RUGBY« On s’amusait avec les copains à rejouer ses plus belles actions »

Mort de Christophe Dominici : « On s’amusait avec les copains à rejouer ses plus belles actions »… Vos souvenirs de l’ancien rugbyman

RUGBYLes lecteurs de « 20 Minutes » racontent comment « Domi » les a marqués, par un match, une action, une parole
Nicolas Camus

Nicolas Camus

L'essentiel

  • L'ancien joueur du XV de France et du Stade Français est mort, mardi, à l'âge de 48 ans.
  • «20 Minutes» a demandé à ses lecteurs de raconter leurs souvenirs et anecdotes à propos de l'un des plus grands joueurs de l'histoire du rugby français.

Un flot de témoignages, qui disent à quel point Christophe Dominici aura marqué au-delà du simple cercle des amateurs de rugby. Vous avez été très nombreux à répondre à notre appel à contributions pour rendre hommage à l’ancien joueur du XV de France et du Stade Français, retrouvé mort mardi après-midi à l’âge de 48 ans. Son style percutant, sa gouaille et sa personnalité vous ont autant envoûtés que nous.

Le témoignage d’Erwan, par exemple, permet de mesurer l’empreinte laissée par « Domi ». « J’étais à l’époque un jeune footballeur âgé de 8 ans, quand un camarade de classe m’a proposé de venir voir un match de rugby, Stade Français contre Toulouse, au stade de France. Une première pour moi. Je ne me souviens absolument pas du match mais je garderai à jamais en mémoire le moment où ce petit ailier a aplati pour le premier essai du match. La foule en plein délire, les drapeaux bleus aux éclairs rouges qui s’agitent dans tous les sens, et 80.000 personnes qui scandent d’une seule voix le nom de Dominici à l’appel du speaker… Le mercredi suivant j’ai rangé le ballon rond pour chausser les crampons du rugbyman. Le début d’une carrière encore en cours 17 ans plus tard. »

« Il restera à jamais un modèle pour moi et pour des milliers de joueurs amateurs », conclut Erwan. C’est un fait, le Toulonnais d’origine a marqué toute une génération. « A 18 ans, je me suis inscrit au rugby grâce à Domi, raconte Christopher. C’est lui qui m’a fait découvrir ce fabuleux sport. Il avait ce génie, ce truc en plus que seul lui osait et qui pouvait aller bien au-delà du rugby. » C’est grâce à lui également que Kevin s’est pris de passion pour ce sport. « Il était l’incarnation du French Flair, comme pouvaient l’être à leur époque Blanco ou Sella, nous dit-il. Petits, à l’entraînement, on s’amusait avec les copains à rejouer ses plus belles actions. »

« Nous étions tous fans de lui ! »

Et des belles actions, il y en a eu à la pelle. Ses grandes chevauchées, spectaculaires, lui ont permis de pousser la porte d’entrée des foyers français. « Un magicien, une légende, un joueur comme on en fait plus, avec son physique atypique, note David. De son essai de légende en demi-finale de la Coupe du monde 99 contre les All Blacks de Lomu, à celui marqué en finale du Top14 contre Biarritz, on ne pouvait que l’admirer. »

Ce match face à la Nouvelle-Zélande, vous êtes nombreux à en parler, évidemment. Dominici avait été à l’origine du premier essai des Bleus, avant d’inscrire celui offrant à la France l’un de ses plus beaux moments de sport. « Je n’avais que 12 ans, et il est devenu une icône. Nous étions tous fans de lui ! », s’exclame Bruno.

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Benoît, lui, ne croyait pas aux chances du XV de France, alors il avait passé son tour. Un rendez-vous manqué avec l’histoire, qu’il a pris soin de rattraper. « Quand j’ai appris le résultat, je me suis empressé de regarder la rediffusion, le soir ou le lendemain. Et quand j’ai vu le match… Je connaissais déjà ce joueur, mais là, son talent, sa vista, j’ai le souvenir ému de ce petit gabarit qui a répondu au géant Jonah Lomu. »

Pour Romain, 30 ans, ce moment fait partie de ses deux madeleines de Proust. « J’ai deux souvenirs très marquants, très jeune, c’est l’essai de Dominici contre la Nouvelle Zélande et le but en or de Trezeguet face à l’Italie, explique-t-il. Ce sont mes deux idoles de jeunesse. » On ne peut que saluer ce bon goût.

« Des exploits racontés, découverts, vus, revus, partagés »

Même ceux qui n’étaient pas nés pour voir ça ont été marqués par ce monument. « Je me souviens plus de son regard et de son sourire lors du Haka en 2007 face aux Blacks, note Joris, né en 2000. Mais j’ai regardé certains de ses matchs dont celui de 1999 et j’ai vraiment été ébloui par son essai. Quel joueur, quel sens du jeu ! »

Cette rencontre a fait entrer Dominici dans une autre dimension. Vingt ans plus tard, il faisait toujours partie des noms connus de tous, des petits jeunes aux mamies n’ayant jamais vu un match de rugby de leur vie. Il a permis au rugby de toucher un large public au tournant des années 2000. « Un mythe, une légende. Connaître son nom sans connaître son visage, puis connaître son visage et le reconnaître entre mille, et ne jamais l’oublier, écrit joliment Thomas. Des exploits racontés, découverts, vus, revus, partagés. Une source d’inspiration, dans mes pensés, pour toujours. »

Après une nouvelle victoire d'anthologie contre les Blacks, lors de la Coupe du monde 2007.
Après une nouvelle victoire d'anthologie contre les Blacks, lors de la Coupe du monde 2007.  - actionplus sports images/Shutterstock/SIPA

L’émotion est encore plus vive chez ceux qui l’ont rencontré, que ce soit une fois ou plus régulièrement. Cédric se souvient « d’une superbe rencontre au Tournoi des 6 stations à Châtel, et une magnifique photo avec mon fils en prime ». Mathilde, elle, garde en mémoire une sortie d’entraînement du Stade Français, où son père l’avait amenée alors qu’elle est adolescente, en 2007.

« J’avais des étoiles dans les yeux, fan de Dominici depuis son incroyable essai en 1999. Mon père, presque aussi fan que moi, l’a interpellé à la sortie. Lui et Mathieu Blin sont venus nous parler et même nous donner un porte-clefs de leur équipe. Je garde encore en tête ce moment de convivialité avec un homme qui, malgré son statut de star internationale, avait su rester humble, accessible et chaleureux. Ces quelques minutes avaient renforcé encore plus mon amour pour le sport, et aujourd’hui j’ai fait de cette passion mon travail, écrit-elle. Sans le connaître, il a fait partie d’une fraction de ma vie déterminante avec sa gentillesse. C’est avec une grande tristesse que j’ai appris son décès, comme si un pan de mon enfance s’était envolé avec lui. »

Un « gentleman » en toutes circonstances

Kevin, qui le croisait régulièrement dans les travées du Stade Jean Bouin, où évolue le Stade Français, confirme cette disponibilité. « Il avait toujours le sourire et prenait le temps de discuter avec ses supporters. Il manquera au rugby. Il me manquera », dit-il.

Gérard raconte, lui, une anecdote qui s’est déroulée il y a une dizaine d’années dans un restaurant d’Edimbourg, après un Ecosse-France. « Il était là, à partager un repas avec trois ou quatre amis. On était nombreux à le regarder du coin de l’œil. L’homme était simple, souriant. A une autre table se trouvait un couple. La femme était éméchée, du sud-est, avec une grande gueule. Elle était allée le voir, lui a fait une bise. Ils ne se connaissaient pas. Elle était sans gêne, elle l’a même un peu tripoté. Il l’a repoussée poliment, mais même repartie à sa table, elle l’interpellait toutes les trois minutes. Insupportable, quoi. Lui, grand gentleman n’a pas bronché. Un homme magnifique. Il paraît qu’il savait remettre un homme à sa place. Avec les femmes, fussent-elles stupides, il était un gentleman, un seigneur. »

Parrain d’une association pour aider les enfants malades

Un seigneur doté d’un grand cœur. Pascale nous rappelle avec raison qu’il était depuis neuf ans « le très beau parrain » de l’association « Imagine for Margo », dont le but est d’accélérer la recherche contre le cancer des enfants. Un aspect de sa personnalité que n’ont pas manqué de mettre en avant, aussi, ses anciens coéquipiers depuis mardi.

On terminera avec Julie, dont la lecture de « Bleu à l’âme », l’autobiographie écrite par l’ancien joueur en 2007, a aidé à surmonter un deuil. « Je me suis beaucoup retrouvée dans son témoignage, ayant perdu également mon frère, dévoile-t-elle. Cela m’a beaucoup aidé à me reconstruire et je lui en serais toujours reconnaissante. » On fait difficilement plus bel hommage.