PSG-Manchester United : Thomas Tuchel peut-il passer à la trappe après ce match « sans intensité » ?
FOOTBALL•L’entraîneur parisien semblait démuni après la défaite logique subie face à MU (1-2)Julien Laloye
Au Parc des Princes,
A la 25e attaque des ennemis du Roi, la forteresse parisienne tomba. Jamais, sous l’ère qatarie, le PSG n’avait été battu en match de poule à domicile, et ce n’est pas faute d’avoir été assiégé par les armées les plus puissantes du continent : Bayern, Liverpool, Real Madrid, Barcelone, et bien d’autres encore y avaient laissé une partie de leurs troupes. Mais c’est finalement Manchester qui a interrompu ce formidable règne. Cela a beaucoup à voir, avec le huis clos généralisé en ces temps de Covid, puisqu’on ne sait plus très bien si jouer à la maison veut dire encore quelque chose, mais la statistique ne va pas aider Thomas Tuchel à bien dormir.
Une impasse tactique qui saute aux yeux
On se risque à l’écrire, la position de l’entraîneur allemand n’a jamais semblé aussi précaire. Leonardo ne peut pas l’encadrer, et si on avait parfois envie de donner raison à Tuchel quand il critiquait en public le mercato de son directeur sportif, les excuses vont finir par tourner à vide. Leo lui a ramené une sentinelle de garantie (Pereira), un arrière-droit en reconquête (Florenzi), un créateur estampillé la Masia (Rafinha), et un avant-centre prometteur de complément (Keane), et il faut bien dire ce qui est : cela ne change rien au bouzin. Le PSG a continué de jouer dans son fameux 4-4-démerdez vous Neymar et Kylian, une variante du 4-4-2 qui touche ses limites, pour le dire poliment.
Alors, parfois, ça devient un 4-2-démerde-toi Neymar-2-1, mais c’est la même soupe qu’on nous sert. Pourtant, c’est pas faute de nous parler de structure, un des concepts préférés. Mardi, donc le PSG a « perdu sa structure » en deuxième mi-temps en passant à quatre devant et en laissant des boulevards aux Mancuniens en contre-attaque. La « structure » de départ n’était pas folichonne non plus, néanmoins. Notamment ce milieu à trois Danilo-Herrera-Gueye dont on ne voudrait même pas pour casser des briques dans un pénitencier. Tuchel a changé à la mi-temps, certes, mais c’était contraint et forcé : « Gana Gueye était blessé, il ne pouvait pas faire un sprint ».
« L’ambiance était trop calme dans le vestiaire », une explication un peu courte
Pourtant, on se disait qu’un type comme Rafinha pouvait au moins servir à ça quand Verratti n’est pas là, mais le staff parisien sait-il où il veut en venir, au fond ? Devant les journalistes, Tuchel semblait bien démuni après coup. Il a bien senti « que l’ambiance était trop calme dans le vestiaire avant le match, alors que d’habitude les joueurs écoutent de la musique très fort pour se concentrer », mais il n’avait rien vu venir en amont puisque « les entraînements avaient été très bons ».
Problème tactique, alors ? « on a voulu mettre de l’impact physique avec l’entrée de Moïse Keane en deuxième mi-temps pour ouvrir des espaces à Neymar et Mbappé », détaille Tuchel, « mais ce n’était pas un problème tactique ce qu’on a vu avant le repos. C’était une performance sans intensité, sans agressivité, sans récupération de ballon, sans contre-pressing. C’était un peu bizarre. Je ne sais pas pourquoi ».
Ce qu’on sait nous ? Cela ressemble à une drôle d’impasse pour l’ancien entraîneur de Dortmund qui doit composer avec cette saison bizarre à la préparation tronquée, mais sans le droit à l’erreur que pourraient lui octroyer ces circonstances exceptionnelles. « Paris a joué le Final 8, ça a joué sur leur début de saison, a tenté de le défendre Solskjear. On voit tous les week-ends des résultats surprenants en championnat, il va falloir être patients pour voir les grosses équipes au point ». La patience de Doha étant ce qu’elle est, on voit mal comment un autre résultat négatif en Turquie la semaine prochaine pourrait permettre à Tuchel de passer l’automne.
Pas un mot de travers sur les joueurs
S’il n’a jamais épargné ses dirigeants et en particulier Leonardo, le coach parisien s’est jusque-là bien gardé de charger ses joueurs, même quand les baffes se perdent. Il n’a pas dérogé à la règle mardi. « Il y a beaucoup de choses à améliorer mais ce n'est pas le moment ici d’être trop critique en public. Je vais toujours protéger les joueurs parce que je sais ce qu’ils ont réussi avant ». C’est une qualité qu’il faut souligner, quand beaucoup de collègues n’hésitent pas à en flinguer un pour l’exemple si ça peut servir leurs intérêts. Cela revient à s’en remettre à la République des joueurs, certes, mais ce sont toujours eux qui décident, à la fin.