FAITS DIVERSUn entraîneur de judo nordiste suspendu pour des faits d’agression sexuelle

Violences sexuelles : Un club de judo du Nord dans l’œil du cyclone après la suspension d'un entraîneur

FAITS DIVERSDes révélations de violences sexuelles faites ces derniers jours ont entraîné la suspension de deux entraîneurs dans des clubs du Nord de la France
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • Le judo français est dans la tourmente après la révélation d’agressions sexuelles par des entraîneurs ces derniers jours.
  • Les faits se sont produits dans le Nord où les dirigeants des clubs sont abasourdis.
  • Même stupéfaction à la Fédération où l’on regrette le manque de communication avec les clubs

Dans ce club de judo du Nord, c’est un tremblement de terre aux multiples secousses qui vient de se produire. Vendredi matin, la présidente de la structure reçoit un mail de la Fédération Française de Judo (FFJDA) qui lui annonce la suspension de l’entraîneur historique du club.

Il y a deux semaines, un signalement le concernant a été fait à la cellule anti-violence mise en place par le ministère des Sports pour des faits d’agression sexuelle et de harcèlement moral. « On m’a juste transféré le courrier reçu par notre entraîneur. Je suis tombé des nues. Car je n’ai jamais eu aucun retour de mes licenciés à ce sujet », assure la dirigeante.

Les parents des licenciés du club n’ont pas encore été prévenus

Déboussolée et abasourdie, elle n’a pas encore contacté les parents des licenciés. « Je me retrouve à gérer ça toute seule. On n’a encore rien annoncé. On ne va pas tarder à communiquer à ce sujet-là. Mais comme le club est fermé depuis début novembre avec le reconfinement, on prend le temps de se retourner. Mais très franchement, je ne sais pas comment m’y prendre », reconnaît la présidente du club.

Pour lui expliquer la marche à suivre, la fédération a prévu de contacter la dirigeante ce jeudi. Dans les locaux de l’instance nationale, on a encore la tête qui tourne depuis des dernières semaines et les révélations d’agressions sexuelles faites par Le Parisien. Car l’entraîneur mis en cause est loin d’être un inconnu. Ancien membre du comité directeur de la fédé et ex-président de la ligue régionale, le technicien exerce depuis 40 ans dans les clubs.

Les premiers faits remontent à plus de 25 ans

Jusqu’ici, il n’avait jamais été inquiété pour des faits d’agression sexuelle. Pourtant, les agressions qui ont été révélées ces dernières semaines remontent à près de 30 ans. « Les premiers faits datent de 1995. Mais nous n’avons jamais été informés au niveau fédéral alors qu’apparemment, ça se savait partout dans les clubs. On a tout découvert récemment. Qu’est ce que vous vouliez qu’on cache. Vous vouliez qu’on cache qu’un membre du comité directeur a commis de telles choses ? Mais notre intérêt aurait été de nous en débarrasser au plus vite. On ne pouvait pas imaginer ça de lui. C’était un homme charmant. On ne pouvait pas penser que c’était un prédateur. Sinon, j’aurais réagi », assure Jean-René Girardot, secrétaire général de la FFJDA.

Pourtant, l’ancien dirigeant n’est pas un cas isolé. Un autre entraîneur du Nord a été mis récemment en examen dans quatre dossiers différents pour des faits de viols, d’agressions sexuelles et de tentative de viols. Dans les colonnes du Parisien, l’une de ses victimes présumées racontait ainsi son calvaire : « Il nous faisait faire des exercices, si je faisais mal, il m’emmenait dans le cagibi et me mettait son truc dans la bouche. Ce cagibi, je pourrais le dessiner… ».

Ce coach nordiste, qui exerçait dans plusieurs clubs de la région avant sa suspension, connaissait très bien l’autre dirigeant mis en cause. Pourtant aucune information n’est remontée au sommet de la fédération malgré les rumeurs qui couraient depuis plusieurs années. Un manque de communication que tente d’expliquer Jean-René Girardot.

Un manque de communication entre les clubs et la Fédération

« La Fédération fait peur aux clubs. Ils ne savent pas comment l’affaire va être traitée. Et puis les gens ont l’impression de dénoncer des profs qu’ils connaissent et ce n’est pas facile. Il y a une espèce de silence qui se fait parce qu’on se dit que le club va en pâtir. Du coup, les rumeurs ne remontent pas jusqu’à la fédération. Elles restent autour des tapis dans les clubs », estime le secrétaire général de la FFJDA.

Avec ces premières révélations, la fédération espère désormais que la parole va se libérer plus facilement. Une cellule d’écoute psychologique va être mise en place pour entendre d’éventuelles autres victimes. Mais le mal est déjà fait dans les clubs concernés où l’on se prépare à annoncer aux licenciés et à leurs parents les suspensions des deux entraîneurs. La tempête est sans doute loin d’être terminée.