FC Nantes : Comment Randal Kolo Muani a pu devenir l’incontournable attaquant des Canaris
FOOTBALL•L’avant-centre, qui devrait être à nouveau titulaire dimanche face à Metz, est LA révélation du FCN cette saisonClara Le Nagard
L'essentiel
- Randal Kolo Muani, avant-centre du FCN, a connu une rapide ascension et a aujourd’hui trouvé sa place au sein de l’effectif nantais.
- Ancien joueur de l’US Boulogne (National), il voit ses deux premiers buts contre Monaco puis Saint-Etienne refusés, avant d’être décisif face à Brest (3-1).
- Titularisé en équipe de France espoirs, il a marqué son premier but sous les couleurs du maillot bleu contre la Suisse, lundi soir.
Il jouait encore en National la saison dernière… Randal Kolo Muani qui soufflera ses 22 bougies le 5 décembre prochain, est pourtant devenu, en quelques semaines, l’atout majeur des cartes de Christian Gourcuff. Et il le sera encore dimanche (13 h), à la Beaujoire, contre Metz. Titulaire dès le premier match à la maison contre Nîmes (2-1), le natif de Bondy (93) s’est imposé au poste d’avant-centre malgré la concurrence de joueurs plus expérimentés comme Emond et Coulibaly.
Disponible dans le jeu, capable de prendre la profondeur, percutant et décisif contre Brest (3-1) le 18 octobre dernier, Kolo Muani a tout d’un grand et son évolution ne semble pas surprendre ses proches et ses formateurs.
« Un joueur qui ne court pas les rues »
Le jeune Nantais est passé par plusieurs clubs parisiens avant de poser ses valises au FCN, en 2015. « On l’a repéré sur le tard, raconte Matthieu Bideau, responsable du recrutement des jeunes du FCN. C’est Odilio Gomis de notre cellule à Paris qui m’a appelé un jour pour me parler de Randal. Il était léger, félin. Il fait partie de ces joueurs qui ne courent pas les rues. »
Pour Grégory Sinobad, l’agent du numéro 23, la trajectoire de Kolo Muani n’a rien d’étonnante. « On est plusieurs à l’entourer et on n’est pas surpris parce qu’on savait qu’il avait un vrai potentiel avec des gestes de classe sauf qu’à l’époque il avait une nonchalance qui en faisait un "intermittent du spectacle" ». Un défaut qu’il va très vite gommer au profit d’efforts fournis au quotidien.
« J’ai rarement vu un jeune avec un potentiel comme ça »
Et c’est à l’US Boulogne que le joueur, aux origines congolaises, va se révéler. Malgré quelques minutes en pro lors de la saison 2018-2019 avec Vahid Halilhodzic sur le banc, le Canari n’est, à cette période, pas considéré. Il est d’ailleurs prêté à Boulogne, club entraîné par Laurent Guyot, la saison suivante. « Le staff pro à l’époque a préféré prendre Antonio Mance [Croate] à la trêve hivernale pendant que des joueurs comme Kader [Bamba] et Randal [Kolo Muani] flambaient en dessous. Ils étaient prêts à ce moment-là, regrette Matthieu Bideau. En partant à Boulogne, on savait que le tandem Guyot-Capoue allait lui faire du bien. » C’est après avoir écopé de deux cartons rouges et de huit matchs de suspension, que l’attaquant a changé de comportement. « A ce moment-là, on lui a rentré dedans, on lui a fait comprendre tout ce que Boulogne lui avait apporté et qu’il était redevable, raconte Grégory Sinobad. A partir de son retour, c’était un autre Randal. Il a fini sa saison au-dessus de tout le monde. »
Alors que Kolo Muani foule désormais les pelouses de Ligue 1, le déclic, il le doit, sans aucun doute, à son ancien coach, Laurent Guyot. « On fait partie des équipes avec une obligation de résultat qui recherchent des jeunes joueurs avec un potentiel au-dessus, explique le technicien nordiste. Lui, l’était, clairement. Rapidement, les adversaires ont compris que pour l’arrêter, il faudrait qu’ils fassent faute. J’entraîne depuis 2002 et des jeunes joueurs avec un potentiel comme ça, j’en ai rarement vu. »
Il a failli repartir à Boulogne…
Après seulement trois journées avec les Canaris, ses performances sont remarquées par Sylvain Ripoll, entraîneur des Bleuets, qui le convoque en octobre 2020 pour les matchs de qualification à l’Euro 2021. « C’est un joueur performant et efficace et je pense qu’il est revenu de Boulogne avec beaucoup plus d’atouts et d’arguments. Ça a été un choix de carrière intelligent. » Sa saison à Boulogne a même failli être prolongée car à son retour de prêt, l’attaquant n’était pas encore dans les plans du FCN, certaines personnes du club ne croyant toujours pas en lui. « Au mois de mars dernier, il a presque été question de reprêter Randal à Boulogne avec option d’achat, confie d’ailleurs son représentant. Mais finalement, ça ne s’est pas fait. »
Sous contrat jusqu’en 2022 avec le FCN, le jeune attaquant souhaite continuer à gagner du temps de jeu. « Pour l’instant il ne se pose pas de question, affirme Grégory Sinobad. Son objectif c’est de jouer le plus de matchs possible, de marquer le plus possible et d’aller à l’Euro. C’est un vrai bosseur et c’est un garçon qui a les pieds sur terre. »
Buteur avec les Espoirs lundi contre la Suisse, Kolo Muani a encore passé un cap. « Il a une marge de progression importante et c’est tout à fait normal pour un jeune joueur, mais il semble avoir pris conscience des exigences, déclare Sylvain Ripoll. Il est justement récompensé. Au-delà du temps de jeu, ce qui est important c’est d’être influent sur le terrain, et c’est son cas. » Et ça, beaucoup de personnes au FCN étaient loin de l’imaginer il y a encore quelques mois.