français prend la deuxième place du slalom après celle du super-combiné...Romain Scotto
De notre envoyé spécial, à Val d'Isère,
Il fallait le voir, dimanche après-midi, glisser lentement sur Bellevarde en éclaireur. Les bras flottant dans le vide, l'esprit plongé dans ses trajectoires, Julien Lizeroux serpente dans ses pensées sur le tracé piqueté par son entraîneur, Jacques Théolier. Comme si l'issue de ce slalom était connue et qu'une nouvelle médaille ne pouvait lui échapper. Moins d'une heure plus tard, le skieur de La Plagne laissera à nouveau danser ses bras. Un peu plus haut vers le ciel, cette fois.
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Lorsqu'il dérape dans l'aire d'arrivée, où l'accueille un barouf à faire vaciller Bellevarde, Julien Lizeroux sait que sa manche peut lui rapporter une médaille. Ce ne sera pas l'or, ravi par l'Autrichien Manfred Pranger, mais l'argent, comme six jours auparavant, sur cette même piste, dans l'épreuve du super-combiné. «J'ai pris beaucoup de risques. Ce qui compte, c'est l'esprit. C'est de croire en ce qu'on fait. Aujourd'hui, je suis fier de mon parcours. J'ai mis une stratégie en place et je n'ai pas dévié. Maintenant que ça marche, je ne vais pas changer.»
A 29 ans, le garçon «qui a toujours le péchon», selon Fabien Saguez, le DTN, a une fois de plus prouvé qu'il savait se surpasser dans les moments clés. «La pression, j'aime ça. C'est ce qui me permet d'avancer. Maintenant, je ressens juste un sentiment de plénitude et d'apaisement.» Radieux sur les épaules de ses entraîneurs qui le portent en triomphe, il restera donc le seul médaillé de ces championnats du monde dans le clan français, avec Marie-Marchand-Arvier. Longtemps feutré dans l'ombre de Jean-Baptiste Grange, il a parfaitement suppléé son compagnon de chambrée et complice. Aussi bien sur les podiums que devant les micros, après un slalom que «Jibé» tentera vite d'oublier.
Grange au tapis
Après la première manche, les 25.000 supporters amassés au pied de Bellevarde espéraient voir les Bleus décrocher un premier titre mondial depuis 2001. Ils l'attendront au moins deux années de plus. Le doublé tant espéré des deux compères s'est envolé au milieu de cette pente ensoleillée. Lorsque le skieur de Valloire a laissé filer ses skis sur une plaque de glace, dans un large virage à droite. Au temps intermédiaire, le Mauriennais était pourtant en tête, avant de commettre son erreur. Jacques Théolier, l'auteur du tracé, partagé entre la joie de Lizeroux et la moue de Grange s'est dit «désolé pour Jibé. Il a croisé les skis, et c'est ce qui l'a fait tomber.»
En s'élançant avec le troisième temps, il avait pourtant toutes les cartes pour décrocher sa première médaille à Val d'Isère. Mais pour lui comme pour cinq des huit derniers slalomeurs à s'élancer, tout s'est arrêté avant la ligne. Une cascade de chutes qui profite au passage à un autre Français, Steve Missillier, 6e à l'arrivée. Après un échec en super-combiné et une septième place en géant, le chef de file des Bleus quitte donc la station avaline bredouille. «Mais ce n'est pas pour cela qu'il a raté ses Mondiaux, anticipe Lizeroux. Il n'a aucun regret. Il va revenir plus fort. On a un objectif tous les deux, c'est qu'il nous ramène le globe de cristal en fin de saison. Et on va tout mettre en oeuvre pour ça.» Ce serait pour lui la plus belle des consolations.