BASKETTJ Parker peut-il résister à des débuts aussi décevants avec l’Asvel ?

Asvel-FC Barcelone : Propulsé en première ligne par son frère, TJ Parker peut-il résister à des débuts aussi décevants ?

BASKETPlus jeune entraîneur d’Euroligue, le frère cadet de Tony Parker peine à faire décoller une Asvel renforcée cet été, et qui se confronte ce vendredi (20h45) à l’armada barcelonaise
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Actuelle lanterne rouge d’Euroligue, l’Asvel va faire face, ce vendredi (20h45) à l’Astroballe, à un immense challenge face au Barça, leader de la compétition reine en Europe.
  • Nettement renforcés cet été (Norris Cole, Moustapha Fall…), les Villeurbannais peinent à lancer leur saison avec leur nouvel entraîneur principal TJ Parker (36 ans).
  • Alpha Kaba et Jean-Luc Monschau, qui ont connu le frère cadet du président de l’Asvel en tant que coach et joueur, se confient à 20 Minutes sur ses débuts difficiles comme numéro un.

«TJ n’est pas du tout menacé. » Avant de défier ce vendredi (20h45) le monument qu’est le FC Barcelone, actuel leader d’Euroligue, Tony Parker a profité d’une interview dans L’Equipe pour filer au secours de son frère cadet (36 ans), qu’il a nommé en juin entraîneur principal de l’Asvel. Une prestigieuse promotion pour l’ancien adjoint de Pierre Vincent, JD Jackson et Zvezdan Mitrovic, dont les débuts s’entourent de nombreux doutes, en raison d’un bilan médiocre en Jeep Elite (trois victoires et deux défaites), et même inquiétant en Euroligue avec un seul succès en sept journées.

« La série actuelle est certes décevante, avec des matchs qui ont pu basculer comme la semaine passée à Berlin [76-75 après avoir mené de 13 points en 4e quart-temps] mais je ne suis pas inquiet quant à la qualité du tandem TJ Parker-Frédéric Fauthoux, observe l’ancien coach du Sluc Nancy Jean-Luc Monschau. Tony sait parfaitement prendre les décisions qu’il faut pour son club, et avec neutralité. »

« Il n’y a eu aucun combat de notre part »

L’ancien intérieur villeurbannais Alpha Kaba (de 2017 à 2019), désormais à Nanterre, est plus nuancé : « On est tous surpris des résultats de l’Asvel jusque-là. Même si c’est une saison étrange avec le contexte du Covid-19, ça pousse à se poser des questions. » L’une des principales concerne la propension de TJ Parker à tirer le maximum du plus riche effectif de l’histoire de l’Asvel, avec 14 joueurs professionnels dont des recrues clinquantes comme Moustapha Fall et Norris Cole.

Après la claque face à l’Etoile Rouge de Belgrade (68-89) le 11 novembre, le plus jeune coach de l’Euroligue pestait contre ses joueurs : « Il n’y a eu aucun combat de notre part. Il faut gagner contre Saint-Pétersbourg et Berlin si on veut exister en Euroligue ». Deux semaines plus tard, il n’y a pas eu la réaction attendue, avec deux nouvelles défaites à la clé, avant de se coltiner ce vendredi l’armada catalane menée par Nikola Mirotic.

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« On ne lui a pas mis cet échec sur le dos »

Alpha Kaba a déjà pu voir de l’intérieur TJ Parker à l’œuvre dans la peau de numéro un, lors d’un intérim de janvier à mai 2018, déjà à l’Asvel. C’était après le limogeage de JD Jackson et avant l’arrivée de Zvezdan Mitrovic. Une courte aventure qui s’est achevée sur une élimination dès les quarts de finale du championnat au Mans. « On avait l’équipe pour aller au bout, se souvient le bondissant intérieur de 24 ans. C’était sa première expérience en tant que head coach et on ne lui a pas mis cet échec sur le dos. Il a peut-être fait quelques erreurs propres aux jeunes entraîneurs en prenant certains temps morts à de mauvais moments. Mais en tant que joueurs, nous étions les premiers responsables. »

TJ Parker, aux côtés de son meneur de jeu Antoine Diot.
TJ Parker, aux côtés de son meneur de jeu Antoine Diot. - MOURAD ALLILI / SIPA

Jean-Luc Monschau, qui a pu compter sur des tirs lointains décisifs… de TJ Parker pour devenir champion de France en 2018, garde en tête « un amoureux du jeu et de la compétition ». C’est en partie pourquoi Alpha Kaba a apprécié sa collaboration avec un coach « dans l’affectif », ayant apporté « du fun » aux entraînements tout en « nous poussant à nous surpasser ».

« Il aime être proche de ses joueurs et bien les comprendre. C’est sa manière de fonctionner en tant qu’assistant et il a conservé cela en devenant subitement coach principal en 2018. Il cherche à entrer dans la tête des joueurs pour analyser leurs besoins ou essayer de comprendre ce qui peut les frustrer. Certains entraîneurs ne perdent pas de temps avec ça mais lui, il nous parlait beaucoup en dehors du terrain. » »

TJ Parker ou l’anti-Zvezdan Mitrovic ?

Une description tranchant clairement avec l’ours monténégrin qu’a pu être son prédécesseur Zvezdan Mitrovic, limogé par Tony Parker en mai et actuellement en procédure avec l’Asvel. Reste que l’actuel coach de Monaco avait obtenu le doublé Jeep Elite-Coupe de France à Villeurbanne en 2019, ainsi que dix succès en 28 journées d’Euroligue la saison passée.

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Finalement, comment TJ Parker avait-il perçu son arrivée au club, synonyme de retour à la case adjoint pour lui, à l’été 2018, après avoir goûté à la lumière d’un numéro un à 34 ans ? « Tony Parker reste son frère et je pense que TJ était préparé à ce scénario, estime Alpha Kaba. Je n’ai pas senti de rancœur de sa part en tout cas, il a gardé la même passion et la même attention dans ses fonctions d’assistant. » Cette relation président-entraîneur entre les deux frangins Parker fait sans surprise beaucoup causer les supporters de l’Asvel depuis de longues saisons, et plus encore évidemment depuis cette reprise entamée dans la peau d’entraîneur principal.

« Jamais de gêne chez lui par rapport au statut de son frère »

« J’ai toujours trouvé que TJ savait bien gérer tout ça, d’ailleurs ça m’impressionnait, confie le néo-Nanterrien. Je n’ai jamais ressenti de gêne chez lui par rapport au statut de son frère. En tout cas, je ne sais pas si c’était par respect ou appréhension mais en interne, personne ne faisait référence au fait qu’il soit le frère de Tony. » Les suiveurs du club le plus titré en France ne prennent pas autant de pincettes sur les réseaux sociaux depuis quelques semaines, pointant l’absence de légitimité du nouvel entraîneur villeurbannais.

Jean-Luc Monschau se retrouve un peu dans la problématique touchant son ancien joueur : « J’ai coaché mon frère Christian pendant six ans à Mulhouse puis mon fils Stéphane une saison au Havre et on a toujours eu de bons résultats. Face aux interprétations, il faut se boucher les oreilles et être serein. Quand j’ai échangé avec TJ, il était clair pour lui qu’il devait faire abstraction de ces commentaires en coulisses. » Voire de s’en servir de levier pour s’imposer dans l’élite ?

Alors vice-président de l'Asvel, Tony Parker avait tenu en mai 2009 à assister à l'Astroballe à un match contre le Sluc Nancy... et son frère TJ.
Alors vice-président de l'Asvel, Tony Parker avait tenu en mai 2009 à assister à l'Astroballe à un match contre le Sluc Nancy... et son frère TJ. - PASCAL VILA/V.S.D./SIPA

« Il a des choses à prouver, en premier lieu à son frère »

« TJ a une grande confiance en lui et de l’ambition, indique Alpha Kaba. Il sait qu’il a des choses à prouver, en premier lieu à son frère, et forcément à toutes les mauvaises langues qu’il peut y avoir. Ça, c’est un gros challenge pour lui. » Jean-Luc Monschau sourit en se remémorant une situation improbable vécue durant la saison 2000-2001 de Pro B partagée avec son fils au Havre.

« Au bout de six mois de compétition, des joueurs américains de mon équipe sont venus me voir pour me demander si Stéphane était de ma famille », explique-t-il. Bon, TJ Parker a peut-être plus de chances de battre le Barça que de cacher à un joueur son lien familial avec le président de l’Asvel.