FOOTBALLComment le PSG et la L1 luttent-ils contre le fléau des cambriolages ?

Ligue 1 : Comment le PSG et les autres clubs luttent-ils contre le fléau des cambriolages ?

FOOTBALLPlusieurs joueurs professionnels ont été visés par des équipes organisées ces dernières années
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • Angel Di Maria et Marquinhos ont été cambriolés en même temps dimanche soir lors de PSG-Nantes.
  • Les joueurs de foot sont particulièrement ciblés par des bandes expérimentées qui savent comment opérer.
  • Les clubs et les joueurs eux-mêmes s’organisent pour faire face à ces intrusions, mais personne n’a trouvé la solution miracle.

Cela ne doit pas être simple de vivre dans la peau d’un commissaire de la BRB (brigade de répression du banditisme) de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Paris. À peine une bande de cambrioleurs spécialisée dans le vol par effraction chez les joueurs parisiens est-elle envoyée au trou, qu’il faut s’en coltiner une autre dans l’heure. Ainsi, si la bande dite du « Chat », ancrée dans le quartier de la Goutte d’Or, vient d’être renvoyée devant le tribunal judiciaire deux ans après avoir dévalisé les domiciles de Thiago Silva et Eric Choupo-Moting, au moins une autre équipe d’Arsène Lupin semble avoir pris le relais.

Pourtant, la bande du « Chat » ne sévit plus

Angel Di Maria est en effet le troisième joueur parisien vivant du côté de Neuilly à se faire visiter un soir de match depuis le mois de janvier, après Mauro Icardi et Sergio Rico. Concernant Marquinhos, qui ne vit pas au même endroit, l’enquête, menée par la PJ de Versailles semble accréditer selon L’Equipe la thèse d’une erreur de domicile, le joueur vivant juste à côté de la maison cambriolée dimanche soir, en présence de son père et de ses sœurs.

Si l’estimation du préjudice matériel peut varier – selon les informations de 20 Minutes, les chiffres « un peu extravagants » avancés dans le cadre du cambriolage de Di Maria (500.000 euros) doivent encore être confirmés – l’impact psychologique sur les joueurs concernés et leurs collègues de vestiaire ne doit pas être négligé. Le PSG a d’ailleurs sorti les grands moyens sans attendre, en annonçant à ses joueurs prendre à sa charge une « surveillance humaine » pour tout l’effectif dans les semaines à venir. Cadeau de la maison, comme après les attentats de 2015, quand certains cadres étrangers (à l’exception de Zlatan) s’étaient inquiétés de leur sécurité et avaient demandé un garde du corps/agent de surveillance individuel dans la minute.

« On sensibilise nos joueurs pour les matchs et les vacances »

D’autres clubs de L1, eux aussi familiers du home-jacking depuis que la mode est née à Marseille dans les années 2010, sont moins généreux. « Nous n’avons pas les mêmes soucis que les gros clubs, explique un directeur de la sécurité d’un club historique du championnat. Il n’empêche qu’on fait de la sensibilisation auprès de nos joueurs pour les matchs et avant leurs départs en vacances : déclencher l’alarme, prévenir les voisins ou donner les clés à des gens de confiance ». Et surtout, surtout, ne pas partager d’infos sur les réseaux sociaux du style « Youhou ! super week-end à Marrakech en perspective, can’t wait ». « C’est un peu à la mode, soupire une source policière. Leurs femmes exhibent sur les réseaux sociaux leurs montres de luxe, et les joueurs peuvent être suivis en sortant de l’entraînement par des malfaiteurs qui repèrent ainsi où ils habitent. »

Une précaution élémentaire que Wesley Lautoa et sa compagne avaient bien suivie avant de partir pour un week-end familial début mars. Raté. Le défenseur dijonnais est devenu le cinquième joueur de son équipe à subir un cambriolage en moins d’un an. La lanterne rouge du championnat a d’autres chats à fouetter en ce moment, mais elle reconnaît sous le manteau une forme d’impuissance. « On a arrêté de donner les mises au vert dans le planning de la semaine, souffle-t-on en interne, mais pendant les matchs, les joueurs sont des proies faciles. Quand il y a un déplacement, on prend l’avion la veille. Bon, les gars qui font ça savent comment ça marche. »

L’agent de sécurité, pas forcément la solution miracle

Les joueurs qui souhaitent une protection rapprochée sont invités à se prendre en mains. Les plus expérimentés passent en général par une conciergerie de luxe, où un wedding-planner de la vie se charge de les tranquilliser. « C’est une demande majeure de nos clients, pas seulement les sportifs, confirme Jérémy Vosse, fondateur de « Premium conciergerie ». Souvent, c’est pour être tranquilles lors de grandes fêtes d’anniversaire, où il y a beaucoup de jolies voitures à piquer, mais dans certains clubs ou dans certaines zones, ça peut être un agent de sécurité à l’année, par exemple un maître-chien chargé de faire des rondes et de rentrer régulièrement dans le logement par une porte dérobée pour vérifier que tout va bien. »

À Paris, où une majorité de l’effectif avait préféré mettre fin à l’expérience en 2016 quand le club avait communiqué qu’il ne paierait plus les factures lui-même, ils sont au moins quatre à s’être organisés de leur côté. Neymar, Mbappé… Di Maria et Marquinhos. La maison du capitaine parisien, située juste à côté de celle de son père, avait déjà fait l’objet d’une tentative d’intrusion en janvier 2020, tentative avortée par le déclenchement d’une alarme et l’intervention opportune d’un agent de sécurité.

Angel Di Maria avait déjà été victime d'un cambriolage à Manchester, en 2015.
Angel Di Maria avait déjà été victime d'un cambriolage à Manchester, en 2015.  - FRANCK FIFE / AFP

Mais l’épisode de dimanche soir montre bien les limites d’un tel dispositif, puisque Di Maria aussi bénéficie d’une surveillance qui ne lui a été d’aucun secours cette fois-ci. Le club, qui conseille déjà ses recrues sur les systèmes de surveillance (caméras et alarmes) à leur arrivée dans la capitale, va aussi être amené à repenser une autre consigne de base, celle de toujours laisser un proche au domicile en son absence, notamment les soirs de match.

Di Maria, un avenir en cause à Paris ?

Une précaution qui n’arrête pas les cambrioleurs, lesquels n’ont pas hésité selon nos informations à molester le père de Marquinhos en le frappant aux cotes pour se faire remettre les objets de valeur. La femme et les deux enfants d’Angel Di Maria n’ont pas connu pareille mésaventure, puisqu’ils n’ont rien entendu depuis le rez-de-chaussée de leur grand appartement, mais Pochettino devra faire preuve de beaucoup d’empathie avec son compatriote.

El Fideo avait déjà subi une intrusion traumatisante à son domicile mancunien, en 2015, et l’épisode avait contribué à entériner son départ. Impossible aujourd’hui, alors que le joueur vient tout juste de prolonger son contrat à Paris.