FOOTBALLDiacre joue l’apaisement mais remet la grande explication à plus tard

Equipe de France : Corinne Diacre joue l’apaisement mais remet la grande explication à plus tard

FOOTBALLAvant de tout mettre à plat, la sélectionneuse des Bleues veut que l’équipe se qualifie pour l’Euro face à l’Autriche. Un match pour lequel elle a sélectionné Amandine Henry, quelques jours seulement après son interview polémique…
Bertrand Volpilhac

B.V.

L'essentiel

  • Corinne Diacre a sélectionné Amandine Henry en équipe de France, quatre jours après son interview très critique sur sa sélectionneuse.
  • Si le temps est à l'apaisement, Diacre veut attendre après le match face à l'Autriche, décisif pour l'Euro, pour tout mettre à plat.
  • La sélectionneuse, très attendue en conférence de presse, s'est montrée combative.

Au milieu de son salon, devant un fond vert siglé FFF à moitié buggé et attendue par une trentaine de journalistes en visioconférence, Corinne Diacre prend la parole. Plutôt que d’égrener immédiatement le nom de joueuses qu’elle a retenu pour le prochain rassemblement de l’équipe de France féminine en ouverture, comme le veut la coutume, la sélectionneuse des Bleus annonce vouloir lire un texte en préambule.

Il faut dire que le contexte est un brin lourd, quelques jours à peine après la sortie très critique de sa capitaine Amandine Henry, et Diacre veut s’assurer de dire tout ce qu’elle a sur le cœur avant d’être mitraillée de questions. Combative, elle y explique vouloir « rassurer tout le monde » sur sa capacité à tenir le choc et se concentrer sur le prochain match décisif face à l’Autriche avant de s’expliquer « les yeux dans les yeux » avec les frondeuses, une fois la place à l’Euro sécurisée. « Il est inacceptable de donner en spectacle des querelles de personnes. Nous devons faire preuve de dignité », conclut-elle.

Le visage est fermé, le ton solennel. On n’en était pas tout à fait à convoquer les forces de l’esprit de Clémenceau, Blum et de Gaulle, mais l’union nationale réclamée dans un contexte où « la société se bat face aux difficultés » ferait presque faire passer ce match face à la terrible Autriche (22e au classement mondial) de formalité à finale de Coupe du monde. « Je ne veux pas négliger l’adversaire qu’est l’Autriche », coupe-t-elle.

Henry capitaine

Au fond peu importe. La sélectionneuse des Bleus, bien cabossée par plusieurs semaines de crise, joue la montre et s’évite une conférence de presse en forme de procès. « Les problèmes, on les réglera plus tard. Le match est la priorité », tambourine-t-elle au moment de justifier la sélection d’Amandine Henry, qui ne sera donc pas punie et restera même capitaine des Bleues.

« Ne pas la prendre lors du dernier rassemblement (ndr : ce qui avait déclenché l’ire de ses coéquipiers Lyonnaises en l’équipe de France) ce n’était pas un affront mais une décision à l’instant T, tranche Diacre. Elle est là, j’espère qu’elle sera concentrée sur l’objectif ».

Le plus content, dans l’affaire, c’est Noël le Graët. Dans une interview donnée à l’équipe juste après la conférence de presse, le président de la Fédération s’est félicité d’avoir trouvé une Corinne Diacre « très à l’aise et souriante, pleine de bon sens. Elle me paraît très bien dans sa peau. » Et s’est rallié derrière la tactique du : « On aura le temps après ce match de parler. »

« L’ambiance en équipe de France est très bonne »

Bref, tout ce beau monde s’est donc donné rendez-vous pour l’après Autriche, où NLG a promis de prendre les choses en main. D’ici-là, le fil sur lequel il tient en équilibre résiste à peu près, au moins jusqu’au soir du 27 novembre. Comme il le souhaitait, les meilleures joueuses sont là. Comme il le souhaitait, Corinne Diacre est prête à jouer le jeu, au moins sur le papier. « Elle montre qu’elle prend le recul nécessaire pour diriger une équipe » conclut-il, assurant que son poste n’est pas en danger.

Pour tout ça, on verra. Si la sélectionneuse assure « être prête à des remises en questions », elle n’a pas non plus levé le drapeau blanc. Une petite mine aux Lyonnaises qui ont « en commun » avec elle-même de ne jamais avoir gagné de titre en bleu, une autre à la gardienne Sarah Bouhaddi, dont elle a appris « avec surprise » qu’elle était prête à revenir en équipe de France​, sans oublier cette délicieuse tournure quand on lui a demandé si les contestatrices seraient dans le bon état d’esprit face à l’Autriche.

« « Normalement, j’ai affaire à des joueuses intelligentes, donc je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. » »

Bref, elle ne s’en cache pas, Corinne Diacre n’a aucunement prévu de « renier ses valeurs ». Et s’il y a des efforts à faire, « je pense qu’ils doivent sûrement être partagés », enchaîne-t-elle, avant une dernière défense long de ligne. « Je peux vous assurer que l’ambiance en équipe de France est très bonne. Je peux comprendre qu’il y ait parfois des réticences mais si vous venez en pleurant en équipe de France, ce n’est pas la peine de venir. Ce n’est pas parce qu’une ou deux ont manifesté des craintes et un sentiment de tristesse… Je peux vous assurer que ce n’est pas le cas de la majorité. »