Mediapro : « On va trouver une solution », Roures tente de rassurer le foot français sans y arriver vraiment
FOOTBALL•Le patron du diffuseur du championnat de France n’a pas répondu aux interrogations lors d’une conférence de presse de criseJulien Laloye
L'essentiel
- Jaume Roures a tenu une conférence de presse pour justifier la position de Mediapro, qui n’a pas payé la dernière échéance de son contrat à la LFP.
- Le président du groupe sino-espagnol a essayé de rassurer les acteurs du foot français, en expliquant qu’il entendait respecter son contrat.
- Mediapro et la Ligue ont entamé une procédure de conciliation qui peut durer plusieurs mois, et qui n’a pas la garantie d’aboutir.
En arrivant au très chic Pavillon Dauphine, près du bois du Boulogne, on s’est surpris à imaginer un suicide en forme de feu d’artifice. Du champagne à volonté, des petits fours de chez Fauchon, et Jaume Roures qui nous conseille d’en prendre pour la maison, « parce qu’on y a passé tout le pognon, la Ligue 1 n’aura pas un radis, ahahah on l’a bien eu le père Quillot ! ». Evidemment, cela s’est déroulé un peu différemment. Le magnat catalan, qui a déjà arrosé le foot français d’essence en refusant de payer l’échéance du mois d’octobre, n’a pas souhaité craquer l’allumette.
Une procédure de conciliation bien mystérieuse
Pour autant on n’a pas avancé d’un pouce. Tout est suspendu à une procédure de conciliation avec la LFP qui peut durer jusqu’à cinq mois et sur laquelle ni Roures ni son avocat n’ont souhaité s’étendre, en dehors de manifester leur confiance dans le processus. « Je ne vois pas pourquoi on ne trouverait pas de solutions, j’ai confiance dans la Ligue, et je pense que le lien de confiance n’est pas irrémédiablement rompu. Ce n’est pas la première crise économique que connaît le foot français ».
Que cherche à obtenir le diffuseur principal de la L1, exactement : une ristourne ? Un report des échéances prévues en 2020 ? Le patron de Mediapro est resté flou sur ce point, comme à peu près sur tout le reste. « On parle de cette saison, pas de la totalité du contrat ».
Roures était là pour tenter de rassurer son monde. Les abonnés, qui peuvent continuer « à souscrire à la meilleure offre d’Europe », selon lui. Il a lâché le chiffre de 600.000 abonnements depuis le mois d’août, en plus de celles des opérateurs, ce qui n’engage que lui, même si c’est beaucoup plus qu’annoncé par certains médias. « Je suis venu pour assurer que Téléfoot va continuer. J’invite tous les téléspectateurs à regarder notre chaîne, on était là hier pour la C1, on sera là demain pour la Ligue Europa, personne ne peut nier cette réalité. On n’a pas surpayé la Ligue 1, on pense qu’il existe des abonnés pour consommer le football ».
« On n’a pas surpayé la Ligue 1, on respectera notre contrat »
Mediapro n’a pas surpayé, donc, mais il n’a pas payé non plus. Et il ne lâchera pas un centime de plus avant la fin de procédure de conciliation, ce qui signifie concrètement que les clubs français peuvent déjà dire au revoir à l’échéance du mois de décembre. Alors qu’une agence de notation célèbre estime la trésorerie du groupe sino-espagnol à 113 millions d’euros à peine début septembre, ce dernier a-t-il les moyens de payer, quand bien même il le voudrait ? C’est tout le nœud du problème, et Roures n’a pas clarifié grand-chose à ce propos.
« On est touchés comme tout le monde, mais on a toujours tenu nos engagements. C’est un groupe de 7000 personnes, avec un chiffre d'affaires de presque deux milliards, on n’est pas n’importe qui ». Mais encore ? « On n’est pas les seuls à connaître des difficultés économiques avec le Covid et à vouloir renégocier des contrats. Mais je n’ai pas dit qu’on n’avait pas la possibilité de payer ».
L’échéance de décembre aussi suspendue
Rappelant opportunément que Canal et BeIN avaient ouvert les hostilités en mars dernier au moment de l’interruption du championnat, en refusant de payer, Roures jette un voile pudique sur ses interventions de l’époque, quand il faisait la morale à ses concurrents, pas fichus d’honorer un contrat signé avec le foot français. Ce dernier peut continuer de s’inquiéter, même si une partie des arguments de Roures s’entend : « on ne peut pas faire comme avant. Les bars sont fermés, les gens ne peuvent plus se socialiser devant le foot, il y a moins de gens devant les matchs ».
Ce qu’il pouvait deviner au printemps dernier, quand il faisait la leçon à chaque interview. « Je le répète : nous allons respecter le contrat, et nous paierons ce qu’il ressort de l’accord de conciliation. » Et si ce dernier n’aboutit pas ? Silence de mort au micro.