Ligue des champions : « Il manquait une étincelle », selon l’emblème du Stade Rennais Romain Danzé
INTERVIEW•L’ancien latéral droit a commencé sa carrière en 2006 quand le club visait les places européennes. Il a tout vécu jusqu'à la qualification en Champions LeaguePropos recueillis par Camille Allain
L'essentiel
- Le Stade Rennais affronte ce mardi les Russes de Krasnodar pour le premier match de son histoire en Ligue des champions.
- L’ancien défenseur et capitaine Romain Danzé, aujourd’hui responsable des relations publiques et du développement du club, partage sa vision de cette progression.
- Pour lui, « l’étincelle » est venue du titre en Coupe de France et de la campagne européenne à Séville et Arsenal.
Sans le savoir, il a commencé sa carrière en pro à l’aube d’une saison inoubliable. A la fois magnifique et traumatisante. A tout juste 20 ans, Romain Danzé a rapidement goûté à l’amertume des désillusions rennaises. En cette saison 2006-2007, son Stade Rennais perdait Kim Kallström, Alexander Frei et Yoann Gourcuff et voyait sa qualification historique en Ligue des champions lui échapper. La faute à un but du Lillois Nicolas Fauvergue planté dans les arrêts de jeu.
Il aura fallu à Romain Danzé et à son club de cœur attendre treize ans pour voir leur rêve le plus cher se réaliser et se qualifier pour la Ligue des champions. Ce mardi, les rouge et noir reçoivent les Russes de Krasnodar pour ce qui restera à jamais un événement historique du club de François Pinault. Pour prendre le pouls du rendez-vous, 20 Minutes a interrogé son numéro 29 historique, aujourd’hui responsable des relations publiques et du développement du club.
Ce match à domicile face à Krasnodar, c’est celui à ne pas perdre ?
C’est dur de le qualifier comme ça pour un premier match. Ce qui est sûr, c’est qu’on va jouer crânement notre chance à chaque match, même à Séville et à Chelsea. On a montré par le passé qu’on était capables de belles choses. Il faut aborder cette compétition en étant décomplexés et en jouant comme on sait le faire. On va grappiller le plus de points possible. L’équipe se prépare pour ça.
Krasnodar, ce n’est peut-être pas l’affiche rêvée pour une première historique ?
On ne va pas faire les difficiles. Ça reste un match de Champions League, chez nous. Peut-être que Krasnodar ce n’est pas le nom ronflant qu’on aurait pu avoir, mais il ne faut pas les sous estimer. S'ils ont gagné le droit, comme nous, de participer à cette compétition, c’est qu’ils le méritent. Il faut se méfier. Il y a beaucoup de hâte de commencer, de découvrir cette compétition, de s’y plonger. Cette musique, elle fait rêver. On s’amuse à l’écouter, à la faire passer. Là on va l’entendre pour de vrai pour un match officiel, dans notre stade, pour la première fois.
Le rêve vous l’avez touché du doigt en tant que joueur en 2007. Vous étiez titulaire lors de la désillusion. Racontez-nous…
Dans le vestiaire, tout le monde était abattu. Il n’y avait pas un mot, personne n’osait parler. C’est un gros regret, une grosse cicatrice. C’est un peu le ciel qui nous tombait sur la tête quand Nicolas Fauvergue a marqué. Ça aurait pu permettre au club de grandir encore plus à cette époque-là. Mais on n’a pas fait ce qu’il fallait sur le terrain. C’est le sportif qui a parlé. Ça s’est joué à quelques secondes. Quand ça disparaît d’un coup, c’est dur.
Ces images sont revenues quand vous avez vu Séville qualifier Rennes cet été ?
Oui, car on mesure le chemin parcouru. Ces échecs vécus nous ont permis d’arriver à ça aujourd’hui. On ne m’enlèvera pas l’idée qu’on apprend de ses échecs. Pour en arriver là, le club a appris de toutes ses déconvenues. Quand Ocampos a marqué, j’ai repensé à ça. Comme quand on a gagné la Coupe de France, j’ai repensé aux défaites dans les finales passées.
On a l’impression que la progression est saine, réfléchie...
La première campagne européenne d’Arsenal et Séville et la victoire en Coupe de France a enlevé un poids à beaucoup de monde. Aux joueurs mais aussi à tout le club et toutes ses composantes. Depuis, le Stade Rennais ne s’interdit rien et continue d’avancer sans complexe. Il y a une évolution depuis trois ans même si on a toujours été un prétendant à l’Europe. Il manquait quelque chose, une étincelle, pour que le club évolue concrètement. C’est ce qu’il s’est passé en 2019. Je ne saurai pas dire quel moment exact où le club a changé. Tout le cheminement y a contribué je pense. Le public aussi, il est extraordinaire depuis quelques années.
Le regard a-t-il changé sur le club ?
Il a fallu un titre pour que l’image du club change. Toutes les désillusions, on les a gommées avec cette Coupe de France. La vision des gens a complètement changé et le projet que le club présente, ça attire aussi des joueurs. La capacité financière, on sait qu’elle est là. L’actionnaire a toujours été présent, même dans les moments un peu plus compliqués.
Julien Stéphan n’est pas étranger à ce changement ?
Il a une part très importante dans ce changement. C’est lui qui manage les joueurs, qui les gère au quotidien. C’est lui qui a construit ce groupe et ces résultats. Il ne faut pas oublier qui venait de l’équipe réserve et qu’il a connu la Nationale 2 et 3. Je crois qu’il a montré qu’il savait s’adapter très très vite. Ça ne lui fait pas peur.
Vous arrêtez votre carrière juste avant la première campagne en Ligue Europa et le titre en Coupe de France. C’est frustrant ?
La frustration est passée. J’ai arrêté il y a presque un an et demi parce que mon corps m’a dit d’arrêter. Je ne pouvais plus continuer. Je suis passé à autre chose. J’ai la chance de travailler au sein de ce magnifique club et de continuer à contribuer à ce qu’il grandisse. Je suis très fier de l’évolution du club. On fait le maximum pour que ça continue. On sait que la régularité, c’est ce qu’il y a de plus important dans le monde sportif.
Quand vous intégrez l’effectif pro en 2006, on parlait déjà d’Europe ?
Oui, on en parlait parce que l’année passée, le club l’avait jouée. Ce sont les matchs face à Osasuna en coupe de l’UEFA. Ce sont des grands rendez-vous dont beaucoup de gens se souviennent. Le club est dans le haut de tableau de la Ligue 1 et veut s’y requalifier. La Ligue des champions, ce n’était encore qu’un rêve.
Si vous deviez garder une image de la Ligue des champions ?
Je dirais la volée de Zidane en finale contre Leverkusen.