Coronavirus : Escrime-bouteille et twirling maison… Comment les sports d’adresse et de combat continuent à la maison pendant le reconfinement
EN VISIO•Malgré le reconfinement, des clubs ont décidé de garder le lien avec leurs licenciés en proposant des cours en visioNicolas Stival
L'essentiel
- Depuis le reconfinement, de nombreux clubs de sport ont dû s’adapter à la fermeture de leurs équipements.
- Grâce à des « visioentraînements », ils arrivent à maintenir le contact avec leurs licenciés, même les plus jeunes, et même lorsqu’il s’agit de sports d’adresse ou de combat.
- 20 Minutes a pioché quatre exemples à Toulouse et dans ses environs.
Après une saison dernière tronquée par le premier confinement, les sportifs amateurs espéraient vivre un exercice 2020-21 plus serein. Et puis, la « cata » : le reconfinement a provoqué la fermeture des terrains et des gymnases. Mais beaucoup de clubs ont décidé de continuer à fonctionner au retour des vacances de Toussaint, coûte que coûte.
A côté des exercices envoyés par mail ou en vidéo et des challenges développés pour maintenir la cohésion du groupe, ils ont parfois opté pour des « visioentraînements », au moins une fois par semaine. Tout sauf évident, surtout lorsqu’il est question de disciplines d’adresse ou de combat.
« Ça a tenu parfois du bricolage »
« Il s’agit plus d’un accompagnement de la pratique sportive, témoigne ainsi Marie Meyzie, maître d’armes d’Aucamville escrime, dans la banlieue nord de Toulouse. Je suis beaucoup moins intransigeante que dans la salle. » « Le professeur va forcément adapter les exercices, confirme Sophie Delage, présidente d’Aranha Kids et mère d’une licenciée de 10 ans dans ce club de jiu-jitsu situé dans la Ville rose. Il a fallu résoudre deux ou trois éléments techniques, ça a tenu parfois du bricolage, mais maintenant ça tourne. »
Que ce soit via Google Meet ou sur Zoom, la technologie doit suivre. « Il a fallu déplacer la borne Wifi, témoigne Nicolas, père d’une gymnaste de onze ans du club de GRS Labastide (Tarn-et-Garonne), à 40 km au nord de Toulouse. On avait tout installé dans le bureau, mais ça ne captait pas. Dans le salon, c’était compliqué par rapport au reste de la famille. Alors, Clara s’entraîne dans une chambre en travaux. »
Le système D est de rigueur, d’autant que les cours ne peuvent quasiment se faire qu’à l’intérieur la semaine après les cours ou le boulot, car la nuit arrive tôt. Et qu’ils sont souvent limités dans le temps : une réunion Zoom version gratuite ne dure que 40 minutes.
Par ailleurs, derrière un écran divisé en autant de fenêtres qu’il y a d’élèves, il n’est pas facile pour un éducateur de repérer les erreurs. « Une posture est plus facile à corriger que le maniement du bâton, glisse ainsi Marie-Laure Chicon, professeur du Twirling Club Villefranchois à Villefranche-de-Lauragais, à 35 km au sud-est de Toulouse. Nous faisons des exercices adaptés, pas des choses impressionnantes qui nécessiteraient de la place ou de la hauteur. »
La question de l’équipement
Avec une idée en tête, dans des disciplines très techniques où les sportives et sportifs, néophytes en tête, ont besoin de répéter pour ne pas perdre la main : « Tout ce que les filles ont appris, je ne veux pas qu’elles le perdent. Les débutantes, c’est la relève du club, son avenir. C’est elles qui feront de la compétition dans cinq ans. »
Le Twirling Club Villefranchois prête les bâtons à ses licenciées. De leur côté, les sociétaires d’Aucamville Escrime sont équipés au moment de s’entraîner (tenues, masque, gants), à une exception près : l’arme. « Les plus âgés ont la leur chez eux, remarque Marie Meyzie. Pour les autres, c’est "l’escrime-bouteille". Je leur demande de trouver une bouteille d’eau vide, ou un manche à balai. Mais aussi un objet qui ne se casse pas, comme un rouleau de papier-toilette, d’essuie-tout ou une peluche, à poser sur un support comme un tabouret, pour le faire tomber et ainsi travailler sa précision. »
« Tout le monde est content de se retrouver. »
A Labastide-Saint-Pierre, les filles de la GRS ont laissé de côté ballons, rubans ou massues. « Elles se mettent en tenue, elles ont leur tapis et leur bouteille d’eau puis elles font du sol et des exercices d’équilibre, détaille Nicolas, le père de Clara. Il y a beaucoup d’étirements avec des grands écarts. Tout le monde est content de se retrouver. »
Côté jiu-jitsu, il faut parfois compter sur la famille. « On a demandé qu’un parent, un frère ou une sœur se joigne à l’entraînement pour servir de partenaire, confie Sophie Delage, d’Aranha Kids. On garde le lien avec les enfants, et cela représente aussi un rendez-vous pour les parents. On a beaucoup tremblé au moment des inscriptions mais on commence à être rassurés. Certains départs chez les plus petits ont été compensés par une grosse arrivée d’adolescents. »
Cette volonté de rester en contact est soulignée par toutes ces associations, dont les effectifs ne dépassent pas les 100 licenciés, voire en comptent bien moins. Une question de convivialité, mais aussi d’économie, pour ne pas perdre trop de plumes lorsque la vie (à peu près) normale reprendra.