PSG-Barça : Avec Keylor « La Machina » Navas, Paris peut vraiment rêver plus grand cette saison
FOOTBALL•L’ancien gardien du Real a époustouflé la planète football mercredi soir face au BarçaAymeric Le Gall
L'essentiel
- Si le PSG s’est qualifié pour les quarts de finale de C1, il le doit en grande partie à son gardien Keylor Navas, étincelant mercredi soir.
- Au-delà de son niveau de jeu remarquable, le gardien costaricain diffuse une confiance et un esprit de guerrier à ses coéquipiers.
- Triple vainqueur de la C1 avec le Real Madrid, Navas est peut-être l’élément qui manquait jusque-là au PSG pour rêver de coupe aux grandes oreilles.
Au Parc des Princes,
Paris avait la Tour Eiffel, le PSG a désormais Keylor Navas. Vous trouvez ça un peu facile comme attaque de papier ? Ça l’est, absolument, mais que voulez-vous, on essaye de calquer notre style sur celui du Costaricain : FA-CILE. Oh, on aurait pu utiliser bien d’autres mots encore, mais celui-ci résume tellement bien la performance maousse costaud du gardien parisien mercredi qu’on aurait tort de se priver. Il n’est d’ailleurs pas exagéré de dire que si Paris va avoir la chance de jouer une place en demi-finale de C1 d’ici trois semaines, il le doit en grande partie à son nouveau monstro.
Et soudain, Navas porte Paris
Sans vous mentir, sur les coups de 21 heures 48 mercredi soir, on a vu flotter dans l’air comme un je-ne-sais-quoi de remontada, quand Kurzawa a remis tapis comme au match aller en allant botter Grizou en pleine surface pour offrir un péno au Blaugrana. À ce moment-là, et malgré l’ouverture du score de Mbappé sur penalty à la demi-heure de jeu, le PSG avait la tête au fond de la citerne après s’être mangé vague sur vague pendant près de 45 minutes. Ce que le coup de canon de Messi des 30 m pour le but du 1-1 n’a évidemment pas arrangé.
21 heures 48, donc : si la Pulga marque, l’arbitre siffle la mi-temps là-dessus, le Barça repasse devant à 2-1 et derrière, bonne chance à Pochettino pour ramasser les Parisiens à la petite cuillère. Mais Navas a mis un stop à l’histoire qui se répète, en déviant le tir de l’Argentin juste ce qu’il faut pour envoyer le ballon sur la barre. Le poing levé, le regard injecté de sang, l’ancien Madrilène vient d’irradier ses coéquipiers d’une substance encore trop méconnue à Paris et que s’apelerio « la confiance ».
« Un des meilleurs gardiens du monde », pour Pochettino
Pour Marquinhos, interrogé sur RMC Sport après la qualif’, si Paris « a su tenir », c’est d’abord « grâce à notre grand gardien, il a fait la différence ». Mauricio Pochettino s’est montré un peu moins avare de paroles en conférence de presse d’après-match : « Keylor a été incroyable. Il a vécu une soirée de dingue, il a fait un match énorme. Il a aidé l’équipe et c’est en partie grâce à lui si on est qualifiés. C’est un des meilleurs gardiens du monde et il l’a démontré ce soir au Parc ».
On peut même légitimement se demander si, à l’heure actuelle et tous championnats européens confondus, ce n’est pas carrément LE meilleur gardien au monde. Et si son jeu au pied laisse très clairement à désirer – encore heureux, le mec ne peut pas non plus tout avoir – pour le reste c’est le « top top » niveau comme dirait feu Thomas Tuchel. Face aux assauts répétés d’un Barça retrouvé, le Costaricain a étalé toute sa panoplie de super-sauveur. On vous en a sélectionné (et classé) quatre, vous vous ferez une idée.
1) Le penalty qui change le destin parisien
Cf. Troisième paragraphe
Note artistique : 9/10, parce qu’en plus d’être décisif et pas dégueu à voir, cet arrêt est celui qui fait basculer le sort de la rencontre. Et que c’était Messi en face.
2) Les phalanges de la win
23e minute, les Blaugranas continuent de déferler par vagues scélérates sur les cages de Navas, et Dest profite du air-marquage de Kurzawa côté droit pour entrer dans la surface et déclencher une mine à bout portant. Le ballon est cadré mais l’ex de Madrid a les phalanges assez fermes pour effleurer le cuir et dévier le tir sur la barre.
Note artistique : 8,5/10, il y a une part de chance – qui tient à quelques cm de phalanges – mais bon dieu que le geste est subtil.
3) L’exploit au premier poteau sur corner
Depuis quelques années les gardiens ont tendance à ne plus mettre de fameux « gars au premier poteau » sur corner. Principalement parce que ça ne sert que trop peu sur ce type de phase de jeu (ce qui est caution à débat), mais pour Navas c’est autre chose, c’est juste parce qu’il sait qu’il a l’envergure suffisante pour couvrir ses deux poteaux comme un grand. Ce qu’il a brillamment fait sur cette tête croisée vicieuse de Busquets au premier poteau, en boxant des poings avec autorité.
Note artistique : 8/10, pour la rapidité de déplacement sur sa ligne et la quasi-horizontalité de son corps dans les airs.
4) La manchette au sol
La rencontre aurait très vite pu tourner à l’avantage des Barcelonais, grâce notamment à un Ousmane Dembélé en fusion en première période. À la 11e minute, le Français déboule côté gauche, slalome entre deux défenseurs parisiens et se présente seul, en position légèrement excentrée, face à Navas. Le tir tendu à ras de terre du Français partait bien mais le gardien parisien s’est couché au sol à une vitesse folle pour ensuite placer une manchette des familles et détourner en corner.
Note artistique : 7/10, pas spectaculaire mais diablement efficace.
Navas et la C1, une histoire d’amour qui dure
Au total, Navas aura réalisé neuf arrêts (huit pour la seule première période) et évité à Paris de se liquéfier au fil du match. Mieux, de par sa prestance et ses performances, c’est comme si le triple vainqueur de la Ligue des champions avec le Real transmettait cette fibre de guerrier à toute l’équipe. Accordons-leur ça, si les Parisiens n’ont pas été bons (du tout) mercredi, au moins ont-ils montré une hargne rarement vue jusque-là sur les phases défensives. Quand on pense que Navas a été recruté pour 15 millions d’euros – c’est-à-dire peanut vu le niveau du bestiau – on en serait presque à revoir notre jugement sur Antero Henrique, le directeur sportif portugais (à l’origine de sa venue) tant décrié à l’époque.
Interrogé sur RMC Sport après la rencontre, le joueur, qui n’est jamais un grand bavard devant les caméras, a simplement expliqué que le Barça les avait « forcés à faire le maximum ». Ah si, en parfait gentleman, il a aussi dédicacé son arrêt sur penalty à « Sergio Rico et sa famille qui passent une période difficile [le joueur a perdu un proche quelques jours avant le match] ». Coéquipier modèle, apprécié et écouté par tout le vestiaire, Keylor Navas est peut-être l’élément qui manquait à ce club pour enfin « rêver plus grand ». C’est d’ailleurs pour ça qu’il a été recruté, car le garçon sait de quoi il parle. « Le groupe a des objectifs clairs, il faut être tous ensemble pour progresser et garder cette ligne de conduite jusqu’au bout, a-t-il indiqué en fin de soirée. Pour gagner [la Ligue des champions], il faut être uni ». Suivez le guide.