Petit duel entre amis
SKI•Lizeroux et Grange visent tous les deux le titre mondial lors du slalom de dimanche...Romain Scotto
De notre envoyé spécial, à Val d'Isère,
Avec Jean-Baptiste Grange et Julien Lizeroux, l’équipe de France possède deux des meilleurs spécialistes du slalom. Mais aussi deux skieurs radicalement opposés…
Deux approches de la course
Grange: Son calme et son recul par rapport à l’événement lui donnent des airs de vieux briscard. «Jibé est comme ça, note Fabien Saguez, le DTN des Bleus. Il a besoin de beaucoup de sommeil. C’est un grand calme et parfois, il frôle la nonchalance.» Mais c’est aussi sa force. Toujours victorieux lorsqu’il prend le départ d’une deuxième manche avec la pancarte de leader, Grange n’a pas l’habitude de lever le pied quand la tension monte. Mais l’a-t-il déjà vraiment déjà ressentie?
Lizeroux: Rien à voir avec son compagnon d’entraînement. Julien Lizeroux est une pile électrique, toujours alerte, vif et réfléchi. Fabien Saguez confirme: «C’est clair qu’il a le péchon du matin au soir. Il met une bonne ambiance avec son tempérament.» Sur la piste, le skieur de La Plagne est tout aussi énergique. Il carbure à l’adrénaline et se dit plus fort avec la boule au ventre. «La pression j’aime ça», explique-t-il à la veille de son slalom. Devant son public, il n’aura pas de mal à la faire monter dimanche.
Deux attitudes sur les skis
Grange: Fluide, direct, harmonieux et élastique. Voilà les caractéristiques techniques du leader de la Coupe du monde de slalom. D’après Florence Masnada, il réunit toutes les qualités du skieur moderne, capable de s’exprimer dans toutes les disciplines. «Jean-Baptiste, c’est un félin, poursuit Saguez. Quand on l’observe, on ne voit pas grand-chose dans son ski. Ca coule.»
Lizeroux: Là aussi, il se démarque totalement de son compagnon de chambrée. Plus râblé, Lizeroux s’appuie sur un centre de gravité plus bas que Grange pour marquer ses appuis, analyse Sébastien Amiez, vice-champion olympique de la discipline en 2002. «Il est un peu moins posé techniquement, il a un ski plus à risques». Mais pas forcément moins efficace.
Deux morphotypes opposés
Grange: Dans son approche physique, le skieur de Valloire a trouvé le parfait compromis entre force, vitesse et élasticité. Depuis une hernie discale contractée à l’âge de onze ans, sa principale faille physique reste son dos. Même s’il s’étire tous les jours et possède une hygiène de vie d’ascète, il souffre régulièrement de lombalgies. Sur la piste, ses douleurs ont d’ailleurs façonné son ski, dans son placement et sa gestuelle.
Lizeroux: «Le ski c’est le chassis, le moteur c’est le skieur.» D’après l’image de David Chastan, coach du groupe technique, Julien Lizeroux est une grosse cylindrée. Plus petit et doté de segments plus courts que son cadet, il exprime sa puissance avec une vitesse de contraction élevée. Ses multiples opérations aux deux genoux et aux chevilles lui causent des problèmes de flexion et influencent son équilibre sur les skis. Dans sa préparation physique, il affectionne les sports de duels. Raquette en main, il sait aussi «envoyer du gros».