Euro 2016 : « C'était une action commando... » Un CRS décrit les affrontements entre supporters russes et anglais à Marseille
FOOTBALL•Un CRS raconte les heurts entre supporters russes et anglais sur le Vieux Port en juin 2016W.P, avec AFP
Quatre ans après les affrontements entre supporters russes et anglais pendant l’Euro 2016 à Marseille, il n’y a plus aucun doute – si tant est qu’il y en a jamais eu : les Russes étaient les agresseurs et les Anglais les cibles. « C’était une action commando », selon le CRS Gilles Montfort, dont Andrew Bache est sorti handicapé à vie, victime d’un déferlement de violence.
« Les Anglais étaient sur le Vieux Port, il y avait beaucoup de consommation d’alcool, énormément de supporters anglais jetaient des projectiles, des bouteilles, mais il n’y avait pas encore d’affrontements », se rappelle le major âgé de 47 ans, au deuxième jour du procès de Pavel Kossov et Mikhaïl Ivkine, deux supporters du Spartak Moscou jugés pour l’agression de ce quinquagénaire anglais.
Les Anglais étaient ivres, les Russes non
Au départ, « des jeunes des quartiers provoquent les Anglais », en souvenir des échauffourées qui avaient marqué le Mondial-1998, à Marseille déjà, en marge du match Tunisie-Angleterre, se souvient le policier devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Le 11 juin 2016, le choc attendu est le match Angleterre-Russie, à 21 heures. En milieu d’après midi, le major Montfort apprend par radio « qu’une centaine de hooligans russes redescendent du stade Vélodrome ».
Quelques minutes plus tard, « tables, chaises et piquets de parasols » se mettent à voler, place aux Huiles, à quelques mètres du Vieux Port, et « les Anglais se font lyncher par les Russes ». « Les Anglais étaient ivres, très alcoolisés, mais les Russes ne l’étaient pas », insiste le major Montfort, surpris par la rapidité du groupe d’assaillants, arrivé « comme une armée » : « c’était une action commando ».
Une fois la place vidée à coups de grenades lacrymogènes, le gendarme aperçoit Andrew Bache « gisant sur le sol, sur le ventre, inconscient » : « Il avait le visage tuméfié à un point… On aurait dit un boxeur sorti d’un mauvais combat ». Sur les écrans de la salle d’audience, un zoom montre Andrew Bache, le visage déformé, en sang.
Une violence digne des OM-PSG des années 90
Sur le banc des parties civiles, Harry Bache, le fils de la victime, s’essuie les yeux et fixe les deux Russes de 34 ans dans le box des accusés. Son père n’est pas là : désormais infirme, il n’a aucun souvenir de cet Euro et a refusé de venir.
Gilles Montfort n’a pas assisté à l’agression de M. Bache, ni vu les deux accusés ce jour-là. Mais diverses vidéos montrent bien Mikhaïl Ivkine lançant une chaise vers Andrew Bache et Pavel Kossov le faisant chuter au sol d’un violent coup de poing à la tête, par-derrière. Une certitude pour le gendarme : « Pour voir une telle violence entre supporters, il faut remonter aux vieux OM-PSG, dans les années 90 ».