FC Nantes : Joueurs, jeunes, médias… Comment Domenech essaie de séduire tout son monde
FOOTBALL•Débarqué à Nantes depuis une petite dizaine de jours, l’ancien sélectionneur impose pour le moment une méthode reposant sur le dialogue auprès des différents acteurs du clubDavid Phelippeau
L'essentiel
- Depuis son arrivée à Nantes il y a une dizaine de jours, Raymond Domenech paraît imperturbable, notamment en conférence de presse.
- Pour le moment, il est beaucoup dans le dialogue et la pédagogie avec son groupe.
- L’ancien sélectionneur a déjà noué un contact avec la formation et souhaite mettre en place une passerelle entre les pros et les jeunes du centre.
Ce mercredi 30 décembre, jour de reprise des Canaris, Raymond Domenech (69 ans bientôt), fraîchement nommé coach du FC Nantes, a à peine posé un crampon sur le terrain d’entraînement de la Jonelière qu’il est déjà affublé d’un qualificatif peu glorieux. « Le Kita Circus, c’est évidemment son spectacle de marionnettes. Une 17e vient d’arriver au FCN, la 17e en treize ans, crache la sono de certains supporteurs goguenards du club nantais. Raymond Domenech va nous expliquer sa vision du football, de quoi nous faire marrer pour les prochains week-ends au Kita Circus. » Quoi de plus normal en même temps pour un natif de Lyon, la ville de Guignol.
Ce matin-là, Raymond Domenech ne remue pas un sourcil. Il feint de ne pas entendre pour mieux distribuer ses premières consignes et recommandations à son groupe. Bienvenue à Nantes. « Il en a vu d’autres, croyez-moi », confie en rigolant un de ses proches en faisant allusion au cataclysme de Knysna.
A l’instar de cette scène du premier entraînement, le technicien est habité par un calme quasi mystique depuis son arrivée. Pas un mot plus haut que l’autre lors de la conférence de presse de présentation aux médias qu’il a affrontée seul, sans aucun membre de la direction. Même zénitude aux deux autres rendez-vous médias, avant Rennes (0-0), lundi, puis juste après le derby mercredi soir, devant une salle de presse qui ne désemplit pas.
« J’ai été de l’autre côté, je sais ce que c’est… »
« Vous avez toute la liberté d’écrire ça, répond-il en souriant à un confrère qui lui fait remarquer que 0-0 est un score estampillé Domenech. Chacun écrit ce qu’il veut. » Avant de rappeler à chaque fois son rôle de consultant à La chaîne L’Equipe qu’il occupait avant son arrivée : « J’ai été de l’autre côté, je sais ce que c’est… » Domenech maîtrise sa communication. Noie le poisson comme personne quand une question le dérange. Certains y voient un jeu d’acteur, une farce supplémentaire au pays de Waldemar Kita. D’autres croient en sa sincérité lorsqu’il avoue qu’il a remis le survêtement pour humer à nouveau l’odeur des pelouses. « Il est heureux comme un gamin », confie un de ses proches. « Il aime le foot et ça lui manquait vraiment », lâche un autre.
Comme à chaque arrivée de technicien, les joueurs semblent charmés par la nouvelle méthode. « Il nous parle beaucoup, il nous dit ce qu’il veut exactement à chaque poste et comment on doit attaquer et défendre, jugeait le défenseur Sébastien Corchia après le triste derby breton (0-0). Cela nous aide beaucoup. » Discours de façade seulement ? Non. « Il est vraiment dans le dialogue, il explique beaucoup les choses », confesse-t-on dans l’entourage des joueurs. En même temps, il succède à une « huître », selon le terme d’un proche du vestiaire en référence à la communication minimaliste de Christian Gourcuff. S’il n’a pas réalisé d’entretiens individuels, l’ex-sélectionneur multiplie les tête-à-tête informels. En début de semaine, Domenech expliquait même vouloir mettre en place une sorte de conseil des sages « pour qu’il y ait un vrai échange et que les joueurs n’aient pas peur de dire ce qu’ils pensent ». Pallois, Blas, Touré, Louza et Abeid devraient composer ce petit comité.
Il est allé parler aux joueurs de la réserve
Samedi matin, le nouvel entraîneur nantais (avec son adjoint Robert Duverne) a noué un premier contact avec le centre de formation sous la forme d’une rencontre informelle avec Samuel Fenillat, directeur du centre de formation, et Stéphane Ziani, coach des U 19. Domenech a martelé que sa porte était toujours ouverte. Mardi, accompagné de Philippe Mao, le coordinateur sportif, il a joint la parole aux actes en se rendant à la séance de l’équipe réserve (N2) pour se présenter et affirmer son envie d’installer une passerelle entre la formation et les pros. Ce lien entre les deux secteurs avait été rompu sous Christian Gourcuff, fâché avec certains formateurs, et Vahid Halilhodzic, qui avait pourtant peu de temps après son arrivée prôné lui aussi auprès des éducateurs son attachement à la formation.
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« J’avance jour après jour et je fais comme si je devais durer dix ans dans le club… », a indiqué en début de semaine Raymond Domenech, dont le bail s’étire jusqu’en juin. Sa collaboration avec le président Kita, le seul favorable à sa venue au départ, commence tout juste. Elle pourrait vite être mise à rude épreuve avec le mercato de janvier, qui en est encore à ses balbutiements. Un marché souvent source de conflits entre Kita et ses coachs depuis treize ans. « Raymond est prévenu », sous-entend-on dans son entourage. D’autres aussi l’étaient avant lui.