Ce XV de France a beaucoup grandi en un an et « le meilleur est à venir »

France – Irlande : Les Bleus ont beaucoup grandi en un an, et « le meilleur est à venir »

RUGBYLe XV de France n’a pas gagné le tournoi, mais il y a de quoi être optimiste
William Pereira

William Pereira

Au Stade de France,

On ne sait pas si c’est le coronavirus, les confinements ou la vitesse à laquelle cette équipe évolue, mais on a du mal à se dire que l’élimination du XV de France en quarts de finale de la Coupe du monde date d’un an à peine. Même Gregory Alldritt n’en revenait pas, au micro de France 2, après la belle victoire contre l’Irlande en clôture du Tournoi des 6 Nations​ : « on est très contents. Je pense qu’il y a un an de ça, on n’aurait jamais imaginé jouer une finale de Six Nations. »

Il a raison. Il y a un an, on pleurait en repensant au coup de coude et la retraite internationale de Sébastien Vahaamahina en se demandant comment la deuxième ligne des Bleus pourrait bien s’en remettre. Et surtout, surtout, il y a un an, on se contentait de victoires à l’arrache contre des équipes de seconde zone (Tonga, Etats-Unis) quand la version Galthié de cette équipe met des claques au pays de Galles et à l’Irlande en plus d’avoir battu l’Angleterre en ouverture du Tournoi. Résultat, une deuxième place que Fabien Galthié qualifie plutôt de « première place ex aequo » et le titre honorifique de meilleure attaque avec 17 essais marqués en cinq matchs. De quoi satisfaire le sélectionneur, pas forcément réputé pour être l’homme le plus indulgent de la planète.

« « On est satisfaits parce qu’on vient d’enchaîner sur une victoire probante contre l’Irlande qui nous avait battus à 8 reprises en 9 rencontres, satisfaits parce qu’on finit à égalité de points avec l’Angleterre. On est juste un peu déçus parce qu’à notre époque on aurait gagné le tournoi parce que c’était le goal-average particulier qui primait… Mais on a été au rendez-vous et on a réussi à mettre 35 points à une équipe d’Irlande qui domine le rugby mondial avec d’autres équipes et qui a prouvé ces dernières années qu’elle était compétitive. » »

La charnière donne le rythme

Remarquez la performance : le XV de France réalise l’exploit de ne pas gagner le tournoi en ayant battu les meilleures équipes du tableau, le tout en s’appuyant sur une charnière Dupont-Ntamack aussi brillante que décisive lors des deux derniers matchs. Galthié, élogieux : « ils sont très à l’aise dans l’animation. Ils ont pris beaucoup de maturité pendant cette compétition. Le vécu les a densifiés, comme toute l’équipe d’ailleurs. Ils terminent le tournoi avec un sentiment de réussite et d’allégresse, on est très satisfaits par notre charnière sur ce match-là et les précédents. »

Si tout n’est pas encore rose et qu’une certaine marge de progression demeure pour gagner des titres rapidement – coucou l’indiscipline – il faut rendre hommage à Fabien Galthié pour ses choix judicieux, à commencer par le staff. Car c’est dans le climat de travail créé par les architectes en coulisse que la dynamique actuelle prend racine, insiste Cyrille Baille. « Ce qui a changé c’est la façon de s’entraîner. On s’entraîne avec beaucoup de rythme, ça se ressent dans les matchs. » Les Bleus courent et plaquent plus et mieux, forcément, c’est mathématique, ils se donnent plus de chances de gagner à la fin.

Travail, famille…

Enfin, les images de joie et de communion au coup de sifflet contre l’Irlande puis dans le vestiaire, bière à la main, traduisent une certaine joie de vivre. Sans rentrer dans le cliché du groupe qui vit bien… ce groupe vit bien. « On grandit, on gagne, on se régale sur le terrain et on prend du plaisir », savoure le capitaine Charles Ollivon, parfaitement installé dans le rôle de leader que lui a confié, là encore à juste titre, Fabien Galthié. Baille poursuit : « on a une équipe jeune, on est ensemble depuis les équipes de jeunes pour certains et on réussit à avoir un bon mélange au final, avec un super état d’esprit. On est super contents ensemble et ça se ressent sur le terrain. »

L’optimisme tient ici tant à la fraîcheur du groupe qu’à ses résultats encourageants. Le XV de France a logiquement pris confiance et conscience qu’il peut déjà se frotter aux meilleurs. La deuxième place derrière l’Angleterre les motive donc plus qu’elle ne les abat. Ollivon : « la dynamique est là et on compte bien la faire perdurer. » Et Galthié, d’annoncer : « le meilleur est à venir ».