RECHERCHEDes chercheurs nantais préparent des sportifs français aux JO de Paris

Comment des chercheurs nantais préparent des sportifs français à l’or aux JO de Paris

RECHERCHEDepuis septembre, ces universitaires proposent à des sportifs, spécialistes du sprint, de collecter des informations indispensables à leurs performances
David Phelippeau

David Phelippeau

L'essentiel

  • Cinq chercheurs de l’université de Nantes sont partie prenante d’un programme national, porté par l’Etat, pour augmenter la performance de sportifs médaillables aux JO 2024 de Paris.
  • C’est la première fois que l’Etat dépense autant d’argent pour un programme lié à la performance sportive.
  • Deux chercheurs nantais expliquent à 20 Minutes leur rôle dans ce projet Fulgur.

Quand chercheurs et sportifs s’associent pour tendre vers l’excellence de la performance. Depuis septembre, cinq universitaires de Nantes collaborent (à une partie) d'un projet national porté par l’ Insep à Paris et nommé Fulgur. Lequel vise à optimiser la performance en sprint et à réduire l’exposition au risque de blessures de nombreux athlètes médaillables aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Trois disciplines sont concernées par ce programme financé par l’État : l’athlétisme, le rugby à 7 et le bobsleigh.

« C’est un projet win-win, explique Antoine Nordez, professeur à l’UFR Staps de l’université de Nantes et spécialiste de biomécanique musculaire. Nous, chercheurs aidons les coachs et sportifs à améliorer leurs performances et à limiter le risque de blessures et eux, nous aident à mieux comprendre les facteurs de performance et à produire de la connaissance scientifique sur ce thème. » Un programme néanmoins à la discrétion des entraîneurs et athlètes.

Première fois que l’Etat met autant d’argent pour un programme sur la perf'

Lilian Lacourpaille, maître de conférences à l’ UFR Staps de l’université de Nantes, se rend de manière régulière à l’Insep à Paris pour des batteries de tests. Le contenu de ses expérimentations est bien séquencé. « Grâce à un appareil installé sur l’athlète, on peut d’abord mesurer et estimer s’il est performant au départ, au milieu ou à la fin du sprint. » Ensuite, en laboratoire, on évalue quelle articulation du membre inférieur – soit la hanche, soit le genou, soit les chevilles – est la moins bonne en situation de sprint et doit être renforcée. Enfin, on confronte des examens médicaux (IRM) sur la structure des muscles du sportif avec la littérature scientifique pour savoir si « l’athlète présente un risque de blessure plus ou moins grand » à un endroit précis. Le sportif pourra ainsi travailler davantage sur un muscle pour éviter la blessure.

Le décathlonien Makenson Gletty pendant des test à l'Insep.
Le décathlonien Makenson Gletty pendant des test à l'Insep. - Insep

« A ma connaissance, c’est la première fois qu’il y a autant de moyens financiers mis pour le domaine de la performance, se réjouit Antoine Nordez. On trouvait des financements pour la santé, mais pour la performance, c’était souvent du bricolage. » Ce projet national Fulgur coûte près de 2 millions d’euros à l’État. « C’est la première fois qu’il y a une telle connexion entre les chercheurs et les sportifs, confirme Christine Hanon, à l’origine de ce projet et manager du secteur recherche à la Fédération d’athlétisme. On ne se prive pas d’informations pour les JO à venir de Tokyo, mais notre cible, c’est davantage ceux de Paris en 2024. »

En 2012, l’Angleterre avait lancé un programme de recherche ambitieux un peu similaire à Fulgur avant ses JO de 2012. Il avait contribué à leurs excellents résultats (29 médailles d’or, 3e nation au classement mondial des médailles). « On avait un train de retard en France… », note Antoine Nordez.

Jimmy Vicaut (spécialiste du 100 m), Déborah Sananes (spécialiste du 400 m) ou encore Aurélie Chaboudez (spécialiste 400 m haies) sont passés sur le projet. Le natif de la Cité des ducs Pierre-Ambroise Bosse (spécialiste du 800 m, champion du monde en 2017 à Londres) devrait s’y soumettre tout comme la Nantaise Laura Valette (spécialiste du 100 m haies). En janvier, des joueurs et joueuses de l’équipe de France de rugby à 7 défilent entre les mains des chercheurs nantais.

« On n’est pas grand-chose dans la performance de l’athlète, relativise le chercheur Antoine Nordez. On n’est qu’un support. On est juste là pour apporter notre pierre à l’édifice. » Et des détails qui auront peut-être une incidence sur la couleur de la médaille en 2024.