INTERVIEW«L’important, c’est de ne laisser tomber personne», défend Maracineanu

Coronavirus : « L’important, c’est de ne laisser tomber personne » défend Roxana Maracineanu

INTERVIEWRoxana Maracineanu, la ministre déléguée aux Sports, a longuement travaillé sur les mesures d’accompagnement proposée par le chef de l’État
Julien Laloye

Propos recueillis par Julien Laloye

L'essentiel

  • Emmanuel Macron et Jean Castex ont longuement écouté les doléances du monde sportif mardi 17 novembre
  • Le président de la République a sanctuarisé un fonds d'aide de 110 millions d'euros pour les cubs professionnels.
  • Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports, détaille les principales mesures d'accompagnement économique à 20 minutes.

Le monde du sport réclamait d’être entendu depuis longtemps par le président de la République. Il en a eu pour son argent, mardi, avec un Emmanuel Macron les oreilles grandes ouvertes depuis un salon de l’Elysée. Plusieurs mesures d’envergure ont été annoncées à des participants rassurés par cette attention toute particulière, à la plus grande joie de Roxana Maracineanu, qui œuvrait depuis longtemps en coulisses pour ce rapprochement entre le monde sportif et le président de la République. La ministre déléguée aux sports répond à 20 minutes.

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Cette réunion impliquant Emmanuel Macron était un vœu du mouvement sportif depuis longtemps. Êtes-vous satisfaite de ce qui a pu être annoncé ?

Bien sûr, C’est l’aboutissement d’un travail de longue haleine qui permet aujourd’hui de valider des mesures d’accompagnement qui étaient en gestation depuis plusieurs mois. Cette rencontre a donné à voir au président toute l’ampleur du secteur sportif, dans sa dimension sociale et économique. Le sport, c’est l’endroit où on fait tomber le masque et où on se touche, mais on peut aussi le présenter comme une solution, comme une boîte à outils pour qu’au sortir de la crise, il puisse jouer son rôle d’amortisseur social.

Le chef de l’État a confirmé une enveloppe de 110 millions d’euros pour les clubs professionnels. Comment sera-t-elle répartie ?

Le mécanisme de compensation de huis clos tiendra compte du taux de dépendance à la billetterie et de l’impact sur les pertes connues. En fonction de ça, il y aura bien entendu un plafond, parce que l’État n’a pas vocation à couvrir 100 % de pertes, et on sera très attentifs à ce qu’il y ait une équité, que les petits sports les moins médiatisés que sont le volley, le basket ou le hand, soient aussi concernées par la mesure. Je veillerai aussi à ce que le sport féminin, déjà plus fragilisé en temps normal, soit inséré dans cette mesure. En plus de ce mécanisme, il y aura une exonération de charges pour tout l’évènementiel sportif jusqu’à la fin de l’année, parce qu’on veut préserver l’activité jusqu’au retour du public.

Cet accueil du public se fera-t-il avec une jauge plus généreuse ?

Oui, le président a acté que ce retour se fera à partir de l’année prochaine, en prenant en compte une jauge relative, sur un périmètre de distance les uns par rapport aux autres. La piste d’un spectateur tous les 4 m2 a été évoquée, c’est-à-dire la distanciation avec le port du masque et le respect des gestes barrières.

Les Français pourront bientôt retourner au stade, mais quand est-ce qu’ils pourront pratiquer leur passion dans les clubs amateurs ou les associations de proximité ?

On est conscient que le monde amateur n’est pas du tout dans la même situation qu’en mars, quand les licences avaient été payées et les subventions versées. Si les clubs doivent rembourser les licenciés, le risque est gros de ne pas pouvoir rouvrir. Le message, c’est de dire que le mois de novembre est un mois pour travailler sur un nouveau protocole sanitaire incluant le non-brassage des enfants afin d’accueillir les mineurs dans les clubs courant décembre. Les enfants représentent souvent jusqu’à 80 % des licenciés dans les clubs. Si c’est début décembre, c’est mieux afin de proposer un service pendant les vacances.

Comment s’assurer que le décrochage évoqué par le CNOSF, 20 % de licenciés en moins à la rentrée, ne soit pas définitif ?

Par des mesures volontaires d’accompagnement économiques. Le chômage partiel a été prolongé y compris sur 2021 si nécessaire et un fonds d’aide de 34 millions d’euros concernera directement les associations qui fonctionnent entièrement sur le principe de bénévolat. Le danger, c’est de se retrouver sans éducateurs quand l’activité reprendra. On a aussi évoqué le pass sport, qui était une mesure réclamée le mouvement sportif pour venir en aide à l’accompagnement de familles qui veulent inscrire leur enfant au sport. Il y aura un lien de confiance à rétablir pour leur montrer qu’on peut faire su sport en toute sécurité, ce pass devrait y contribuer [il en coûtera 100 millions d’euros supplémentaires, ndlr].

Estimez-vous que ce plan d’aide suffira à refaire revenir les pratiquants à la fin du confinement ?

L’essentiel aujourd’hui, c’est de les mettre les clubs et les associations ou les structures privées [salle de fitness, foot indoor…] en situation de continuer leur activité. A la fin du confinement, on mettra l’accent sur la pratique sportive, on fera des campagnes de pub pour dire que le sport il faut en faire. Pour les personnes qui ont été malades, pour les personnes qui ont été affectées psychologiquement, pour les personnes qui veulent renouer avec les autres, le sport sera là et les clubs seront toujours debout. L’important c’est de ne laisser tomber personne et de faire bloc.