FORMULE 1« J'ai vu la mort de trop près », Romain Grosjean est sorti de l'hôpital

Crash de Romain Grosjean : « Je me suis demandé par où j’allais commencer à brûler », raconte le pilote à sa sortie de l’hôpital

FORMULE 1Le Français espère participer au dernier Grand Prix de la saison le 13 décembre
Julien Laloye

J.L. avec AFP

«J’ai vu la mort de trop près. Tu ne peux pas vivre ça et être le même homme », confie à l’AFP le pilote de F1 français Romain Grosjean, trois jours après son effroyable accident au départ du Grand Prix de Bahreïn dimanche. « Ces 28 secondes m’ont semblé 1 minute 30, mais ça ne m’a pas paru long, parce que j’ai toujours été actif », se souvient-il mercredi, à sa sortie de l’hôpital avec des brûlures aux mains, une entorse à la cheville gauche et des hématomes du même côté du corps.

« L’impact n’est pas le plus violent que j’aie connu de ma carrière, bien que les G l’indiquent. La décélération de 53 G [53 fois le poids de son corps], je n’avais jamais pris ça », raconte Grosjean. « Ensuite, je défais ma ceinture tout de suite, j’essaye de sortir de la voiture, je me rends compte que mon casque tape quelque chose. Je me rassieds, je me dis que je suis bloqué et que je vais attendre. »

« Mais sur ma gauche, c’est tout orange, je comprends que ça brûle. Je me dis : " Pas le temps d’attendre, je vais essayer de sortir sur la droite ", ça ne passe pas. Sur la gauche, ça ne passe pas. Je me rassieds », poursuit le Franco-Suisse. « J’ai pensé à Niki Lauda en me disant : " Je ne peux pas finir comme ça, pas maintenant ". Donc je réessaye de sortir, ça ne passe pas, je me rassieds et je vois la mort, pas de près, mais de trop près », continue-t-il. Un silence, sa voix tremble, son regard se voile. « C’est un sentiment que je ne souhaite à personne. »

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« C’est le soulagement, je vais vivre »

« Le corps se relâche, les muscles, la tête, tout. Je me suis posé la question de l’endroit par où j’allais commencer à brûler, si ça allait faire mal, mais je crois que c’est un moment qui permet au cerveau de "processer" ce qui se passe et d’essayer de trouver une solution. » Il pense alors à ses trois enfants. « Me dire que je ne peux pas les laisser, c’est là que j’ai trouvé la ressource de tirer mon pied bloqué, de tourner la tête, de passer les épaules, de mettre les mains pour me hisser en sachant qu’elles allaient brûler, mais que ça n’était pas grave. »

« Quand je mets le pied sur la barrière et que je m’en sors, c’est le soulagement, je vais vivre », se remémore le pilote, âgé de 34 ans. « Aucune panique, j’essaye de refroidir mes mains en les agitant, j’enlève mes gants, car je n’ai pas envie qu’ils collent à la peau. » Vient alors la douleur au pied gauche qu’il pense cassé, mais Romain Grosjean tient à marcher jusqu’à l’ambulance. Pourtant « en état de choc », il « veut que l’hélicoptère prenne cette image, que tout le monde voit qu’il marche. »

« Ça changera ma vie à jamais »

C’est qu’il a eu « peur pour les gens à l’extérieur », pas pour lui-même, et tient à les rassurer, à commencer par sa famille. Arrivé au centre médical, « je commence à trembler fort avec la douleur et le choc », ajoute Grosjean. Jean Todt, le président de la Fédération internationale de l’automobile, le rejoint. « Voir des visages familiers n’a pas de prix. » C’est là aussi que le pilote de l’écurie Haas peut enfin parler à son épouse.

Depuis, il « suit les indications des médecins pour récupérer au plus vite » et il a consulté la psychologue du sport qui le suit depuis des années. Si sa main gauche le lui permet, le natif de Genève espère participer au dernier GP de la saison à Abou Dhabi le 13 décembre, « pour savoir où j’en suis ». Il pourrait s’agir de son dernier Grand Prix en F1, puisqu’il laissera son baquet au fils de Michael Schumacher l’an prochain.